La mine de sel, prochain séjour obligatoire pour les asthmatiques récalcitrants ?

mardi 2 mai 2006 par Dr Stéphane Guez5901 visites

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La mine de sel, prochain séjour obligatoire pour les asthmatiques récalcitrants ?

La mine de sel, prochain séjour obligatoire pour les asthmatiques récalcitrants ?

mardi 2 mai 2006, par Dr Stéphane Guez

Des articles et reportages récents ont attiré l’attention sur un curieux traitement utilisé depuis longtemps dans les pays de l’Est pour traiter les asthmatiques : le séjour dans des chambres de sel, ou l’inhalation de préparation à base de sel. Est-ce réellement un traitement efficace et quelle est son action ?

Les effets d’une chambre de sel pour le traitement de l’hyperréactivité bronchique chez les asthmatiques. : J. Hedman1, T. Hugg2, J. Sandell2, T. Haahtela3

1Department of Pulmonary Diseases, South Karelia Central Hospital, Lappeenranta, Finland ; 2South Karelia Allergy and Environment Institute, Joutseno, Finland ; 3Department of Allergy, Helsinki University Central Hospital, Helsinki, Finland

dans Allergy 61 (5), 605-610

 Introduction :

  • Des études contrôlées randomisées sont nécessaires pour évaluer les effets des traitements complémentaires dans l’asthme.
  • Ce travail évalue les effets d’un traitement inhalé de sel comme traitement additionnel de la thérapie par corticoïdes à doses faibles ou modérées chez des patients asthmatiques ayant une hyper réactivité bronchique (HRB).

 Méthodologie :

  • Après 2 semaines d’évaluation de l’état de base, 32 patients asthmatiques ayant une HRB au test de provocation à l’histamine ont été randomisés :
    • 17 ont eu un traitement actif pendant 2 semaines, durant lesquelles le sel a été mis dans la chambre d’inhalation par un générateur de sel,
    • et 15 patients ont reçu un placebo.
  • Le traitement par sel en inhalation au travers de la chambre d’inhalation a duré 40 minutes et a été administré 5 fois par semaine.

 Résultats :

  • La dose moyenne qui entraîne une chute de 15% du VEMS augmente significativement dans le groupe traité de façon active (p=0.047) mais pas dans le groupe placebo.
  • La différence de modification entre le groupe de patients actifs et le groupe placebo est significative (p=0.02).
  • 9 patients (56%) dans le groupe actif et 2 patients (17%) dans le groupe placebo ont présenté un doublement de la dose nécessaire pour évaluer l’HRB.
  • 6 patients (38%) dans le groupe actif, et aucun dans le groupe placebo, ont perdu leur hyper réactivité bronchique (p=0.017).
  • Ni les valeurs du débit mètre de pointe mesurées juste avant le test et après le traitement, ni les valeurs du VEMS avant et après l’étude n’ont été modifiées.
  • La réduction de l’HRB n’est pas liée à une modification de la fonction pulmonaire de base.

 Conclusion :

  • Le traitement par sel, en chambre d’inhalation, réduit l’HRB et a une action complémentaire de celle des corticoïdes prescrits à dose faible ou modérée chez les asthmatiques.
  • La possibilité que des chambres d‘inhalation avec sel puissent être proposées comme traitement additionnel des traitements classiques de l’asthme n’est donc pas exclue.

Les auteurs démontrent que l’adjonction au traitement de fond par corticoïdes inhalés d’une inhalation de sel par chambre d’inhalation améliore l’asthme. Il y a une diminution significative de l’hyperréactivité bronchique indépendamment des autres paramètres d’évaluation de la fonction pulmonaire.

Cet article vient apporter un éclairage scientifique à propos de la diffusion dans les médias d’un traitement particulièrement spectaculaire de l’asthme : le traitement par administration de sel en inhalation.

Ce travail montre qu’il y a une action spécifique sur l’hyperréactivité bronchique alors même que les paramètres respiratoires habituels d’évaluation de l’asthme, comme le DEP ou le VEMS, ne sont pas modifiés.

Si cette étude est réalisée en double aveugle contre placebo, elle inclue peu de malades et demande confirmation avant de préconiser son application en thérapeutique courante.

Mais sa publication dans un journal réputé pour son niveau scientifique doit conduire à s’intéresser à cette étude d’une façon positive.

On sait depuis longtemps que l’asthme d’effort est une énigme dont le traitement n’a pas été résolu par les corticoïdes inhalés. Cet asthme d’effort, qui traduit une HRB, est particulièrement sensible aux conditions d’humidité et d’osmolarité de l’air inhalé. Il n’est donc pas étonnant que ce travail portant sur l’inhalation d‘une solution riche en sel démontre une diminution de l’HRB. Il faut cependant confirmer ces résultats sur un plus grand nombre de patients, savoir s’il y a ou non une réduction de l’asthme d’effort, si l’effet est prolongé dans le temps et s’il y a ou non une épargne des traitements corticoïdes inhalés.

Enfin, il reste que la durée d’administration du traitement ne va pas favoriser son observance sauf s’il est démontré qu’un traitement ponctuel peut avoir des effets rémanents sur plusieurs semaines.

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