Bébé n’aime pas le bricolage ? Reste à savoir si c’est du LARS ou du cochon !

samedi 30 août 2003 par Dr Stéphane Guez2138 visites

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Bébé n’aime pas le bricolage ? Reste à savoir si c’est du LARS ou du cochon !

Bébé n’aime pas le bricolage ? Reste à savoir si c’est du LARS ou du cochon !

samedi 30 août 2003, par Dr Stéphane Guez

La mode est au bricolage de son habitat avec la mise à la disposition des courageux de toute une panoplie d’outils et de produits autrefois réservés aux professionnels. Mais ces nombreux produits chimiques (peintures, colles, enduits etc..) ne peuvent-ils pas avoir un effet néfaste sur la santé respiratoire des jeunes enfants à risque ? C’est la question explorée par l’étude LARS.

La rénovation des appartements entraîne une obstruction bronchique chez les enfants à risque atopique ; résultats de l’étude LARS. : Diez U, Rehwagen M, Rolle-Kampczyk U, Wetzig H, Schulz R, Richter M, Lehmann I, Borte M, Herbarth O. Centre for Environmental Research, Department of Human Exposure Research and Epidemiology, Permoser Strasse 15, D-04318 Leipzig, Germany. diez@expo.ufz.de dans Int J Hyg Environ Health. 2003 Jun ;206(3):173-9

Les résultats de certaines études semblent montrer que l’exposition à des émanations de produits chimiques pourrait entraîner des manifestations d’asthme chez les adultes. Dans les premières années de vie, les enfants sont sensibles aux affections bronchiques obstructives.

 L’objectif de l’étude : Les auteurs ont étudié l’influence de la rénovation des appartements sur les manifestations d’asthme chez des enfants durant leurs 2 premières années de vie.

 Méthodologie :
* L’étude LARS (Leipzig Allergy Risk Children Study) est une étude de cohorte qui suit des enfants depuis la naissance avec les critères d’inclusion suivants :
** antécédents atopiques familiaux bilatéraux,
** taux d’IgE totales du cordon > 0.9 kU/L,
** ou poids de naissance bas, compris entre 1.5 et 2.5 kg.
* Dans le contexte de cette étude, 186 parents d’enfants à risque atopique ont répondu à un questionnaire sur les manifestations respiratoires de leurs enfants et sur la rénovation de leurs appartements à la fin de la première et de la deuxième année de vie.

 Résultats :
* Un total de 22% d’enfants a présenté des manifestations obstructives bronchiques au moins une ou plusieurs fois durant la 1° année, et 11% ont eu également ces manifestations pendant la 2° année de vie.
* La rénovation des appartements a une importance significative sur l’apparition d’une affection bronchique obstructive pendant la première année (OR 4.1, IC95% : 1.4-11.9) et dans la 2° année de vie (OR 4.2, IC95% : 1.4612.9). (Le OR a été ajusté sur le taux d’IgE du cordon > 0.9, au poids de naissance inférieur ou égal à 2.5 kg, le sexe mâle, la double hérédité atopique des parents, le tabagisme, la présence d’animaux domestiques, l’humidité).
* Des contaminations multiples sont observées lors des rénovations, avec des expositions additionnelles au tabac, aux animaux domestiques à de l’humidité dans les appartements, entraînant une augmentation du risque d’avoir une affection bronchique lors de la 1° année (OR 9.1, IC95% : 2.3-34.8) ainsi que lors de la 2° année de vie (OR 5.1, IC 95% : 1.6-15.6).

 Conclusions : Ces données suggèrent que la rénovation des appartements est associée au développement d’inflammation aigue, mais pas sous une forme chronique sur les voies respiratoires des enfants à risque atopique. L’exposition à d’autres facteurs associés de l’environnement entraîne des effets plus prononcés.


Dans cette étude épidémiologique, les auteurs démontrent que la rénovation des appartements entraîne, par l’émanation de produits chimiques qu’elle induit, des manifestations respiratoires obstructives chez les jeunes enfants à risque, avec un effet plus grand s’il y a d’autres facteurs de risque dans l’environnement.

Ainsi, les produits employés de plus en plus souvent dans l’habitat entraînent bien des émanations toxiques qui induisent des problèmes bronchiques chez les petits enfants à risque.

Cela confirme donc l’importance majeure de l’environnement dans l’apparition de symptômes respiratoires chez les enfants, et l’intrication avec d’autres facteurs de risque comme la présence d’animaux domestiques, du tabac etc.…

Il faudrait pouvoir disposer d’un test simple pour mesurer la teneur de ces produits toxiques dans les différentes pièces de l’habitat.

Déjà des études ont montré l’importance des émanations d’aldéhydes. Il va donc devenir indispensable d’approfondir le diagnostic allergologique par une étude précise de l’environnement du patient au sein de son habitat.

Cela pourrait permettre un traitement plus étiologique, avec des modifications de l’environnement plutôt que l’administration de médicaments aux enfants.

Il est donc indispensable de faire d’autres études, en particulier pour définir les activités à proscrire dans un intérieur qui doit protéger un enfant à risque allergique.

Donc papa « poète » qui préfère bercer son bébé plutôt que de bricoler l’évier ou la salle de bain : votre attitude est médicalement correcte, surtout n’en changez pas.

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