La Nouvelle-Zélande, pays du rugby, de l’asthme et de l’allergie : la faute au sélénium ?

mercredi 4 avril 2012 par Dr Geneviève DEMONET1476 visites

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La Nouvelle-Zélande, pays du rugby, de l’asthme et de l’allergie : la faute au sélénium ?

La Nouvelle-Zélande, pays du rugby, de l’asthme et de l’allergie : la faute au sélénium ?

mercredi 4 avril 2012, par Dr Geneviève DEMONET

Statut en sélénium et maladie allergique dans une cohorte d’enfants en Nouvelle-Zélande : Thomson, C. D., Wickens, K., Miller, J., Ingham, T., Lampshire, P., Epton, M. J., Town, G. I., Pattemore, P., Crane, J. (2012),

Selenium status and allergic disease in a cohort of New Zealand children.

dans Clinical & Experimental Allergy, 42 : 560–567. doi : 10.1111/j.1365-2222.2012.03924.x

 Contexte :

  • En Nouvelle Zélande, les taux d’asthme et d’atopie sont parmi les plus élevés.
  • Le sélénium a été impliqué dans l’étiologie de l’asthme ; des associations entre le statut en sélénium et l’asthme ont été rapportés chez les enfants en Nouvelle-Zélande.

 Objectifs :

  • Le but de cette étude était d’explorer l’association entre le statut en sélénium et la maladie allergique dans une cohorte de naissance d’enfants néo-zélandais.

 Méthodes :

  • L’Etude de Cohorte Néo-Zélandaise sur l’Asthme et l’Allergie est une cohorte de naissance prospective constituée à Wellington et Christchurch et concernant 1105 nourrissons nés en 1997-2001.
  • Durant les 6 ans d’évaluation (n = 635), on a étudié les associations entre le sélénium plasmatique (SePl), l’activité glutathion peroxydase dans le sang total (GPxST) et les événements liés à l’allergie incluant asthme, sifflements, rhume des foins, rhinite, eczéma et rash.

 Résultats :

  • Les enfants de Wellington avaient un SePl et un GPxST plus élevés que les enfants de Christchurch (P < 0,001 pour les deux). Le SePl (P = 0,004) et le GPxST (P = 0,03) étaient plus bas chez les enfants exposés aux fumées environnementales mais les différences n’étaient plus significatives après ajustement pour le lieu d’étude, le tabagisme familial (5-6 ans), le tabagisme maternel pendant la grossesse, les antécédents familiaux (un parent ayant de l’asthme, de l’eczéma ou un rhume des foins), l’ethnie prioritaire (Maori, Peuples du Pacifique, Autres, Européens), le sexe, la saison de naissance, le nombre de frères et sœurs, l’Index de Défavorisation Néo-zélandais et l’index de masse corporelle à l’âge de 6 ans.
    * L’analyse du SePl ou du GPxST comme variables continues ou de quartiles de SePl avec les données de santé n’ont pas montré d’associations significatives après ajustement.
    * L’analyse univariée de quartiles de SePl et du GPxST avec le sifflement persistant a montré des tendances inverses significatives (P = 0,005 pour les deux) mais celles-ci ont été réduites après ajustement.

 Conclusions et Pertinence Clinique :

  • Nos résultats ne vont pas dans le sens d’une association solide entre le statut en sélénium et l’incidence élevée de l’asthme en Nouvelle-Zélande.
    * Cependant, une association modeste entre les plus bas taux de SePl et d’activité du GPxST a été trouvée avec l’incidence plus élevée de sifflement persistant.

Selon les résultats de l’étude ISAAC, la Nouvelle-Zélande fait partie des 4 nations se distinguant par une prévalence record d’asthme. Un enfant sur quatre aurait ainsi des symptômes asthmatiques à l’âge de 6-7 ans !

Des facteurs environnementaux ont été avancés pour expliquer ce phénomène. La baisse de la consommation alimentaire d’anti-oxydants, vitamines C et E, a été évoquée mais pas toujours confirmée.

De la même façon, le rôle du sélénium dans l’asthme est débattu.

Le sélénium est indispensable au fonctionnement des glutathion peroxydases et des thiorédoxine réductases qui sont de puissants anti-oxydants. Le sélénium pourrait moduler les leucotriènes pro-inflammatoires et réduire ainsi la sévérité de la réponse inflammatoire.

Cependant certaines études ont mis en évidence un rôle protecteur du sélénium sur l’asthme mais d’autres pas.

Un nouveau travail mené en Nouvelle-Zélande tente de les départager.
Il s’agit d’une étude prospective de cohorte de naissance ayant inclus 1105 nourrissons nés de 1997 à 2001 (à Wellington et à Christchurch) et ayant suivi 635 de ces enfants jusqu’à l’âge de 5 à 6 ans.

Des questionnaires ont été remplis par les parents durant la période de suivi pour recueillir les données relatives à la survenue de pathologies allergiques (asthme, sifflement, rhume des foins, eczéma et rash) mais aussi aux facteurs de risque d’asthme (antécédents familiaux, exposition tabagique).

Des prick-tests cutanés ont été réalisés à l’âge de 6 ans (D Pter, chat, chien, graminée, lait de vache, blanc d’œuf, arachide, aspergillus et blatte) et ont permis de définir une atopie en cas de positivité d’au moins un test.

Toujours à 6 ans, des dosages du sélénium plasmatique et de l’activité du glutathion peroxydase ont été pratiqués.

Les enfants de Wellington avaient des taux plasmatiques moyens de sélénium 22% fois plus élevés que ceux de Christchurch et une activité du glutathion peroxydase 20% plus haute.

Cette différence observée entre l’île du nord et l’île du sud serait due à une consommation plus importante dans le nord en blé australien, plus riche en sélénium que le blé néo-zélandais utilisé dans le sud.

La seule différence entre les enfants de Wellington et de Christchurch, en terme d’asthme et d’atopie, était la plus grande prévalence de sifflements persistants à Christchurch donc chez les enfants ayant des taux plus bas de sélénium.

Cependant, après ajustement pour les facteurs confondants, ce facteur de risque s’est avéré marginal.

Les dosages ont seulement été réalisés à l’âge de 6 ans. On ignore donc si le statut des nourrissons en sélénium et celui de la mère pendant la grossesse pourraient interférer.

Il reste donc matière pour d’autres études sur le sujet avant de pouvoir conclure…

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