Ouvriers métallurgistes : l’assurance d’une retraite eczémateuse à défaut d’être payée ?

samedi 24 mai 2003 par Dr Stéphane Guez1732 visites

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Ouvriers métallurgistes : l’assurance d’une retraite eczémateuse à défaut d’être payée ?

Ouvriers métallurgistes : l’assurance d’une retraite eczémateuse à défaut d’être payée ?

samedi 24 mai 2003, par Dr Stéphane Guez

L’allergie professionnelle est en plein développement et il est impératif de connaître les risques de chaque métier afin de mieux reconnaître cette pathologie, et permettre ainsi le développement de mesures prophylactiques. L’industrie métallurgique augmente-t-elle le risque de développer un eczéma de contact aux métaux ?

Eczéma de contact chez des travailleurs métallurgistes. : Papa G, Romano A, Quaratino D, Di Fonso M, Viola M, Sernia S, Boccia I, Di Gioacchino M, Venuti A, Calvieri S. Servizio Centrale di Medicina del Lavoro e Igiene Industriale, Istituto Poligrafico e Zecca dello Stato, Rome, Italy dans Int J Immunopathol Pharmacol 2000 Jan-Apr ;13(1):43-47

 Objectif de l’étude : Les auteurs ont étudié 150 travailleurs exposés professionnellement aux métaux et aux liquides d’usinage métallique, afin de déterminer la prévalence et la nature de l’eczéma de contact professionnel.

 Méthodologie :
*Un groupe témoin a été composé de 150 personnes travaillant dans des bureaux.
* Des questionnaires ont été remis pour évaluer l’exposition professionnelle et non professionnelle.
* Tous les patients ont eu un examen dermatologique et des patchs-tests avec une batterie standard d’allergènes et avec les extraits des liquides utilisés dans cette usine.

 Résultats :
* 28 travailleurs des métaux (18.6%) présentaient des manifestations dermatologiques mineures essentiellement des mains (versus seulement 2% chez les témoins) ;
* 10 (6.6%) avaient des manifestations majeures (groupe contrôle : 5.5%)
* et 112 (74.8%) n’avaient pas de lésion dermatologique contre 92.6% dans la population témoin.
* Les patch tests positifs ont été trouvés chez 10 travailleurs du métal : 8 avaient des manifestations majeures (6 avec nickel, cobalt et chrome, 1 au nickel et cobalt et 1 au nickel).
* Parmi les témoins, il y avait 3 résultats positifs, tous parmi des patients asymptomatiques.
* Les patch tests réalisés avec les liquides étaient tous négatifs.

 Conclusion : La prévalence de l’eczéma de contact parmi les ouvriers du métal est significativement plus élevée par rapport à la population témoin (p<0.01), et dans tous les cas d’allergie les lésions ont été provoquées par le contact avec les métaux eux mêmes.


Dans cette étude les auteurs déterminent une prévalence plus élevée de l’eczéma de contact aux métaux parmi des ouvriers travaillant dans une industrie métallurgique.

Ce travail est intéressant car il conforte l’idée que le contact prolongé avec un allergène peut augmenter le risque de sensibilisation et d’allergie. Ainsi, les travailleurs de la métallurgie ont bien un risque plus grand de développer un eczéma de contact au nickel, chrome et cobalt.

Il est intéressant de constater qu’il existe aussi des patch tests positifs dans la population témoin mais sans manifestations cliniques.

Est-ce que si ces patients témoins étaient soumis à des métaux de façon quotidienne ils développeraient un eczéma de contact ? Si on avait la réponse à cette question on pourrait développer des tests de pré-embauche par exemple.

Mais il aurait fallu savoir également comment étaient les résultats des tests avant que les ouvriers travaillent dans cette usine, pour faire réellement la part entre « l’inné » et l’acquis. On retrouve ici toutes les difficultés d’interprétation des tests allergologiques.

Enfin on retient que la différence entre population témoin et patients exposés est importante, puisqu’il y a 18% d’ouvriers qui ont plus de lésions dermatologiques par rapport aux témoins.

Reste à savoir si des mesures de prévention sont possibles, lesquelles et en apprécier l’efficacité réelle.

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