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Chaud printemps pour les allergiques aux herbacées qui n’aiment pas le bouleau !!
samedi 5 février 2005, par
La pollinose est une affection banale mais invalidante surtout s’il existe une allergie croisée alimentaire. On connaît mal le profil de sensibilisation des patients vis-à-vis des pollens ainsi que la conduite à tenir lorsque l’on découvre une sensibilisation croisée alimentaire. Comment identifier le patient réellement à risque ?
Profil des anticorps et symptômes auto-rapportés dans les allergies alimentaires croisées avec les pollens, chez des patients allergiques aux pollens d’herbacés dans le Nord de l’Europe. : N. Ghunaim1,2, H. Grönlund1, M. Kronqvist1, R. Grönneberg3, L. Söderström4, S. Ahlstedt2,4,5, M. van Hage-Hamsten1
1Department of Medicine, Clinical Immunology and Allergy Unit, Karolinska Institutet and University Hospital, Stockholm, Sweden ; 2Centre for Allergy Research, Karolinska Institutet and 3Division of Respiratory Medicine, Karolinska Institutet and University Hospital, Stockholm, Sweden ; 4Pharmacia Diagnostics AB, Uppsala, Sweden ; 5Institute of Environmental Medicine, Karolinska Institutet, Stockholm, Sweden
dans Allergy 60 (2), 185-191
– Introduction :
- La plupart des études sur les allergies alimentaires croisées avec les pollens se sont surtout focalisées sur l’association entre pollens de bouleau/herbacées et allergènes alimentaires d’origine végétale.
– Objectif de l’étude :
– Le but de ce travail a été :
- de préciser le spectre des allergènes de patients allergiques aux pollens de graminées et habitant le Nord de l’Europe
- et de corréler les résultats aux antécédents cliniques d’allergies croisées alimentaires.
– Méthodologie :
- 58 patients ayant une allergie aux pollens de graminées ont répondu à un questionnaire portant sur l’allergie alimentaire.
- Des échantillons de sang ont été prélevés afin de les tester contre un large éventail d’allergènes polliniques et d’aliments d’origine végétale ou non, en utilisant des extraits allergéniques bruts, recombinants, ou des allergène natifs.
– Résultats :
- 3 groupes différents de patients ont été identifiés à partir du profil des spécificités anticorps IgE :
- un groupe allergique seulement aux pollens de graminées(19%)
- un groupe allergique aux graminées et aux arbres (29%)
- et un groupe allergique aux graminées, aux arbres et aux composés (panallergique) (48%).
- Aucune sensibilisation à Bet v 1 ainsi ni d’IgE contre des allergènes alimentaires d’origine végétale n’a été observée dans le groupe allergique seulement aux graminées.
- Par contre, presque tous les patients dans les 2 autres groupes ayant une sensibilisation associée aux arbres ,ont des IgE contre Bet v 1, ce qui explique la fréquence élevée des réactions indésirables aux aliments qui croisent avec les pollens de bouleau chez ces patients.
- Seulement quatre patients, appartenant au groupe 3, ont des IgE à la profiline Phl p 12/Bet v 2.
- Ces patients du groupe 3 ont significativement plus de manifestations cliniques aux allergènes alimentaires par rapport aux patients des 2 autres groupes.
- Le symptôme le plus souvent rapporté est le syndrome oral.
– Conclusion :
- La sensibilisation unique est rare chez les patients allergiques aux pollens de graminées dans le Nord de l’Europe.
- La majorité des patients ont en plus une sensibilisation aux pollens de bouleau (Bet v 1), qui semble être étroitement liée à leurs allergies croisées alimentaires.
- Cette étude met en lumière les avantages d’utiliser des molécules allergéniques bien définies pour le diagnostic de l’allergie croisée entre les allergènes alimentaires et les allergènes polliniques.
Dans ce travail, les auteurs explorent les réactivités croisées dans un groupe de patients allergiques aux graminées. La mono sensibilisation est rare et ne s’accompagne pas d’allergie alimentaire. S’il existe une sensibilisation associée au bouleau et aux composés il y a des allergies croisées symptomatiques.
Ce travail est très intéressant dans le fond et la forme.
Il y a finalement peu de travaux sur l’allergie pollinique autour du diagnostic clinique de ces affections. En pratique quotidienne on voit souvent des patients qui ont une allergie avec de manifestations très limitées dans le temps mais avec des sensibilisations multiples. Ce travail donne une idée des allergies croisées à la fois aux autres pollens et aux aliments d’origine végétale.
Ainsi il existe pour une même allergie aux graminées, 3 sortes de patients :
- ceux qui sont sensibilisés seulement aux graminées et qui n’ont pas d’allergie croisées associées et aucune manifestation allergique liée à des aliments,
- et 2 groupes ayant des allergies croisées, l’un aux pollens de bouleau et l’autre à la fois aux pollens de bouleau et aux composées.
C’est dans ces 2 groupes que l’on trouve des allergies croisées alimentaires, et dans le 3ème qu’il y a le plus de manifestations cliniques avec un syndrome oral lors de l’ingestion alimentaire qui croise avec les pollens.
Sur le plan des tests cliniques, c’est également dans ce dernier groupe de patients que l’on trouve des IgE contre les allergènes communs comme la profiline, avec un lien positif sur le risque d’avoir des manifestations cliniques de ces allergies croisées.
Ainsi, il existe un profil de réponses, variable pour des patients exposés à un même allergène.
Les allergies croisées observées sont secondaires à une sensibilisation vis-à-vis d’un allergène commun à différentes plantes et aliments d’origine végétale. Faire des tests avec les allergènes recombinants permet de dépister les patients à risque d’une allergie croisée alimentaire.
Il faudrait donc commencer à inclure dans notre pratique l’utilisation des recombinants, soit en tests cutanés soit en IgE spécifiques.
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