Évolution de l’allergie respiratoire chez l’enfant et l’adulte : même combat !

mardi 19 septembre 2006 par Dr Alain Thillay3899 visites

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Évolution de l’allergie respiratoire chez l’enfant et l’adulte : même combat !

Évolution de l’allergie respiratoire chez l’enfant et l’adulte : même combat !

mardi 19 septembre 2006, par Dr Alain Thillay

Chez l’enfant, les études sont pléthoriques pour évaluer l’avenir respiratoire allergique en fonction de nombreux facteurs. Ici, les auteurs s’attaquent au monde de l’adulte pour préciser si le type d’allergène affecte l’évolution de la maladie allergique sur le plan respiratoire en distinguant les rhinites pures des rhinites avec HRB.

Le type de sensibilisation allergénique peut affecter l’évolution de l’allergie respiratoire. : M. Marogna1, A. Massolo2, D. Berra3, P. Zanon3, E. Chiodini4, G. W. Canonica5, G. Passalacqua5

1Pneumology Unit, Cuasso al Monte, Macchi Hospital Foundation, Varese ; 2Department of Animal Biology and Genetics, University of Florence, Florence ; 3Pneumology Unit, Busto Arsizio Hospital ; 4Nuclear Medicine Unit, Busto Arsizio Hospital ; 5Allergy and Respiratory Diseases, University of Genoa, Genoa, Italy

dans Allergy 61 (10), 1209-1215

 Contexte :

  • De nombreux facteurs affectent l’évolution de l’allergie respiratoire chez l’enfant, toutefois on ne connaît pas grand-chose à ce sujet chez l’adulte.
  • Nous avons évalué dans une étude prospective l’influence du type d’allergène sur la progression de la maladie.

 Méthodes :

  • Les patients atteints d’allergie respiratoire ont subi des prick-tests cutanés et un test de provocation bronchique à la méthacholine au début de l’étude et après 3 ans.
  • Les patients ont été subdivisés en deux groupes, rhinite pure ou rhinite et hyperréactivité bronchique (HRB).
  • Chez les sujets polysensibilisés, un seul allergène pertinent (acariens, graminées, bouleau, Pariétaire) a été identifié en fonction de la distribution des symptômes et, si nécessaire, par test de provocation nasale.

 Résultats :

  • 6750 patients (tranche d’âge : 12-46 ans) ont été étudiés.
  • Parmi eux, 17.8% étaient monosensibilisés mais ce pourcentage diminuait à 10.4% après 3 ans (p < 0.05).
  • Les sujets atteints de rhinite pure étaient 81% au début et 48% à le fin.
  • Après 3 ans, le nombre de patients présentant une réponse bronchique a augmenté de 18% à 58% pour les acariens, 22% à 49% pour le bouleau, 18% à 44% pour les graminées, 17% à 32% pour la pariétaire, avec une différence significative entre les allergènes (p < 0.05).
  • La même constatation a été faite chez presque tous les sujets monosensibilisés, être allergique aux acariens rendait plus probable la détérioration respiratoire.
  • Tous les patients avec HRB au départ ont reçu une immunothérapie spécifique.
  • Chez ces patients l’apparition de nouvelles sensibilisations était sensiblement inférieure à celle du groupe rhinite pure recevant uniquement un traitement classique et des symptômes respiratoires de voies aériennes inférieures ont disparu plus fréquemment.

 Conclusion :

  • Le type d’allergène influence le cours de la maladie, de la même manière que l’utilisation de l’immunothérapie spécifique.

Ce travail d’origine italienne est très intéressant car, comme l’indique les auteurs, si on en sait beaucoup quant à la prospective de l’allergie respiratoire de l’enfant, il est loin d’en être de même chez les adultes.

De plus, il s’agit d’une étude prospective dont la méthodologie m’apparaît sûre. Ainsi, les auteurs ont évité élégamment le serpent de mer de la polysensibilisation. Les sujets polysensibilisés ne sont pas éliminés de l’étude, au contraire, à l’aide d’un test de provocation nasale, ils ont déterminé l’allergène pertinent qui sera retenu dans la suite de l’étude.

On peut en profiter pour écrire un petit couplet sur l’attitude de certains « allergologues » qui en sont encore à décréter que polysensibilisation est égale à polyallergie et que donc ces patients ne sont pas « désensibilisables » !

Attention, les pollyallergiques existent mais ils sont bien rares. Nos connaissances sur les allergies croisées nous permettent maintenant de bien distinguer polysensibilisés et polyallergiques.

De plus, nous savons à présent que la désensibilisation a un effet sur l’expansion des T régulateur et peut être un rôle favorable sur l’effet « Bystander » et agir ainsi à la fois sur l’allergène principal utilisé dans l’extrait de désensibilisation mais aussi sur les allergènes annexes. D’où, l’intérêt chez les polysensibilisés de pratiquer des CAP RAST (PHADIA nous propose de plus en plus d’allergènes y compris en recombinant) et bien sûr un test de provocation nasale spécifique pour choisir l’allergène pertinent utilisé lors de la désensibilisation. C’est ça l’allergologie moderne !

Le nombre de patients est conséquent 6750 !

Au début de l’enquête, 17,8% étaient monosensibilisés, ce qui signifie que plus de 80% étaient polysensibilisés. Après 3 ans, les monosensibilisés ne sont plus qu’à un peu plus de 10%, donc 90% de polysensibilisés. Ainsi, l’évolution naturelle de l’atopique adulte est bien celle d’augmenter les sensibilisations.

Cliniquement, les rhinites pures étaient de 81% au début, donc 20% de rhinite + HRB, après 3 ans, rhinite pure et rhinite + HRB font 50-50. Ce qui revient à dire que toute rhinite pure est un asthme en devenir.

L’allergène le plus souvent responsable du passage de la rhinite pure à la rhinite + HRB est l’acarien, graminées et bouleau font ensuite jeu égal, la pariétaire vient ensuite. C’est résultats sont valables aussi bien chez les monosensibilisés que chez les polysensibilisés. Ce qui rend encore plus valide, la recherche de l’allergène pertinent chez le polysensibilisé.

Les patients avec HRB ont reçu une immunothérapie spécifique et on fait moins de nouvelles sensibilisations par rapport aux autres patients qui n’ont reçu qu’un traitement symptomatique. Cela confirme les travaux de Des Roches et de Pajno validés chez l’enfant. Ils ont de plus vu diminuer plus vite leur symptomatologie respiratoire inférieure.

Ce travail vient confirmer la pratique de l’Allergologie de qualité, celle qui fait que l’on prend en compte la globalité du patient et celle qui indique l’immunothérapie spécifique chez l’adulte atteint de rhinite pure et de rhinite et d’asthme.

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