Focus sur les interrelations entre prescriptions d’antibiotiques et risque d’atopie, asthme et rhume des foins : la montagne accoucherait-elle d’une souris ?

jeudi 15 janvier 2004 par Dr Dominique Marchand1723 visites

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Focus sur les interrelations entre prescriptions d’antibiotiques et risque d’atopie, asthme et rhume des foins : la montagne accoucherait-elle  d’une souris ?

Focus sur les interrelations entre prescriptions d’antibiotiques et risque d’atopie, asthme et rhume des foins : la montagne accoucherait-elle d’une souris ?

jeudi 15 janvier 2004, par Dr Dominique Marchand

Le rôle des prescriptions précoces d’antibiotiques a parfois été mis en avant comme facteur de risque pour l’asthme, l’eczéma, le rhume des foins. Une équipe de médecins épidémiologistes s’est livrée à un véritable audit de ce risque au sein d’une cohorte d’adultes dument suivis depuis l’enfance et nous livre son analyse

Les prescriptions précoces d’antibiotiques et le risque de maladie allergique à l’age adulte : une étude de cohorte : P Cullinan, J Harris, P Mills, S Moffat, C White, J Figg, A Moon and A J Newman Taylor

Department of Occupational and Environmental Medicine, Imperial College School of Medicine at the National Heart and Lung Institute, London, UK

dans Thorax 2004 ;59:11-15

 Contexte : il est régulièrement allégué que les prescriptions d’antibiotiques dans l’enfance sont associées au développement de la maladie allergique, particulièrement l’asthme. Cette étude a été mise en place afin d’établir la réalité ou sens de cette relation.

 Méthodes  :

  • une étude rétrospective de cohorte portant sur 746 adultes fut mise en place dans 3 centres de médecine générale.
  • Les prescriptions d’antibiotiques au cours de 5 premières années de vie, relevées à partir des comptes rendus médicaux contemporains des consultations, furent confrontées aux cas d’asthme et de rhume des foins auto rapportés ainsi qu’aux résultats des prick tests aux aeroallergènes courants.

 Résultats  :

  • il n’y avait pas de relation entre les prescriptions d’antibiotiques et l’atopie, tant pour l’utilisation des antibiotiques dans leur l’ensemble (OR 1.01) que pour ceux prescrits à des ages différents.
  • Les associations significatives pour les prescriptions à 4 et 5 ans d’age et le rhume des foins (OR 1.23 et 1.16, respectivement) furent expliquées par un asthme
    concomitant.
  • Les relations entre l’utilisation d’antibiotiques et l’asthme (de type allergique ou autre) étaient statistiquement significatives et confortées par une prescription croissante avec l’age, mais étaient aussi largement restreintes aux antibiotiques prescrits pour des symptômes d’origine respiratoire basse.

 Conclusion  : les associations décrites concernant l’utilisation d’antibiotiques dans l’enfance et l’asthme sont plus probablement expliquées par une « relation de causalité inverse », des prescriptions ayant tendance à être rédigées pour les manifestations précoces d’un asthme sous jacent.


Cette étude s’ est donc fixée comme objectif la recherche d’un lien de causalité, parfois allégué par d’autres équipes de médecins épidémiologistes, entre les prescriptions précoces d’antibiotiques (avant 5 ans) et l’atopie au sens large, le rhume des foins, l’asthme allergique ou non, à l’age adulte.

Si l’on considère comme atopique les sujets adultes possédant des tests cutanés positifs à au moins un pneumallergène, les auteurs démontrent l’absence de relation significative permettant de rejeter un lien de causalité.

Si l’on s’intéresse aux sujets déclarant être porteur d’un rhume des foins, il existe une relation significative, laquelle peut être expliquée par un asthme coexistant, d’autant qu’il est également décrit une relation significative entre les prescriptions d’antibiotiques et l’asthme mais complètement biaisée dans la mesure où les symptômes d’asthme peuvent être confondus avec des symptômes d’infection respiratoire basse.

La quantification des prescriptions d’antibiotiques, dont ceux à tropisme respiratoire, donne une image en miroir du statut d’asthmatique ; il ne faut pas confondre cause et conséquence ce que les auteurs anglo saxons décrivent comme « reverse causation ».

Pour mémoire, l’importance des articles et commentaires référencés consultables sur le site www.allergique.org permet aujourd’hui au lecteur intéressé par le sujet une approche didactique, en dehors de toute outrecuidance pamphlétaire.
Ainsi je recommande de parcourir 2 articles mettant en balance les arguments Pro & Con vis à vis du risque d’asthme, rhume des foins, eczéma.

 le 1er sous la plume du Dr. Stéphane Guez : « Antibiotiques et allergie : il ne faut pas soigner les femmes enceintes » à propos de l ‘article original paru dans Am J resp Crit Care Med 2002 Sep15 ; 166(6) :827-32.

Dans cet article, les auteurs originaires de Nottingham allèguent une augmentation du risque en fonction de l’exposition prénatale aux antibiotiques et aux infections (sic !), en utilisant la base de données de la West Midlands General Practice Research (24690 enfants).

 le 2ème sous la plume du dr. Alain Thillay : « Toute la vérité sur les antibiotiques et le risque allergique ! »à propos de l’article paru dans Clin Exp Allergy. 2003 Nov, 33(11) :1518-25.

Ici les auteurs londoniens récusent toute implication des antibiotiques pendant la première année en exploitant une vaste base de données (116 493 patients dont 7098 présentant un rhume des foins) avec une méthodologie plus rigoureuse (étude cas témoin, régression logistique) et surtout en intégrant la fréquence des consultations très variable en fonction des familles, paramètre non pris en compte dans la précédente étude.

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