Dilemme : Boire ou se gratter ? Aucune hésitation : je bois !! (L’étude Glougloublurp.)

lundi 25 février 2008 par Dr Stéphane Guez13257 visites

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Dilemme : Boire ou se gratter ? Aucune hésitation : je bois !! (L’étude Glougloublurp.)

Dilemme : Boire ou se gratter ? Aucune hésitation : je bois !! (L’étude Glougloublurp.)

lundi 25 février 2008, par Dr Stéphane Guez

Les épidémiologistes ont un sens de l’humour extraordinaire et n’hésitent pas à rapprocher des données qui à priori ne semblent pas liées. Ainsi il est apparu une relation entre alcool et risque de développer une affection à IgE et au contraire une protection probable des réactions retardées. Est-ce que boire prévient l’eczéma ?

Association entre la consommation d’alcool et l’eczéma de contact dans une population Danoise d’adultes : the Glostrup Allergy Study. : Thyssen JP, Nielsen NH, Linneberg A.

National Allergy Research Centre, Department of Dermatology, Gentofte University Hospital, Ledreborg Allé 10, 1. 2820 Gentofte, Denmark.

dans Br J Dermatol. 2008 Feb ;158(2):306-12. Epub 2007 Dec 7

 Introduction :

  • Des études épidémiologiques de population ont montré que la consommation d’alcool est associée à des affections immunes de type IgE (rhinite allergique, asthme et urticaire).
  • Ces études ont été confirmées fortement par plusieurs travaux immunologiques.
  • Cependant, un effet inhibiteur de la consommation d’alcool sur le développement de l’hypersensibilité retardée a été démontré chez des patients sains témoins.
  • Mais une possible association entre l’eczéma de contact et la consommation d’alcool dans une population générale n’a encore jamais été étudiée.

 Objectif de l’étude :

  • Il a été de rechercher si la consommation d’alcool est associée à une augmentation de l’eczéma de contact dans une population générale.

 Matériel et méthode :

  • En 1990, la consommation d’alcool auto rapportée par les patients et les résultats des patch-tests ont été étudiés chez 1112 patients, âgés de 15 à 69 ans, participant à une étude transversale de population à Glostrup au Danemark.
  • En 1998, ils ont été invité à participer à une étude de suivie, et 734 patients ont été revus (% de participation 69%).
  • Un ajustement sur les facteurs confondants a été réalisé par régression logistique.

 Résultats :

  • Les femmes qui ne rapportent pas de consommation d’alcool hebdomadaire ont tendance à développer plus facilement un eczéma de contact (odd ratio : 2.12, intervalle de confiance 95% : 0.98-4.61) durant les 8 années de suivi.
  • Une tendance positive parmi les femmes a été mise en évidence (p=0.045).

 Conclusion :

  • Ces données confortent l’hypothèse selon laquelle l’alcool oriente plutôt vers des réponses immunes IgE médiée que vers des réactions d’hypersensibilité retardée.
  • Il est probable que la consommation d’alcool prévienne le développement d’un eczéma de contact.
  • D’autres études épidémiologiques sont nécessaires.

Dans ce travail, les auteurs démontrent sur le plan épidémiologique une relation entre la consommation hebdomadaire d’alcool et le moindre développement d’un eczéma de contact. Ceci de façon statistiquement significative chez des femmes adultes et Danoises.

Enfin une bonne nouvelle dans cet océan répressif qui menace de nous engloutir et qui tisse autour de nous un cocon qui ressemble de plus en plus à une toile d’araignée.

Il ne faut plus boire ? Et bien non seulement nous sommes menacés d’un accident vasculaire cérébral et notre durée de vie est raccourcie, mais en plus nous risquons de développer un eczéma de contact. Certes la consommation d’alcool augmenterait les risques de développer une affection à IgE, mais le traitement en est généralement plus facile, l’éviction étant beaucoup plus difficile dans l’eczéma de contact.

Plusieurs hypothèses peuvent également être formulées à partir des résultats de ce travail : est-ce que les mamans des patients atteints de dermatite atopique ne sont pas coupables de n’avoir bu que de l’eau pendant leur grossesse ? Ne faut-il pas faire boire le nourrisson dés sont plus jeunes âges au lieu de le martyriser avec un lait insipide ou de nature bovine ?

Finalement l’abstinence semble de plus en plus dangereuse et incompatible avec une survie de qualité.

Mais il nous semble effectivement sage de se ranger à la conclusion des auteurs de cette étude : il faudrait d’autres travaux pour confirmer ces résultats avant de prescrire à ses patients une consommation régulière d’alcool.

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