Urticaire et voyance : comment lire l’avenir dans la papule...

jeudi 15 juillet 2004 par Dr Stéphane Guez5042 visites

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Urticaire et voyance : comment lire l’avenir dans la papule...

Urticaire et voyance : comment lire l’avenir dans la papule...

jeudi 15 juillet 2004, par Dr Stéphane Guez

L’urticaire chronique est une affection très invalidante et déprimante pour les patients atteints, en raison surtout de la durée de cette affection mais aussi de sa résistance aux traitements. Est-il possible cliniquement de prédire la durée de cette affection chez un patient donné, et cela modifie t-il sa prise en charge thérapeutique ?

Paramètres cliniques et de laboratoires prédictifs de la durée d’une urticaire chronique : une étude prospective de 139 patients. : E. Toubi1, A. Kessel1, N. Avshovich1, E. Bamberger1, E. Sabo1, D. Nusem2, J. Panasoff2

1Division of Allergy and Clinical Immunology, Bnai-Zion Medical Center, Faculty of Medicine, Technion ; 2Lin Medical Center, Clalit Health Services, Haifa, Israel

dans Allergy 59 (8), 869-873

 Introduction :

  • En dépit de la nature handicapante de l’urticaire chronique (UC), on a peu de données sur la durée de cette affection et l’efficacité de mesures thérapeutiques agressives comme la mise sous cyclosporine A.

 Objectif de l’étude :

  • Évaluer si des paramètres comme l’angio-œdème, le test au sérum autologue, les Anticorps anti-thyroïdiens et le taux des IgE totales peuvent prédire la durée et la sévérité de l’UC.

 Méthodologie :

  • 130 patients souffrant d’une UC ont été suivis de façon prospective pendant une durée de 5 ans pour apprécier la durée de l’affection, sa sévérité et la présence d’angio-œdème.
  • L’association entre ces paramètres cliniques et les résultats du test au sérum autologue, aux taux des Ac anti-thyroïdiens et au taux des IgE totales a été étudiée.

 Résultats :

  • L’UC dure plus d’1 an dans plus de 70% des cas et dans 14% des cas il existe encore après 5 ans.
  • L’angio-œdème coexiste initialement ou apparaît au cours de l’évolution dans 40% des cas et il est associé à la durée de l’affection.
  • Les tests au sérum autologue et les Ac anti-thyroïdiens sont positifs respectivement chez 28% et 12% des patients par rapport à aucun positif chez les patients normaux (p=0.001).
  • La durée de l’UC est associée à la présence à la fois d’un test positif au sérum autologue et d’anticorps anti-thyroïdiens. Cependant, ces 2 paramètres ne sont pas associés à la sévérité de l’affection.

 Conclusions :

  • Les auteurs démontrent pour la première fois que la durée de l’UC est associée à des paramètres cliniques comme la sévérité de l’affection et la présence d‘angio-œdème, ainsi qu’à des paramètres biologiques comme le test au sérum autologue et les Ac anti-thyroïdiens.
  • La capacité à prédire la durée d’une UC peut faciliter les décisions concernant une prise en charge rapide par des médicaments comme la cyclosporine A dans l’objectif de réduire la sévérité et la durée de l’UC.

Dans ce travail clinique les auteurs confirment la durée longue de l’UC chez 40% des patients. Pour la première fois il est montré une association entre la durée prolongée de l’urticaire et la présence d’angio-œdème, de tests positifs au sérum autologues et à la présence d’un taux positif d’anticorps anti-thyroïdiens.

Ce travail est très intéressant à priori, car l’urticaire chronique est une affection très invalidante et qui devient extrêmement fréquente. Une conférence de consensus récente a montré qu’il fallait considérer cette affection comme une maladie urticarienne dans la grande majorité des cas, et comme un syndrome urticarien chez seulement un petit nombre de patients.

Maladie urticarienne signifie que le mécanisme de l’affection est du à une anomalie encore inconnue des mastocytes et qu’il n’y a pas lieu de faire des explorations complémentaires.

Le terme de syndrome s’applique aux cas ou l’urticaire n’est que le symptôme d’une autre affection en particulier auto-immune, ou allergique ou infectieuse.

Pour le patient, le problème principal est d’ordre thérapeutique. Il faut mettre en balance la sévérité de l’affection et les risques d’un traitement chronique.

Pouvoir connaître à l’avance la durée probable de l’urticaire chronique pourrait bien entendu permettre de choisir plus facilement des thérapeutiques dites agressives.

Dans ce travail les auteurs montrent un lien entre la durée de cette affection et la présence d’angio-œdème, d’un test positif au sérum autologue et la présence d’Ac anti-thyroïdien.

Cependant il n’y a pas de lien avec la sévérité de l’affection. Mais pour choisir la thérapeutique c’est cependant la gravité des manifestations qui va être importante plus que la durée.

Si une UC est bien contrôlée par un anti-histaminique, il n’est pas nécessaire d’envisager des traitements plus agressifs dont rien ne prouve qu’ils feraient disparaître définitivement l’urticaire.

Par contre cela pourrait être intéressant pour les patients qui résistent aux traitements habituels. En fait, les paramètres positifs concernant le test cutané et la Ac anti-thyroïdiens montrent qu’il existe chez ces patients un phénomène auto-immun qui, indépendamment de la durée de l’affection, justifie des thérapeutiques dites immunosuppressives, les autres traitements étant classiquement totalement inefficaces.

Ce travail, finalement, n’apporte donc pas vraiment quelque chose de nouveau, d’autant que le test au sérum autologue n’est plus vraiment pratiqué actuellement.

Cette étude confirme la durée longue de ces urticaires chroniques, mais cela on le sait hélas depuis longtemps et les patients aussi.

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