Le coquetier d’or pour cette étude sur l’allergie à l’œuf !

lundi 5 février 2007 par Dr Alain Thillay1663 visites

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Le coquetier d’or pour cette étude sur l’allergie à l’œuf !

Le coquetier d’or pour cette étude sur l’allergie à l’œuf !

lundi 5 février 2007, par Dr Alain Thillay

Pour les allergies respiratoires, l’immunothérapie allergénique a largement fait ses preuves pour la plupart des aéroallergènes classiques. Malheureusement, on ne peut pas en dire autant de l’allergie alimentaire. Ici, ces auteurs américains, dans une étude pilote sur 7 patients allergiques à l’œuf mais exempts de réaction anaphylactique, ont tenté une immunothérapie orale sur 24 mois.

Immunothérapie orale à l’œuf chez des enfants présentant une allergie à l’œuf sans réaction anaphylactique. : Ariana D. Buchanan, MDa, Todd D. Green, MDa, Stacie M. Jones, MDbc, Amy M. Scurlock, MDbc, Lynn Christie, RDbc, Karen A. Althage, RNbc, Pamela H. Steele, CPNPa, Laurent Pons, PhDa, Rick M. Helm, PhDd, Laurie A. Lee, MDa, A. Wesley Burks, MDa

From the Department of Pediatrics, Duke University Medical Center, Durham
 ; Department of Pediatrics, University of Arkansas for Medical Sciences, Little Rock ; Arkansas Children’s Hospital, Little Rock ; Department of Microbiology, University of Arkansas for Medical Sciences, Little Rock

dans JACI Volume 119, Issue 1, Pages 199-205 (January 2007)

 Contexte :

  • Il n’existe pas de traitement courant efficace de l’allergie alimentaire.
  • L’immunothérapie injectable étant dangereuse, d’autres formes d’immunothérapie apparaissent donc nécessaires.

 Objectif :

  • Le but était d’étudier la sécurité et les effets immunologiques de l’immunothérapie orale à l’œuf (ITO).
  • Le but à court terme était de désensibiliser les sujets afin de les protéger de réactions lors d’ingestions accidentelles d’œuf.
  • In fine, le but était d’induire une tolérance clinique et immunologique à long terme.

 Méthodes :

  • Les sujets avaient des antécédents d’allergie à l’œuf mais sans réaction anaphylactique, ils ont subi un protocole de vingt-quatre mois d’ITO comprenant une phase de rush modifié, une phase de montée et une phase d’entretien.
  • Des tests de provocation contrôlés en double aveugle contre placebo ont été effectués à la fin de l’étude.
  • Les taux des IgE et des IgG spécifiques de l’œuf ont été suivis durant l’étude.

 Résultats :

  • Sept sujets ont accompli le protocole.
  • De façon significative, les taux des IgG spécifiques ont augmenté alors que les taux des IgE spécifiques n’ont pas changé.
  • Trois sujets ont toléré des ingestions accidentelles d’œuf reconnues ou possibles tout en recevant l’ITO.
  • Durant les tests de provocation contrôlés en double aveugle, contre placebo à l’œuf en fin d’étude, tous les patients ont toléré une dose significativement plus importante de protéine d’œuf qu’au début de l’étude et que lors de la prise accidentelle.
  • Deux sujets ont démontré une tolérance orale.

 Conclusion :

  • Cette étude fournit la preuve du concept que l’ITO peut être employée sans risque chez des patients présentant une allergie à l’œuf sans antécédent de réaction anaphylactique.
  • L’ITO à l’œuf n’intensifie pas la sensibilité à l’œuf et semblerait protéger contre les réactions lors d’ingestion accidentelle.
  • Sur cette première cohorte, il n’est pas possible d’affirmer que l’ITO puisse induire une tolérance orale clinique.

 Implication clinique :

  • L’utilisation de l’ITO allergénique pour protéger les sujets allergiques aux trophallergènes à l’encontre de réactions lors d’une ingestion accidentelle représenterait un changement important du paradigme thérapeutique de l’allergie alimentaire.

Cette étude de suivi réalisée sur un petit nombre de patients ne doit être considérée que comme un galop d’essai.

En effet, les auteurs américains, prudemment, n’ont recruté que 7 patients en choisissant des allergiques à l’œuf mais n’ayant pas eu de réaction anaphylactique.

Les sujets ont été suivis durant 2 ans.

Durant cette période, ils ont suivi un protocole de « désensibilisation » avec une phase rush, une phase d’augmentation progressive des doses et enfin une phase d’entretien. Un TPO en double aveugle contre placebo à l’œuf a été pratiqué au sortir de l’étude.

Les résultats montrent que les 7 sujets ont pu absorber des doses supérieures d’œuf après les 24 mois du protocole. Enfin, deux sujets ont montré une tolérance orale à l’œuf.

Les résultats mettent en évidence que les IgG spécifiques de l’œuf augmentent alors que les IgE restent stables.

Ce type de traitement induit une tolérance mais n’immunise pas. Pour être maintenue, la tolérance doit être entretenue par une prise quotidienne à long terme.

Ce travail mérite grandement d’être confirmé sur de plus grandes cohortes et sur une plus longue durée. Quels effets sur le très long terme ? Pourra-t-on aboutir à une guérison ? Quels sont les mécanismes immunitaires précis mis en jeu (il faudrait aller plus loin que la simple surveillance des IgG et des IgE spécifiques) ?

Et pourquoi pas, soyons fous ! Quid de l’induction d’une tolérance sous Omalizumab ?

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