Ben nous vl’a bien, l’éosinophile est une cellule qui tousse !!

dimanche 6 juillet 2003 par Dr Stéphane Guez8208 visites

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Ben nous vl’a bien, l’éosinophile est une cellule qui tousse !!

Ben nous vl’a bien, l’éosinophile est une cellule qui tousse !!

dimanche 6 juillet 2003, par Dr Stéphane Guez

Qu’est-ce que la bronchite à éosinophiles ? Cela peut-il donner de la toux ? Comment en fait-on le diagnostic ? Lecteur impatient et curieux, cet article est fait pour toi !!

La bronchite à éosinophiles est une cause de toux chronique : Ayik SO, Basoglu OK, Erdinc M, Bor S, Veral A, Bilgen C. Chest Disease Department, Ege University School of Medicine, Barnova, Turkey dans Respir Med. 2003 Jun ;97(6):695-701.

La bronchite à éosinophiles (BE) est une entité récemment décrite chez les patients ayant une toux chronique, des éosinophiles dans l’expectoration, une spirométrie normale et une absence évidente d’hyperréactivité bronchique.

 Objectif de l’étude  : Évaluer les étiologies de la toux chronique, et estimer la prévalence de la BE dans ces toux chroniques.

 Méthodologie :
* 36 patients (age moyen 45.4 ans +/- 14.3 (16-69 ans)) qui ont présenté une toux chronique isolée pendant plus de 4 semaines, ont été recrutés en consultation externe.
* Pour tous les patients, après un interrogatoire et un examen clinique complet, un comptage des éosinophiles dans le sang, un dosage de l’ECP sérique, une mesure des IgE totales et des IgE spécifiques ont été réalisés.
* Une spirométrie, un test d’hyperréactivité à la métacholine, des tests cutanés, un examen du nez des oreilles et de la gorge, l’induction d’une expectoration et une PHmétrie oesophagienne ont été réalisés.

 Résultats :
* La durée moyenne de la toux est de 31.3 +/- 52.3 mois.
* Une éosinophilie dans l’expectoration supérieure à 3% a été notée chez 12 (33.3%) patients et le diagnostic de BE a ainsi été porté.
* Dans l’expectoration induite, le taux moyen des éosinophiles chez ces patients est de 8.3% avec un taux moyen d’ECP de 98.5 mg/ml, ce qui est plus élevé que chez les autres patients (p=0.003 pour les 2 résultats).
* Le diagnostic étiologique de la toux des patients restants est :
** écoulement nasal postérieur pour 8 patients,
** reflux gastro-oesophagien chez 8 patients,
** toux post-infectieuse chez 2
** et toux équivalente d’asthme pour 1 patient.

 Conclusion  : La bronchite à éosinophiles est une cause importante de toux chronique et doit être recherchée dans le bilan étiologique de patients consultants pour une toux chronique en apparence idiopathique.


Les auteurs démontrent que la bronchite à éosinophiles représente l’étiologie de la toux chronique chez 33.3% des tousseurs chroniques. Le diagnostic est porté sur la présence de plus de 3% d’éosinophiles dans l’expectoration induite, les autres examens étant normaux en particulier les tests d’hyperréactivité bronchique.

Cet article est très intéressant car il porte sur un motif très fréquent de consultation : la toux chronique.

Cette nouvelle entité mérite d’être reconnue puisqu’elle est fréquente, retrouvée chez 33.3% des tousseurs chroniques.

Le diagnostic est relativement facile à faire pour un laboratoire entraîné, puisqu’il consiste à compter les éosinophiles de l’expectoration induite, le diagnostic de bronchite à éosinophiles étant porté lorsque le taux est supérieur à 3% sachant qu’en moyenne il est même de 8%.

Reste à savoir le type de prise en charge thérapeutique le plus indiqué, et la cause de cette éosinophilie.

Il ne semble pas à priori qu’il y ait une analogie avec de l’asthme puisque ces patients ont des tests négatifs en ce qui concerne la spirométrie et l’HRB.

Le traitement repose sur les corticoïdes mais qui auront une prescription courte sans traitement au long cours.

Il est probable que rétrospectivement, de nombreux patients ont eu à tort un diagnostic de toux équivalent d’asthme : chez ces patients ayant très bien répondu aux corticoïdes inhalés avec une spirométrie normale il faudrait évoquer ce diagnostic de bronchites à éosinophiles et rectifier le diagnostic porté d’asthme.

Seules des études sur des patients plus nombreux permettront de réellement apprécier cette nouvelle entité et son implication dans la toux chronique.

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