De plus en plus en fort, l’allergie au bouleau sans bouleau !

dimanche 12 octobre 2003 par Dr Alain Thillay23041 visites

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De plus en plus en fort, l’allergie au bouleau sans bouleau !

De plus en plus en fort, l’allergie au bouleau sans bouleau !

dimanche 12 octobre 2003, par Dr Alain Thillay

L’allergie au pollen de bouleau est très fréquente. Les auteurs italo-autrichiens de cette étude se sont interrogés sur la sensibilisation aux pollens d’arbres de l’ordre des Fagales dans des zones géographiques exemptes de bouleau. Quelles sont les molécules qui sous-tendent cette réactivité croisée ? Conséquences…

Sensibilisation aux pollens de Fagales dans les zones sans bouleau : étude respiratoire de cohorte utilisant des extraits de pollens de Fagales et les allergènes recombinants de bouleau (rBet v 1, rBet v 2 et rBet v 4). : Mari A, Wallner M, Ferreira F.

Allergy Unit, National Health Service, Rome, Italy Department of Genetics and General Biology, University of Salzburg, Salzburg, Austria.

dans Clin Exp Allergy. 2003 Oct ;33(10):1419-28

 CONTEXTE.
* L’allergie au bouleau est une des pollinoses bien connue dans les zones géographiques ayant de hauts niveaux de pollen de bouleau.
* Peu de chose est connu concernant la sensibilisation au bouleau dans les zones non exposées au pollen de bouleau et la réactivité au bouleau en relation avec l’ordre des Fagales.

 OBJECTIF. Le but était d’évaluer la réactivité aux Fagales dans une population non exposée au pollen de bouleau dans le cadre d’une approche épidémiologique, diagnostique et de laboratoire aux moyens d’extraits et de molécules allergéniques.

 METHODES.
* Une cohorte de 5335 patients présentant une allergie respiratoire a été expertisée au moyen de tests cutanés avec des extraits de pollen de bouleau, de noisetier et de chêne.
* Les patients provenaient des zones sans bouleau, mais exposés à des pollens d’autres espèces de fagales.
* Un sous-ensemble de patients provenait d’une zone d’intense culture de noisetier.
* Un échantillon d’une population allergique aux fagales a été testé avec d’autres extraits de pollens (aulne, charme, hêtre, châtaignier) et avec la pomme et la noisette.
* La recherche d’IgE a été pratiquée à l’aide d’extraits pour le bouleau, le noisetier, le chêne, la pomme et la noisette, et, à l’aide de Bet v 1, Bet v 2 et Bet v 4 et broméline.
* Des immunoblots IgE ont été mis en œuvre à l’aide d’extraits de bouleau et de noisetier.
* Les données épidémiologiques, cliniques et de laboratoire ont été analysées par stratification de la population.

 RESULTATS.
* Une cohorte de vingt-cinq pour cent des patients allergiques aux pollens avaient des tests cutanés positifs à au moins une des trois espèces de Fagales.
* La réactivité combinée à ces trois espèces était enregistrée chez 80% de cette cohorte.
* La réactivité isolée au noisetier était retrouvée chez 13,5% des patients allergiques aux Fagales.
* Soixante-six pour cent des ces sujets provenaient de zones géographiques de forte densité de noisetiers.
* La réactivité à la pomme et à la noisette était détectée par tests cutanés dans 40% des cas et par IgE spécifiques dans 60% des cas, mais seulement 19% de ces patients positifs rapportaient des symptômes en rapport avec la prise d’au moins un de ces deux aliments.
* Dans le groupe de co-réactivité aux pollens de bouleau, de noisetier et de chêne, la réactivité à Bet v 1 était enregistrée chez 84% d’entre eux, et, dans 28% des sujets ayant la même co-réactivité, mais associée à de multiples sensibilisations polliniques.
* Les IgE spécifiques de Bet v 2 (50%) et Bet v 4 (23%) étaient positifs dans le dernier de ces deux sous-ensembles.
* La prévalence de la réactivité à l’encontre de Bet v 1 se situait entre 21 et 48% dans le sous-groupe de patients venant de différentes zones géographiques.
* De plus, une réactivité des IgE spécifiques restreinte à la noisette était observée parmi les sujets provenant de la même région et ayant une réactivité isolée au pollen de noisetier.

 CONCLUSION.
* L’allergie aux Fagales peut être trouvée dans les zones géographiques sans bouleau du fait de l’exposition à d’autres espèces de Fagales.
* Les allergènes du bouleau peuvent pleinement être utilisés en tant qu’extrait allergénique, mais, être aussi les outils exclusifs pour un diagnostic fin et une approche épidémiologique de l’allergie aux pollens de Fagales.
* Les molécules allergéniques de la famille du noisetier augmenteront l’éventail de réactogènes disponibles pour une approche moléculaire du diagnostic de l’allergie et de son traitement.


Tout d’abord un petit rappel de botanique, l’ordres des Fagales se divisent classiquement en trois sous-ordres :
* Fagaceae : hêtre, chêne, châtaignier
* Bétulaceae : bouleau, aulne, noisetier
* Casuarinales : casuarina.

Ici, les auteurs utilisent en tant que marqueurs de l’allergie dans le cadre de l’ordre des Fagales, le bouleau, le noisetier et le chêne.

Il s’agit d’une étude autrichienne et italienne sur une grande cohorte de départ de 5335 polliniques dont 25% (1334 patients) sont réactifs à au moins une des trois espèces sélectionnées.

Tous ces patients avaient été choisis sur le fait qu’ils vivaient en zones exemptes de bouleau.

Tout de suite, il me vient une question. Certes, ces patients vivent en zone géographique où ne poussent pas de bouleaux, mais, sont-ils pour autant non exposés à ses pollens. En effet, il est bien connu que le pollen de bouleau est petit et très léger et peu parcourir de grandes distances sous l’effet du vent. Il faudrait donc lire le texte complet de cette étude pour se faire une idée précise. Les auteurs ont-ils vérifié à l’aide de capteurs de pollens l’absence de pollen de bouleau dans les secteurs géographiques sans bouleau ?

Toutefois, on peut penser que les patients ont été recrutés en Italie dans des régions où ne pousse pas le bouleau. Le bouleau est un arbre septentrional.

Dans 80% des cas de cette cohorte les patients ont une réactivité combinée aux trois arbres sélectionnés de l’ordre des Fagales : bouleau, noisetier et chêne. Le dénominateur commun de cette réactivité combinée semble bien être Bet v 1 puisque 84% d’entre ces patients y sont réactifs.

En outre, les patients ayant une réactivité isolée à la noisette, ne réagissent souvent qu’au pollen de noisetier. Ce qui semble indiquer dans ce cas, que l’allergène en cause est autre qu’un Bet v 1-like.

Ce travail rappelle donc qu’en première approche, dans le cadre d’un bilan allergologique, le test cutané bouleau est suffisant pour le diagnostic d’une allergie aux pollens de Fagales auquel il faut ajouter un test cutané au noisetier qui semble un cas particulier.

C’est ce que l’Allergologue sur le terrain remarque tous les jours, si le test au pollen de bouleau est positif celui aux Fagacées (chêne, châtaignier, hêtre) l’est aussi.

Et bien sûr, conséquence thérapeutique, pour une désensibilisation dans ce cas, il suffit de désensibiliser avec un extrait pollen de bouleau uniquement.

Par contre, personnellement, je ne faisais pas de distinguo pour ce qui concerne l’allergie noisette/noisetier. Il sera donc intéressant d’intégrer systématiquement le pollen de noisetier dans la batterie de tests cutanés de première approche.

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