Facteurs prédictifs d’une anaphylaxie sévère chez le patient allergique à l’arachide ou à la noisette ? Pas besoin d’être allergologue !!

mercredi 30 janvier 2008 par Dr Stéphane Guez2166 visites

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Facteurs prédictifs d’une anaphylaxie sévère chez le patient allergique à l’arachide ou à la noisette ? Pas besoin d’être allergologue !!

Facteurs prédictifs d’une anaphylaxie sévère chez le patient allergique à l’arachide ou à la noisette ? Pas besoin d’être allergologue !!

mercredi 30 janvier 2008, par Dr Stéphane Guez

Pour le clinicien, il est important de dépister et confirmer une allergie alimentaire à l’arachide ou à la noisette. Mais la question essentielle pour le patient est de savoir quel est le risque d’anaphylaxie grave lié à une ingestion accidentelle. Quels sont les éléments du bilan allergologique qui peuvent être prédictifs d’un accident grave ?

Facteurs prédictifs d’une anaphylaxie à l’arachide et aux noisettes chez les patients adressés à un centre spécialisé. : Summers CW, Pumphrey RS, Woods CN, McDowell G, Pemberton PW, Arkwright PD.

Department of Immunology, University of Manchester, Manchester Royal Infirmary, Manchester, United Kingdom

dans J Allergy Clin Immunol. 2008 Jan 17

 Introduction :

  • Bien que les réactions allergiques après ingestion d’arachide ou de noisettes soient fréquentes, les accidents mortels sont rares.
  • En dehors des patients ayant un asthme associé, il n’est habituellement pas possible de prédire les patients à risque d’une réaction allergique sévère.

 Objectif de l’étude :

  • Le but de ce travail a été de déterminer les paramètres cliniques et biologiques les plus à même de prédire la survenue d’une réaction allergique grave.

 Matériel et méthode :

  • De 1992 à 204, les auteurs ont colligé des données détaillées sur :
    • la sévérité clinique
    • et les résultats des tests allergologiques
  • de 1094 patients ayant une allergie à l’arachide et aux noisettes
  • et qui ont été adressés dans un centre spécialisé d’allergologie.
  • Dans un sous groupe de 122 patients, un prélèvement sanguin a permis d’étudier l’activité des enzymes impliqués dans le catabolisme de la bradykinine.

 Résultats :

  • Un œdème pharyngé sévère est :
    • 3.8 fois plus fréquent (2.1-6.9) chez les patients ayant une rhinite sévère,
    • et 2.6 fois plus fréquent après ingestion de noisettes par rapport à l’arachide.
  • Les patients ayant des concentrations en enzyme de conversion de l’angiotensine inférieures à 37 mmol/l ont 9.6 fois plus de risques de faire un œdème pharyngé sévère.
  • Un bronchospasme grave est :
    • plus fréquent chez les patients ayant un asthme sévère 6.8 (4.1-11.3)
    • et moins chez les patients ayant un asthme léger. 2.7 (1.7- 4.0)
  • Les altérations de la conscience sont plus 3.1 fréquentes chez les patients ayant un eczéma sévère (1.1-8.4).

 Conclusion :

  • La sévérité des maladies atopiques associées peut permettre de prédire parmi les patients adressés à un centre de référence des maladies allergiques, ceux qui sont plus à risques de développer une réaction allergique grave lors de l’ingestion d’arachide ou de noisettes.
  • Les patients ayant des taux bas d’enzyme de conversion de l’angiotensine sont plus à risque de développer des œdèmes pharyngés graves, suggérant que cette complication peut être en partie liée à la production de bradykinine.

Les auteurs ont cherché à déterminer si chez des patients allergiques à l’arachide ou aux noisettes, il existait des facteurs de risques prédictifs d’une réaction grave lors de l’ingestion de ces aliments.

C’est la sévérité de la maladie atopique associée qui est prédictive ainsi qu’un taux bas en enzyme de conversion de l’angiotensine.

Les résultats de ce travail sont relativement surprenants, non en raison des facteurs prédictifs d’un accident grave mis en évidence que par ceux qui n’y sont pas.

En effet il semble dans ce travail portant sur un nombre important de patients bien explorés que la sévérité de la réaction alimentaire initiale n’ait aucune valeur prédictive.

De même le résultat de l’exploration allergologique, tests cutanés et RAST n’ont aucune valeur prédictive.

C’est donc seulement la sévérité de la maladie atopique associée qui ferait le risque de l’allergie alimentaire.

Il faut noter deux résultats intéressants :

  • le lien entre troubles de la conscience lors d’une réaction anaphylactique et eczéma sévère
  • et le lien entre le taux d’enzyme de conversion de l’angiotensine et le risque anaphylactique.

Ce dernier point confirme que les inhibiteurs de l’enzyme de conversion de l’angiotensine, très à la mode sur le plan cardiovasculaire, représente un facteur de risque certain d’accident anaphylactique grave chez les patients ayant une allergie alimentaire à l’arachide ou à la noisette.

Ce travail mérite d’être diffusé et confronté à l’expérience de chaque allergologue afin de vérifier si ces résultats portant sur des sujets britanniques peut également s’appliquer à une population française.

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