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AAAAI 2006 : Le congrès du Dr Hervé Masson
lundi 6 mars 2006, par
Présentation de posters le premier jour, symposium sur l’intérêt du NO exhalé et encore les posters.
Posters vendredi 3 mars
Mesure automatisée des prick-tests cutanés
S Wührl, Vienne, Autriche
Les auteurs ont étudié la mesure objective de la papule des tests cutanés par un système informatique.
Ils entouraient la papule des tests cutanés et reportaient le dessin sur un papier adhésif. Ils ont scanné ensuite ce dessin pour en mesurer les dimensions.
Dans une étude pilote, ils ont comparé chez 12 volontaires sains la réalisation de tests cutanés de dilutions croissantes d’histamine sur les avant-bras des deux cotés.
Ils ont montré qu’il existait une très forte variabilité intra-individuelle prouvée par cette technique informatisée.
En effet, les prick tests n’ont pas la réputation d’être quantitativement reproductibles.
Ces auteurs ont démontré qu’il est illusoire de vouloir par exemple évaluer la diminution d’une sensibilisation par la surveillance des prick tests : en effet, leur variabilité est déjà importante chez le même patient à des moments différents et selon le bras de réalisation du test.
Évaluation des IgE spécifiques aux aliments dans les sera avec hyper-IgE.
J. Popov, San Juan Capistrano, CA
Les auteurs se sont intéressés à la présence d’IgE spécifiques aux allergènes alimentaires les plus fréquents et à la pénicilline G dans les sera où le taux d’IgE totales est élevé (>500 kU/L).
- 85 % avaient au moins une IgE spécifique alimentaire positive,
- parmi ces sera, 88 % avaient une augmentation pour plus d’une IgE spécifique alimentaire et 4 sera réagissaient à tous les allergènes alimentaires testés.
Les auteurs concluent que le taux d’IgE totales devrait être mesuré en même temps que la recherche d’IgE spécifiques aux aliments.
En dehors des cas d’histoire clinique évocatrice et d’épreuve de provocation orale, la présence d’un taux élevé d’IgE spécifiques alimentaires doit être interprété avec prudence dans ces conditions.
Voici une étude rassurante car elle reflète notre attitude prudente face à un résultat d’IgE spécifiques élevé lorsqu’il existe un taux d’IgE circulant très important.
Même lorsque les IgE spécifiques aux aéroallergènes sont très augmentées, je reste très circonspect lorsque je trouve une sensibilisation biologique à un aliment qui n’était pas évidente cliniquement.
Âge de survenue de l’exposition aux céréales alimentaires et risque d’allergie à la farine.
J. A. Poole, Denver, Colorado,
L’exposition précoce aux aliments solides chez le nourrisson a été associée à l’apparition d’une allergie.
Le but de l’étude était d’examiner l’association entre l’introduction de céréales (blé, riz, seigle) dans le régime du nourrisson et le développement d’une allergie à la farine.
– L’étude a porté sur 1612 enfants inclus à la naissance et suivis jusqu’à un âge moyen de 4.7 ans.
– Un questionnaire a permis de recueillir les données sur l’alimentation.
– Les parents déclaraient la sensibilisation à la farine de blé.
– Des IgE spécifiques ont été réalisées chez tous les enfants déclarés comme allergiques à la farine.
– 16 enfants (1%) ont été déclarés comme allergiques à la farine de blé,
– Les enfants qui étaient exposés à la farine après l’âge de 6 mois avaient un risque accru d’allergie (OR : 4.0 ; IC 95% : 1.25-12.78) comparativement à ceux qui ont été exposés avant l’âge de 6 mois.
– Sur les 4 enfants ayant un taux augmenté d’IgE spécifiques à la farine de blé, tous avaient été exposés après l’âge de 6 mois.
Les auteurs concluent que retarder l’introduction de la farine de céréales chez les nourrissons après 6 mois est un facteur de risque d’apparition d’une allergie.
Cette étude est intéressante car elle va à l’encontre de ce que nous conseillons habituellement : diversifier le plus tard possible l’alimentation des nourrissons et retarder l’introduction de tout allergène potentiel.
Il semble donc qu’il est plutôt déconseillé de retarder l’introduction de la farine de céréales après 6 mois.
Bon à savoir...
Réaction immédiate après ingestion de champignons cuits
C. Inmaculada, Madrid, Spain,
Les spores fongiques sont connues pour leur responsabilité dans les allergies respiratoires, mais il n’existe que très peu de publications sur les réactions allergiques après ingestion de champignons.
Les auteurs exposent le cas de 3 patients qui ont réagi immédiatement après la consommation de Agaricus campestris et pleorotus.
Les tests cutanés aux aéroallergènes perannuels et saisonniers, avec les champignons crus et cuits, des IgE totales et spécifiques ont été réalisés.
