L’allergie n’est pas politiquement correcte : c’est la diversité qui est dangereuse !

lundi 7 mai 2012 par Dr Stéphane Guez1314 visites

Accueil du site > Sciences > Immunologie > L’allergie n’est pas politiquement correcte : c’est la diversité qui est (...)

L’allergie n’est pas politiquement correcte : c’est la diversité qui est dangereuse !

L’allergie n’est pas politiquement correcte : c’est la diversité qui est dangereuse !

lundi 7 mai 2012, par Dr Stéphane Guez

La complexité du répertoire IgE des patients allergiques est corrélée avec la concentration des IgE spécifiques des allergènes. : Nicholas Willumsen, Jens Holm, Lars H. Christensen, Peter A. Würtzen, Kaare Lund*
DOI : 10.1111/j.1365-2222.2012.04009.x

dans Clinical & Experimental Allergy

 Introduction :

  • Le facteur qui gouverne à la fois l’activation des effecteurs cellulaires et facilite la présentation des antigènes est la complexité du répertoire IgE (clonalité IgE, affinité, concentration).
  • Mais la composition des répertoires IgE des individus et la corrélation entre la complexité du répertoire IgE et le développement d’une sensibilisation allergique reste à être démontré.

 Objectif de l’étude :

  • Dans des dosages de formations complexes, avec des recombinants IgE, des allergènes et des cellules CD23+, les auteurs ont :
    • évalué la composition des répertoires IgE des sérums
    • et étudiés la corrélation entre le titre des IgE et la complexité du répertoire IgE.

 Matériel et Méthode :

  • La capacité des sérums de patients sensibilisés aux acariens de la poussières de maison à entraîner des formation de complexes IgE-Der p 2-CD 23 sur les cellules B CD 23 + a été mesurée.
  • Parallèlement, les effets d’une supplémentation de chaque sérum avec un ou plusieurs IgE recombinants monoclonaux spécifiques de Der p 2 sur la formation de ces complexes ont été étudiés.

 Résultats :

  • Seuls les sérums avec la plus forte concentration d’IgE spécifiques Der p 2 entrainent des formations de complexes sans apport supplémentaire d’IgE recombinants.
  • La titration intermédiaire des sérums peut entrainer la formation de complexes à des degrés divers lorsqu’on supplémente ces sérums avec des IgE recombinants individuels.
  • Le degré de formation des complexes dépend de l’affinité et de la spécificité des épitopes des IgE recombinants.
  • La formation de complexes en combinant les sérums et les IgEs recombinants ne peut pas être obtenue avec des sérums ayant un titre relativement bas d’IgE spécifiques.
  • Cependant, ces sérums ont la capacité d’augmenter de façon dramatique la faible formation des complexes, qui est achevée par des paires d’IgEs recombinants conçues avec une affinité.

 Conclusion :

  • La complexité IgE des sérums peut être directement évaluée en combinant des sérums avec des IgEs monoclonales définies dans des dosages de complexes IgE-allergène-CD23.
  • Les différences observées dans la couverture en épitopes des IgE sériques spécifiques de Der p 2 avec différentes titrations d’IgE spécifiques, indiquent que l’augmentation de la titration en IgE est corrélée avec l’augmentation de la complexité du répertoire IgE.
  • Une connaissance détaillée de la composition et de la complexité des répertoires IgE spécifiques (et la relation au titre des IgE), particulièrement dans la phase initiale de la sensibilisation, pourrait être utilisée pour améliorer la prédiction de la persistance et de la sévérité des symptômes allergiques aussi bien que la progression de la Marche Allergique.

Les auteurs démontrent qu’il y a un lien entre la complexité du répertoire IgE vis-à-vis des allergènes et la concentration sérique en IgE spécifiques. Ils utilisent un dosage particulier qui permet l’estimation de la complexité de ce répertoire, estimation qui pourrait être utile pour prédire la sévérité d’une allergie et sa persistance.

Ce travail fondamental est assez compliqué. Il étudie la relation entre la concentration en IgE spécifiques et les symptômes allergiques.

On sait qu’il n’y a pas une relation très claire entre un taux d’IgEs et la sévérité des manifestations cliniques.

Pour les auteurs, cela résulte d’une interaction complexe entre IgE, allergène et fixation sur les récepteurs de basse affinité des IgE, le CD23. La fixation du complexe entraîne d’une part la dégranulation des basophiles et mastocytes mais également, par le biais des cellules présentatrices d’antigènes l’activation des Th2. Le complexe IgE-Allergène-CD23 à une efficacité 100 fois supérieure aux seuls allergènes pour stimuler les Th2. Plus que la concentration en IgEs, c’est l’étendue du répertoire IgE vis-à-vis des épitopes de l’allergène qui est importante. Plus ce répertoire est étendu plus le risque allergique est important.

Comme il est difficile pour chaque patient d’avoir une « photo » de l’ensemble du répertoire IgEs vis-à-vis d’un allergène donné, les auteurs ont contourné le problème en réalisant un dosage qui mesure l’activité du complexe IgEs-allergène-CD23 vis-à-vis de Der p 2. Et ils ont fait varier cette activité en ajoutant des quantités connues d’IgE recombinant contre des épitopes identifiés de Der p 2. Selon qu’il y a ou non modification du résultat, on peut savoir s’il y avait ou non dans le sérum des IgE contre ces épitopes.

Au final, les auteurs démontrent que c’est la complexité du répertoire IgE vis-à-vis de l’allergène qui représente le risque réel allergique, plus que la concentration en IgE spécifique.

Sur le plan clinique on peut donc penser que plus le répertoire est étendu plus la sévérité de l’allergie est importante, ce qui est déjà observé cliniquement dans l’allergie alimentaire, par exemple vis-à-vis de l’arachide.

Ces résultats plaident pour une intervention très précoce sur le système immunitaire pour freiner le développement de ce répertoire chez le jeune enfant.

Rechercher

En bref

categories

  Allergenes

  Maladies

  Fonctionnel