L’adhésion des asthmatiques les rend moins sévères.

mardi 17 janvier 2012 par Dr Philippe Carré224 visites

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L’adhésion des asthmatiques les rend moins sévères.

L’adhésion des asthmatiques les rend moins sévères.

mardi 17 janvier 2012, par Dr Philippe Carré

Quantification de la proportion des exacerbations sévères d’asthme attribuables à la non adhérence aux corticoïdes inhalés. : L. Keoki Williams, Edward L. Peterson, Karen Wells, Brian K. Ahmedani, Rajesh Kumar, Esteban G. Burchard, Vimal K. Chowdhry, David Favro, David E. Lanfear, Manel Pladevall

dans The Journal of Allergy and Clinical Immunology - December 2011 (Vol. 128, Issue 6, Pages 1185-1191.e2, DOI : 10.1016/j.jaci.2011.09.011)

 Contexte :

  • L’asthme est un processus inflammatoire souvent ponctué d’aggravations symptomatiques épisodiques, et de ce fait les patients asthmatiques pourraient avoir une baisse d’adhérence au traitement de fond de la maladie.

 Objectif :

  • Les auteurs ont cherché à mesurer les modifications de l’adhérence aux corticoïdes inhalés (CI) au cours du temps, et à estimer l’effet de ces changements d’utilisation sur les exacerbations d’asthme.

 Méthodes :

  • L’adhérence aux CI était estimée à partir de la prescription électronique et des informations provenant de 298 patients participant à l’Etude sur les Phénotypes de l’Asthme et les Interactions Pharmacogénomiques liées à l’Ethnicité
  • Pour chaque patient, une moyenne mobile de l’adhérence aux CI pour chaque jour de suivi a été calculée
  • Les exacerbations d’asthme étaient définies comme un recours aux corticoïdes oraux, une consultation aux urgences pour asthme ou une hospitalisation liée à l’asthme
  • Des modèles de hasard proportionnel étaient utilisés pour affirmer la relation entre l’adhérence aux CI et les exacerbations d’asthme.

 Résultats :

  • L’adhérence aux CI commençait à augmenter avant la première exacerbation d’asthme et continuait après
  • L’adhérence était associée à une réduction des exacerbations, mais était statistiquement significative seulement chez les patients dont l’adhérence était de plus de 75% de la dose prescrite (ratio de hasard 0.61 ;IC à 95% 0.41-0.90) comparativement aux patients dont l’adhérence était de moins de 25%
  • Ce tableau était largement restreint aux patients dont l’asthme n’était pas bien contrôlé initialement
  • Il est estimé que 24% des exacerbations d’asthme étaient attribuables à une non adhérence aux CI.

 Conclusions :

  • L’adhérence aux CI varie dans la période précédant et suivant une exacerbation d’asthme, et la non adhérence contribue à un grand nombre de ces exacerbations
  • De hauts niveaux d’adhérence sont probablement nécessaires pour prévenir ces événements.

Bien que les CI représentent le traitement de base pour le contrôle des symptômes d’asthme, il a été déjà démontré qu’il y avait une mauvaise adhérence à ce traitement.

Les auteurs ont évalué les modifications de l’adhérence aux CI au cours du temps (sur une période de 6 mois), ainsi que l’effet de l’adhérence sur les exacerbations de l’asthme, chez 298 patients inclus dans une cohorte de population d’asthmatiques.

De façon non surprenante, l’utilisation des CI augmentait dans la période entourant une exacerbation d’asthme ; mais il semble exister une réduction non linéaire des exacerbations avec l’augmentation de l’utilisation des CI : en particulier, les taux d’adhérence de plus de 75% de la dose prescrite apparaissent être le seuil au-dessus duquel les exacerbations sont significativement réduites.

Ceci suggère que la limite arbitraire de 70 à 80% souvent utilisée pour estimer qu’un patient est adhérent à un traitement peut avoir une relevance clinique ; cette limite pourrait aussi dépendre de la sévérité de l’asthme et de la classe thérapeutique concernée, ce qui implique que sa valeur prédictive doive être établie pour chaque condition clinique.

Les auteurs estiment :

  • qu’environ 24% des exacerbations pourraient être évitées par une utilisation adéquate des CI
  • que le plus grand bénéfice des CI était observé chez les patients dont l’asthme était le moins bien contrôlé à l’état basal.

Il apparaît donc que la non-adhérence au traitement CI est une cause majeure d’exacerbations d’asthme, et les efforts pour en diminuer leur fréquence nécessitent d’arriver à obtenir des niveaux d’adhérence élevée chez les patients ayant un asthme non contrôlé.

Ce qui implique d’identifier les patients à haut risque d’exacerbations, et de développer des méthodes de pharmaco-épidémiologie et de pharmaco-génomique, à partir desquelles des mesures précises de l’exposition aux médicaments seront possibles.

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