Les prick tests réalisés avec les champignons eux-mêmes ont été positifs chez tous les patients qui ont réagi, ainsi que les tests à cladosporium, penicillium, alternaria et aspergillus. Les autres aéroallergènes ont été négatifs.
Il existait aussi des IgE spécifiques pour alternaria, cladosporium, penicillium, aspergillus et agaricus campestris.
Ces 3 patients présentaient donc une allergie à des champignons et une réaction croisée aux moisissures atmosphériques.
Observation sur une allergie croisée entre champignons alimentaires et moisissures inhalées.
Faut il rechercher à l’avenir une sensibilisation alimentaire aux champignons lorsque nous retrouvons une sensibilisation aux moisissures aéroportées ?
Épreuve de provocation orale alimentaire en cas d’IgE spécifiques indétectables.
S. Desai, Chicago
Le dosage des IgE spécifiques est utilisé pour prédire la réaction pouvant survenir durant une épreuve de provocation orale.
Cependant, même en l’absence d’IgE spécifiques, certains enfants réagissent lors de l’épreuve de provocation. Les auteurs se sont intéressés aux caractéristiques de ces réactions.
– Des réactions sont survenues dans 12.5 % des tests de provocation chez des enfants qui avaient une négativité des IgE spécifiques,
– Ces réactions sont survenues pour :
- 14% des challenges à l’œuf,
- 6 % pour le lait de vache,
- 25 % pour l’arachide,
- 33% du soja,
- 0 % des fruits de mer.
Les auteurs n’ont pas retrouvé de facteur prédictif permettant de savoir quel patient va réagir à l’épreuve de réintroduction alors qu’il n’a pas d’IgE spécifique à l’aliment.
12.5 % des enfants n’ayant pas d’IgE spécifiques contre l’aliment suspecté réagissent pourtant de manière immédiate lors de l’épreuve de réintroduction ; ce nombre atteint même 25 % des enfants pour l’arachide.
La clinique et les tests cutanés restent donc très importants pour tenter de prédire une éventuelle réaction au moment de l’épreuve de provocation.
La négativité absolue du dosage d’IgE laisse donc la place à un nombre conséquent de vraies allergies.
Avantages et limitations de la mesure du NO exhalé (eNO) dans l’évaluation de la sévérité de l’asthme, son évolution et son traitement
Stanley J. Szefler MF, Denver, Colorado,
– le eNO est augmenté dans l’asthme :
- le niveau de eNO est élevé dans l’asthme et dans une moindre mesure dans l’atopie,
- le eNO est grossièrement corrélé avec l’inflammation éosinophilique,
– le eNO est normal ou bas dans les autres maladies obstructives pulmonaires
L’auteur a présenté deux études récentes démontrant l’intérêt diagnostique du eNO.
– Le dosage de eNO aurait une spécificité (80 - 90 %) et une sensibilité (30 %) supérieures à l’épreuve de réversibilité après bêta² mimétiques.
- si le patient suspect d’asthme a un taux élevé de eNO, le diagnostic est posé ;
- si le patient a un taux bas, le diagnostic peut être écarté
- pour les taux intermédiaires, une épreuve à la métacholine est nécessaire.
– Une étude portait sur 256 adultes suspects d’asthme. 180 ont eu un diagnostic d’asthme posé sur une épreuve de provocation à la métacholine.
- le eNO moyen était de 25 ppb chez les asthmatiques contre 11 ppb chez les non-asthmatiques,
- 16 ppb était la valeur permettant une spécificité de 90 % et une valeur prédictive positive (PPV) de 90 %
- la meilleure spécificité (80 %) et sensibilité (85%) était atteinte pour un eNO de 13 ppb.
- si le eNO est inférieur à 8 ppb, l’asthme est improbable ; supérieur à 18 ppb, l’asthme est très probable.
– Le eNO peut donc être un outil diagnostique permettant de trier les patients suspects d’asthme.
Il est aussi intéressant de comparer le eNO aux techniques conventionnelles de diagnostic de l’asthme.
- le dosage du eNO et la mesure de l’éosinophilie de l’expectoration sont supérieures aux techniques conventionnelles de diagnostic de l’asthme. Le dosage de l’eNO est plus intéressant car plus rapide.
La mesure du NO exhalé peut aussi servir à évaluer le contrôle de l’asthme :
- bon contrôle : eNO 11 ppb
- contrôle acceptable : eNO 15 ppb
- contrôle inacceptable : eNO 20 ppb.
De la même manière, l’eNO reflète la sévérité de la maladie asthmatique :
- 30 enfants asthmatiques ont été étudiés et leur asthme classé selon les critères NHLBI.
- l’eNO était corrélé avec la sévérité de la maladie, l’adhérence au traitement et le contrôle.
