Vaut-il mieux manger des carottes en Espagne ou au Danemark ?

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Vaut-il mieux manger des carottes en Espagne ou au Danemark ?

Vaut-il mieux manger des carottes en Espagne ou au Danemark ?

jeudi 10 mai 2012, par Dr Céline Palussière

Diagnostic moléculaire in vitro de l’allergie à la carotte dans trois régions d’Europe. : Ballmer-Weber BK, Skamstrup Hansen K, Sastre J, Andersson K, Bätscher I, Östling J, Dahl L, Hanschmann K-M, Holzhauser T, Poulsen LK, Lidholm J, Vieths S.

Component-resolved in vitro diagnosis of carrot allergy in three different regions of Europe.

dans Allergy 2012 ; 67 : 758–766.

 Contexte :

  • La carotte est une cause fréquente d’allergie alimentaire en Europe.
  • L’objectif de cette étude était d’évaluer un panel d’allergènes de la carotte pour un diagnostic d’allergie en Espagne, en Suisse et au Danemark.

 Méthodes :

  • Quarante-neuf patients allergiques à la carotte, 71 patients allergiques aux pollens mais tolérants à la carotte et 63 sujets contrôles non allergiques ont été inclus dans l’étude.
  • Les IgE sériques vis-à-vis de l’extrait de carotte et d’allergènes recombinants de la carotte ont été analysés par ImmunoCAP (rDau c 1.0104 ; rDau c 1.0201 ; rDau c 4 ; les isoflavone reductase-like protéines rDau c IFR 1 et rDau c IFR 2 ; la cyclophiline rDau c Cyc).

 Résultats :

  • La sensibilité du test basé sur l’extrait global de carotte était de 82%.
  • L’utilisation des allergènes recombinants a augmenté la sensibilité à 90%.
  • Les isoformes de Dau c 1 étaient les allergènes majeurs des patients allergiques à la carotte suisses et danois, alors que la profiline rDau 4 l’était pour les patients espagnols.
  • Les isoflavones réductases rDau c IFR 1 et rDau c IFR 2 étaient reconnues par 6% et 20% des allergiques à la carotte, mais n’ont pas contribué à augmenter encore la sensibilité du diagnostic.
  • Parmi les contrôles allergiques aux pollens, 34% avaient des IgE pour l’extrait de carotte, 18% pour rDau c 1.0104, rDau c 1.0201 et rDau c 4, 8% pour rDau c IFR 1 et 7% pour rDau c IFR 2.
  • Une sensibilisation pour rDau c cyc était retrouvée chez un seul sujet allergique à la carotte et un contrôle non atopique.

 Conclusion :

  • Les analyses du diagnostic moléculaire in vitro révèlent une différence significative dans le profil de sensibilisation selon les régions géographiques, et dans la prévalence de la sensibilisation aux allergènes de la carotte entre les patients allergiques à la carotte et les patients allergiques aux pollens mais tolérants à la carotte.

La carotte est largement consommée dans toute l’Europe, et c’est une cause fréquente d’allergie alimentaire.

Le diagnostic moléculaire peut nous aider à déterminer s’il vaut mieux être allergique à la carotte en Espagne, en Suisse ou au Danemark.

Cette étude a ainsi analysé les performances diagnostiques des tests cutanés à partir d’extrait global par rapport au diagnostic moléculaire à partir de six allergènes recombinants, chez près de 50 patients cliniquement allergiques à la carotte issus des trois pays.

Deux isoformes (relativement différents l’un de l’autre) de la PR-10 de la carotte, rDau c 1.0104 et rDau c 1.0201 étaient les allergènes majeurs des patients allergiques venant de Suisse et du Danemark.

La profiline rDau c 4 était l’allergène majeur des sujets espagnols.

Les isoflavone-réductases et la cyclophiline étaient retrouvées chez très peu de patients.

Ces résultats sont donc concordants avec ceux d’études antérieures portant sur d’autres aliments végétaux, comme la pomme ou la pêche. Les allergènes les plus fréquents en Europe du Nord sont les PR-10 alors que dans le sud on retrouve plus de réactivités pour les LTP ou les profilines.

Le diagnostic moléculaire permet une amélioration, toutefois modeste, de la sensibilité du diagnostic d’allergie à la carotte, qui passe ainsi de 82% avec les tests cutanés à 90% avec les IgE spécifiques vis-à-vis des recombinants.

On voit donc d’après ces travaux que les tests cutanés gardent tout leur intérêt, avec de bonnes valeurs prédictives de départ.

La biologie axée sur les allergènes recombinant apporte certes des informations importantes, mais qui, au final, intéressent plus le chercheur que le clinicien.

En effet, entre une allergie reposant sur les PR-10 et une allergie reposant sur les profilines, la conduite à tenir diffèrera peu. La PR-10 de la carotte étant sensible à la chaleur, on pourra certes autoriser la consommation de carotte cuite aux patients nordiques… Les risques encourus en cas d’ingestion ne sont, en principe, dans les deux cas peu sévères, et on se dispensera de trousse d’urgence contenant de l’adrénaline.

Il est en effet notable que dans cette étude, comme dans d’autres antérieurement, on n’ait pas mis en évidence de LTP dans la carotte.

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