La cacahuète nous brise les noix de plus en plus tôt !

lundi 7 janvier 2008 par Dr Hervé Couteaux1081 visites

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La cacahuète nous brise les noix de plus en plus tôt !

La cacahuète nous brise les noix de plus en plus tôt !

lundi 7 janvier 2008, par Dr Hervé Couteaux

Loin d’être des entités figées, les allergies évoluent au point que la problématique d’hier ne sera pas celle de demain. Être attentif à ces évolutions afin d’y mieux répondre est une préoccupation de tout praticien allergologue. Quand il s’agit d’allergie à l’arachide, connue pour sa sévérité, cela devient un devoir…

Caractéristiques cliniques des enfants allergiques à l’arachide : données récentes. : Green TD, LaBelle VS, Steele PH, Kim EH, Lee LA, Mankad VS, Williams LW, Anstrom KJ, Burks AW.

Division of Pulmonary Medicine, Allergy and Immunology, Children’s Hospital of Pittsburgh, 3705 Fifth Ave, Pittsburgh, PA 15213, USA. todd.green@chp.edu

dans Pediatrics. 2007 Dec ;120(6):1304-10

 Objectif :

  • Déterminer si des patients vus dans une clinique de référence présentent des réactions allergiques plus précoces que les patients d’une population au profil similaire vus 10 ans plus tôt dans un autre centre médical, et de rechercher d’autres modifications des caractéristiques cliniques des patients des deux groupes.

 Méthodes :

  • Nous avons revu les données médicales d’enfants allergiques à l’arachide vus à la clinique pédiatrique d’allergie et d’immunologie de l’université de Duke entre Avril 2000 et Avril 2006.

 Résultats :

  • Les âges moyens de première exposition et de première réaction à l’arachide étaient respectivement de 14 et 18 mois.
  • Dans une population similaire vue entre 1995 et 1997, ces âges moyens étaient de 22 et 24 mois.
  • Au sein de notre groupe, ceux qui étaient nés avant 2000 ont été exposés pour la première fois à l’arachide à l’âge moyen de 19 mois et ont réagi en moyenne à 21 mois, alors que pour ceux qui étaient nés en 2000 ou après, les âges moyens étaient respectivement de 12 et 14 mois.
  • La plupart des patients (68%) ont montré une sensibilisation ou une allergie clinique à d’autres aliments (53% aux œufs, 26% au lait de vache, 20% aux fruits à coque, 11% au poisson, 9% aux coquillages, 7% au soja, 6% à la farine et 6% aux graines de sésame)

 Conclusions :

  • Dans la dernière décade, les âges de première exposition et de première réaction à l’arachide ont diminués chez des enfants allergiques à l’arachide vus dans une clinique de référence.
  • L’allergie à l’œuf est très fréquente chez les patients allergiques à l’arachide.
  • Les graines de sésame devraient peut-être être considérées comme un des allergènes alimentaires majeurs.
  • La diminution de l’âge de survenue de la première réaction semble provenir d’une exposition plus précoce.

Depuis 10 ans, l’allergie à l’arachide survient plus tôt dans la vie et cela semble être la conséquence d’une première exposition à cet aliment plus précoce.

Chez les enfants, l’allergie à l’arachide est fréquemment associée à l’allergie à l’œuf.

Les graines de sésame devraient occuper une place majeure en allergie alimentaire.

Sans grandes nouveautés à la clef, cette étude a le mérite de rappeler que l’allergie à l’arachide est un problème non réglé et que certains aspects de cette allergie, comme la survenue d’accidents de plus en plus précoces, renforcent s’il en était besoin, la sévérité de cette allergie.

Les protéines de graines (arachide, noix, pistache, sésame, etc.) constituent en effet une source importante d’allergènes responsables d’allergies sévères.

Certains allergènes de l’arachide correspondent à des protéines de réserve : vicilines (Ara h 1), albumines 2S (Ara h 2), globulines 11S (Ara h 3).

Ces allergènes peuvent fréquemment donner des réactions croisées avec des allergènes homologues de différentes graines apparentées ou non.

Le sésame, en tant que graine, comporte également des protéines de réserve :
vicilines (Ses i 3), albumines 2S (Ses i 1, Ses i 2), globulines 11S (Ses i 6, Ses i 7).

La réactivité croisée est possible, voir probable, mais l’affirmer nécessiterait de mettre en œuvre des tests d’inhibitions, ce que cette étude ne mentionne pas.

Quant à la fréquence d’une co-allergie à l’œuf chez les allergiques à l’arachide, cela n’est guère surprenant en raison de la fréquence de l’allergie à l’œuf : Comme le rappelle Fabienne Rancé, « l’allergie alimentaire à l’œuf est la plus fréquente des allergies alimentaires de l’enfant âgé de moins de trois ans. »

Ne disposant pas du nombre d’enfants étudiés, il n’est pas possible de voir si la fréquence des allergies à l’œuf rencontrées chez des enfants allergiques à l’arachide est différente de la fréquence de l’allergie à l’œuf dans une population d’enfant atopique, ce qui mériterait alors une étude complémentaire.

N’oublions pas que les allergies croisées les plus fréquemment associées à l’arachide concernent les fruits à coque.

Rappelons enfin que la présence de telles allergies alimentaires chez de jeunes enfants est prédictive de la survenue ultérieure d’allergies respiratoires et plaide pour un diagnostic précoce des allergies, trop rarement sollicité...

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