Corticoïdes inhalés : y’a un os !!

dimanche 18 mai 2003 par Dr Stéphane Guez2188 visites

Accueil du site > Maladies > Traitements > Corticoïdes inhalés : y’a un os !!

Corticoïdes inhalés : y’a un os !!

Corticoïdes inhalés : y’a un os !!

dimanche 18 mai 2003, par Dr Stéphane Guez

Il semble finalement que la polémique se calme vis-à-vis du fait de savoir si oui ou non les corticoïdes inhalés ont un risque d’action néfaste sur le système osseux : est-il possible maintenant de faire le point sur ce risque de façon impartiale en reprenant toutes les études publiées ?

Effets des corticoïdes inhalés sur le système osseux des asthmatiques et des BPCO : une revue quantitative systématique. : Richy F, Bousquet J, Ehrlich GE, Meunier PJ, Israel E, Morii H, Devogelaer JP, Peel N, Haim M, Bruyere O, Reginster JY. WHO Collaborating Center for Public Heth Aspects of Osteoarticular Disorders, Liege, Belgium dans Osteoporos Int 2003 Apr 23

Les effets délétères des corticoïdes par voie orale sur les os ont été bien documentés, mais restent discutés pour les corticoïdes inhalés (CSI).

 L’objectif de cette étude a été d’analyser les effets des CSI sur la densité minérale osseuse, le risque fracturaire et les marqueurs du métabolisme osseux.

 Méthodologie :
* Les auteurs ont recherché de façon exhaustive toutes les études contrôlées contenant des données pertinentes sur ce sujet, qui ont été revues par un groupe d’experts avec ensuite méta analyse des résultats.
* Les critère d’inclusion étaient : CSI, densité minérale osseuse, fractures et asthme, BPCO et patients sains.
* Les analyses ont été réalisées de façon consécutive, avec une expression des résultats selon une moyenne standardisée par rapport à la taille de l’effectif (ES) avec estimation du risque relatif (RR) et des odd ratio en fonction des différents corticoïdes.
* Les biais possibles ont été pris en compte.

 Résultats :
* 23 études ont été incluses, 11 travaux répondaient aux critères de sélection et ont été inclus pour l’analyse principale.
* Les scores de qualité pour les études randomisées étaient de 80%, 71% pour les études prospectives de cohorte et 78% pour les études rétrospectives et les études transversales.
* Les CSI ont été évalués globalement sur la densité minérale osseuse et les auteurs ont trouvé un effet délétère avec un ES = 0 .61 (p=0.001) pour les sujets sains et ES = 0.27 (p<0.001) pour les patients ayant un asthme ou une BPCO. Pour ces patients l’effet est de 0.21 (p<0.01) au niveau du rachis lombaire, et 0.26 (p<0.001) à la hanche ou à la tête fémorale.
* Une étude a évalué l’impact des CSI sur le risque de fracture de la hanche et a trouvé un risque augmenté avec OR = 1.6 (1.24 ; 2.03). Le risque de fracture lombaire n’est pas statistiquement différent de façon significative : 1.87 (0.5-6.94). L’ostéocalcine et le PIPC sont diminués alors que les taux de ICTP, pyrodinoline et deoxypyridinoline ne sont pas significativement modifiés.
* Le budesonide apparaît comme le CSI donnant le moins d’effets délétères sur les os, suivi par la béclométhasone et la triamcinolone.
* Les études des biais n’ont pas donné de résultats significatifs.

 Conclusion : Dans ce travail de méta analyse, le budésonide à la dose moyenne quotidienne de 686 microg, le dipropionate de beclomethasone à la dose moyenne de 703 microg et la triamcinolone à la dose quotidienne de 282 microg ne provoquent pas d’effet sur la densité minérale osseuse ni sur les marqueurs du métabolisme osseux chez des patients souffrant d’asthme ou de BPCO. Ces données peuvent avoir des implications pratiques dans la prise en charge au long court des patients asthmatiques ou ayant une BPCO.


Dans ce travail, une méta analyse répondant à des critères méthodologiques très stricts, démontre que les corticoïdes inhalés augmentent le risque fracturaire au delà d’une certaine dose qui est inférieure à 1000 microgrammes.

Ce travail est très intéressant et très important.

En effet de nombreux « non dits » on longtemps été la règle en parlant des corticoïdes inhalés, comme si le fait d’évoquer la possibilité d’effets indésirables à long terme était une notion qui ne devait pas être divulguée pour empêcher un risque de sous prescription de ces médicaments.

Il est très clair pour nous que les CSI représentent une avancée considérable dans le traitement de l’asthme, et qu’ils représentent un des piliers de la prise en charge de cette affection. Cependant cela ne doit pas, au contraire, empêcher de bien les connaître pour les utiliser au mieux.

Il est donc important de savoir que les CSI ont une action générale qui n’est pas négligeable sur le métabolisme osseux. Ce fait est à prendre en compte pour rechercher autant que faire se peut la plus petite dose efficace, et doit inciter les thérapeutes à prescrire les thérapeutiques alternatives ou associées qui peuvent permettre d’épargner ces corticoïdes en en potentialisant l’action.

Il est intéressant de connaître que tous les corticoïdes ne sont pas égaux et que certains sont moins à risque que d’autres. Ainsi le budésonide est en bonne position, mais toutes les molécules n’ont pas été testées. D’autre part les doses à partir desquelles un effet osseux est significatif sont différentes selon les CSI.

Il faut donc savoir appliquer ces données, en particulier pour les patients ayant des facteurs de risques osseux associés.

Rechercher

En bref

categories

  Allergenes

  Maladies

  Fonctionnel