- le VEMS, quant à lui était corrélé au contrôle mais pas à la sévérité ni à l’adhérence.
Une étude a aussi montré que lorsque l’on compare des asthmatiques dont le traitement par corticoïdes inhalés est adapté par la mesure du eNO à des patients équilibrés uniquement sur des critères cliniques, le groupe eNO montre une diminution de 49.5 % des exacerbations par rapport à l’autre groupe.
Après avoir démontré les avantages de cette technique, il faut dire quelles en sont les limitations actuelles :
- le coût encore élevé,
- cette technique peut être réalisée après l’âge de 5 ans.
Le dosage du NO exhalé est en effet une technique séduisante mais qui, pour l’instant, reste encore du domaine de la recherche.
Notre orateur semble pourtant convaincu qu’il s’agit d’une technique d’avenir.
Comparaison des symptômes asthmatiques et allergiques chez les coureurs amateurs et les athlètes olympiques
C.C. Randolph, Waterbury
Les objectifs de cette étude était de comparer les symptômes et la consommation médicamenteuse chez des amateurs et des sportifs de haut niveau..
482 coureurs de loisir ont renseigné un questionnaire portant sur :
- les symptômes d’allergie et d’asthme,
- le retentissement sur le travail et la scolarité.
Ils ont été comparés à des athlètes olympiques.
Les coureurs amateurs avaient une fréquence plus importante que les athlètes de :
- sifflements respiratoires,
- prurit oculaire et nasal,
- rhinite,
- asthme
Cette présentation porte sur un grand nombre de sujets et il est difficile de comprendre le mécanisme expliquant cette différence.
Il est tout de même intéressant de se souvenir que les coureurs sont susceptibles d’augmenter leurs symptômes allergiques.
Amélioration des symptômes et de la fonction respiratoire des patients asthmatiques par la prise régulière de jus de tomates
N. Tamura, Tochigi, Japon
Les auteurs de cette étude avaient constaté auparavant une diminution du taux de lycopène sérique chez les patients souffrant d’asthme. Ils ont donc poursuivi dans cette voie en regardant si la prise quotidienne de jus de tomate, riche en lycopène, pendant 12 mois avait une influence sur l’asthme.
36 patients ont été inclus, 26 ont poursuivi la prise matin et soir de 160 g de jus de tomate pendant un an.
- amélioration de la moyenne du débit de pointe,
- diminution de la variabilité journalière du débit de pointe,
- la plupart des patients ont vu une amélioration de la CV et du VEMS significative.
Après les plantes chinoises, voici le nouveau traitement antiasthmatique naturel...
Reflux naso-lacrymal : une découverte clinique.
N. W. Chang, Portland, USA
Les auteurs ont cherché à mettre en évidence une éventuelle remontée des sécrétions nasales par le canal lacrymal.
Ils ont instillé de la fluorescéine au niveau du méat inférieur des canaux lacrymaux et ils essuyaient ensuite les larmes avec un mouchoir pour rechercher la fluorescéine.
L’étude a porté sur 8 sujets ayant une histoire de conjonctivite aigue ou chronique.
- dans cette population, 6 sujets avaient un reflux
- comparé à 4 sujets sur 9 dans la population contrôle (p=0,20).
Le reflux naso-lacrymal pourrait survenir à la fois en position allongée et au moment du mouchage.
L’allergologue que je suis, confronté parfois à des inflammations oculaires inexpliquées, aimerait vraiment croire à ce reflux naso-lacrymal.
Malheureusement, la faible différence statistique (p=0,20) sur un nombre aussi petit de sujets est loin d’apporter une preuve convaincante.
Vivement d’autres études sur plus de sujets.
Effets des corticostéroïdes nasaux sur l’hypertrophie des végétations chez les enfants avec une rhinite non-allergique.
S. Kung, Philadelphie, USA
Il a été démontré que les corticoïdes nasaux (CSN) réduisent la taille des végétations adénoïdes chez les enfants allergiques. Les auteurs ont voulu savoir s’il en était de même chez les non-allergiques.
Ils ont étudié 80 enfants avec radiographie du cavum prouvant l’hypertrophie des végétations.
– 58 ont reçu des CSN (73 %)
– 22 ne recevaient aucun traitement.
– le traitement a duré en moyenne 8 mois.
Les auteurs ont trouvé que le traitement diminuait significativement la taille des végétations mais que la présence d’un reflux gastro-œsophagien était une cause de non efficacité.
Il est vrai, qu’intuitivement, on cherche à améliorer la circulation aérienne des fosses nasales par les corticostéroïdes nasaux.
Cette étude qui montre la diminution de l’obstruction mécanique même s’il n’existe pas d’allergie est donc un argument supplémentaire.
Le reflux gastro-œsophagien mérite aussi d’être envisagé.
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