Les asthmatiques peuvent-ils faire du trafic ?

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Les asthmatiques peuvent-ils faire du trafic ?

Les asthmatiques peuvent-ils faire du trafic ?

lundi 10 mars 2008, par Dr Philippe Carré

La pollution due au trafic automobile peut être un facteur aggravant en cas de maladie respiratoire. Les auteurs ont étudié l’effet comparatif d’une exposition aérienne dans une rue du centre de Londres et dans un parc public proche, chez une population d’asthmatiques ayant un asthme léger ou modéré.

Effets respiratoires de l’exposition aux particules de diesel automobile chez les personnes asthmatiques. : McCreanor J, Cullinan P, Nieuwenhuijsen MJ, Stewart-Evans J, Malliarou E, Jarup L, Harrington R, Svartengren M, Han IK, Ohman-Strickland P, Chung KF, Zhang J.

National Heart and Lung Institute, Imperial College, and Royal Brompton Hospital, London, United Kingdom.

dans N Engl J Med. 2007 Dec 6 ;357(23):2348-58

 Contexte

  • La pollution aérienne provenant du trafic routier est un problème de santé sérieux, et les gens ayant une maladie respiratoire préexistante peuvent être à risque accru
  • Les auteurs ont étudié les effets d’une exposition brève au diesel du trafic routier chez des asthmatiques vivant dans un environnement urbain proche d’une route.

 Méthodes

  • 60 adultes, ayant un asthme léger à modéré, ont été recrutés pour participer à une étude randomisée en cross-over
  • Chaque participant marchait pendant 2 heures dans une rue de Londres (Oxford Street) et à un autre moment dans un parc proche (Hyde Park)
  • Ont été réalisés des mesures détaillées de l’exposition en temps réel, ainsi que des mesures physiologiques et immunologiques.

 Résultats

  • Les participants avaient une exposition significativement plus élevée aux fines particules (diamètre aérodynamique < 2.5 μ), aux particules ultra-fines, au carbone, et au dioxyde de soufre (SO2) sur Oxford Street que dans Hyde Park
  • Marcher pendant 2 heures dans Oxford Street entraînait une réduction nette mais asymptomatique du VEMS (jusque 6.1%) et de la capacité vitale forçée CVF (jusque 5.4%), significativement plus importante que la réduction du VEMS et de la CVF après exposition dans Hyde Park (p=0.04 et p=O.O1 respectivement pour l’effet de l’exposition globale, et p<0.005 à certains endroits ponctuels)
  • Les effets étaient plus grands chez les sujets ayant un asthme modéré que chez ceux ayant un asthme léger
  • Ces changements s’accompagnaient d’une augmentation des marqueurs d’inflammation neutrophilique (myéloperoxydase des crachats, 4.24 ng/ml après exposition dans Hyde Park versus 24.5 ng/ml après exposition dans Hyde Park ; p=0.05) et de l’acidité des voies aériennes (diminution maximale du pH, 0.04% après exposition dans Hyde Park et 1.9% après exposition sur Oxford Street ; p=0.003)
  • Ces changements étaient associés de façon plus importante avec les expositions aux particules ultrafines et au carbone.

 Conclusions

  • Ces observations sont une démonstration et une explication à l’évidence épidémiologique qui associe le degré d’exposition au trafic automobile à la fonction respiratoire dans l’asthme.

Les auteurs ont étudié une population de 60 asthmatiques ayant un asthme léger ou modéré.

Chacun devait marcher pendant 2 heures soit dans une rue animée de Londres, soit dans un jardin public.

Etaient évalués l’exposition à des polluants particulaires, la fonction respiratoire et certains marqueurs d’inflammation des voies aériennes.

Les résultats de l’étude montrent que :
 l’exposition aux polluants particulaires, au carbone et au SO2 était plus élevée dans la rue que dans le jardin
 la réduction du VEMS et de la CVF était plus importante après marche dans la rue qu’après marche dans le jardin
 l’importance des effets était corrélée à la gravité de l’asthme (léger ou modéré)
 ils s’accompagnaient d’une augmentation des marqueurs d’inflammation et d’acidité qui était plus importante dans la rue que dans le jardin
 la corrélation était plus forte avec les particules ultrafines.

Les auteurs concluent que ces données rendent compte de l’association épidémiologique connue entre l’altération de la fonction respiratoire et l’exposition au trafic automobile, celle-ci entraînant une pollution plus importante.

Cette étude confirme que l’exposition aux particules diesel due au trafic automobile s’accompagne de modifications inflammatoires dans les voies aériennes des asthmatiques, et qu’il y a une corrélation directe entre cette inflammation et la gravité des symptômes d’asthme. Ceci confirme des données épidémiologiques anciennes sur l’effet néfaste de la pollution automobile sur la réactivité bronchique.

Le fait que les effets soient plus corrélés avec l’exposition aux particules ultrafines est cohérent avec une pénétration plus profonde de ces particules dans les voies aériennes les plus distales.

D’autres études (japonaises en particulier) avaient par ailleurs montré qu’une des raisons des effets délétères de la pollution automobile était liée à des modifications structurelles des pollens induites par les particules diesel, les rendant ainsi plus allergisants. On ne connaît pas dans cette étude la période de l’année où elle a été réalisée, et ce point n’est pas abordé spécifiquement.

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