Gerda Lyon 2013

lundi 30 septembre 2013 par Philippe Auriol3517 visites

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Gerda Lyon 2013

Gerda Lyon 2013

lundi 30 septembre 2013, par Philippe Auriol

Le Gerda 2013 se déroule sous la houlette du Pr Jean-François Nicolas. C’est encore une fois une manifestation qui rencontre un vif succès avec plus de 500 congressistes. Il faut dire que la réputation de "cours de qualité" de cet évènement n’est plus à faire. Je vous propose d’en voir un résumé succin, les plus passionnés d’entre vous pouvant suivre sur twitter mes notes en temps réel sur le hashtag #gerda.

Pathologies cutanés professionnelles chez les esthéticiennes

Christian Géraut

Cette profession est soumise à de nombreux irritants et à quelques allergènes forts.

Les gestes professionnels en sont l’examen de la peau, le maquillage, le démaquillage, gommage, épilation, drainages et massages manuels ou mécaniques, soins des ongles (solvants, résines, etc.).

Les matériaux en sont les cires, les crèmes, les huiles essentielles, lotions, lingettes avec en usage des pinces, ciseaux, agrafeuses et tiroirs !

Le lavage des mains avec des détergents et l’antisepsie avec des lotions hydro-alcoolique en sont les principales causes irritatives.

Les allergènes rapportés sont principalement les fragrances, les acrylates et les conservateurs. Plus accessoirement, les métaux, la colophane, lanoline, surfactants et caoutchoucs viennent s’ajouter.

Les lésions d’eczéma guérissent généralement complètement après éviction mais les produits en question s’exportant dans la vie quotidienne, cette éviction est parfois difficile.

Les huiles essentielles

C. Lafforgue

Les huiles essentielles, HE, ne sont pas des huiles mais la partie surnageante de l’extraction mécanique obtenue d’une matière végétale botaniquement définie.

L’extraction est obtenue majoritairement par entraînement à la vapeur. De nouveaux procédés de distillation en sur pression ou sous pression avec ou sans micro-ondes ou encore en diffusion viennent moderniser ces techniques millénaires.

Les extraits sont nommés selon le mode d’extraction : concrète, oléorésine, résinoïde, absolue, teinture, esprit.

Les molécules qui les composent sont chimiquement bien définies et identifiées.

Par exemple, les : carbures (limonène, pinènes), alcools (rose, géranium, linalol), aldéhydes (citral, géranial etc.), cétones (camphre), éther oxydes (eucalyptus), coumarines (psoralène), terpènes (sesquiterpènes, limonène), phénols (thymol).

Les HE issues de plantes a vertues pharmacologiques sont réservées en délivrance au monopole pharmaceutique (décret 2007-121 du 3 aout 2007 du code de la santé publique).

Leurs effets sont principalement souvent cytotoxiques (thymol), parfois phototoxiques (coumarine), antioxydants.

En cosmétique leur principal intérêt est leur côté amplificateur de la pénétration transcutanée. L’HE de lavande est réputée cicatrisante.

Une étude allemande portant sur les années 2000 et 2008 retrouve 18,5% de patients réactifs en patchs à une HE. Ces produits sont donc assez fortement allergisants.

Leur principale limite est leur instabilité à l’air ambiant avec une oxydation rapide, souvent responsable de leur allergénicité.

Allergènes professionnels de la coiffure

A. Goosens

De 2000 à 2013, 7227 personnes ont été vus en consultation de dermato-allergologie dans le service de Leuven. 160 d’entre eux travaillaient dans la coiffure.

65% des coiffeurs présentaient une réaction de type allergique. Dans 67% des cas sur les mains, dans 29% sur le visage. 58% étaient des dermatites irritatives et ou une dermatite allergique (53%) et/ou une urticaire de contact (4,4%).

 33% liées à la PPD
 31% aux persulfates
 23% au Nickel
 8% au MethylDibromoglutaronytrile
 6% aux parfums

Pour l’urticaire de contact la PPD et les colorants (Basic Blue 99 et basic Brown 77) sont en première place.

Risques respiratoires et cutanés liés aux produits de lissage capillaire

M.B Cleenewerck

Les techniques de lissage sont aujourd’hui très en vogue et le lissage dit "Brésilien" est la technique la plus répandue. Cette technique est présentée comme un "shampooing à base de keratine" pour "dompter les frisotis".

En réalité il s’agit de recourir à des agents alcalins pour dénaturer les ponts disulfures de la kératine. Le traitement chimique est complété d’un chauffage à 250°C par des plaques parfois complétées de vapeur d’eau auquel s’additionnent d’autres adjuvants chimiques.

De nombreuses plaintes de coiffeurs et de clients souffrant de brûlures aux yeux, nez, gorge et/ou de chute de cheveux ont alarmé les professionnels de santé.

Une enquête menée par l’Oregon OSHA (Occupationnal safety and health administration) a permis de retenir que l’on est loin des taux légaux de formaldéhyde maximaux tolérés de 0,2% avec des relargages de 6 à 10% y compris pour des produits qui sont sensés ne pas en contenir !

L’air ambiant des salons de coiffure effectuant des lissages Brésiliens en contiennent régulièrement autour de 1,5%.

La mention "contient du formaldéhyde est exigée dès la concentration de 0,05% en France.

Il semblerait que du formaldéhyde soit produit lors de la technique de chauffage par déshydratation du methylène glycol contenu dans les produits.

Il convient de rappeler que ces taux de formaldéhyde sont asthmogènes, irritants et, pour les coiffeurs, représentent un risque cancérigène non négligeable. De nombreuses brûlures cutanés ont été également rapportées.

Certains eczéma gardent-ils leur mystère ?

J.M. Lachapelle

Certains eczéma sont à cheval entre la dermite irritative et l’eczéma de contact, nous les énonçons ici :

Les eczémas de xérose cutanée :
 Eczémas de stase
 Eczémas nutritionnels
 Eczémas astéatosiques
 Eczémas craquelés banals des membres inférieurs
 Eczémas craquelés généralisés (carences, toxidermie ou syndrome paranéoplasiques).

L’eczéma nummulaire et son mystérieux mystère
 Région génitale et périgénitale chez l’enfant
 Région mamelonnaire chez la femme
 Région des paupières chez l’adulte

A ce jour il n’y a toujours pas d’explication. Une piste serait peut-être la présence de Treg en nombre supérieurs en zone saine.

Orientation professionnelle de l’atopique

P. Frimat

Eviter un métier à risque à un atopique était une solution envisageable autrefois avec une prévalence faible de la maladie. Avec aujourd’hui autour de 25% de la population frappée de cette affection, il n’est plus possible de préconiser sans plus d’arguments un changement d’activité.

L’atopie est dans bien des métiers un facteur de risque cutané. Mais ce sont surtout les facteurs agravants liés au métier qui seront souvent source de déclenchement :
 facteurs physiques : chaud, froid, humidité, sécheresse, frottement, poussières etc.
 facteurs chimiques : non spécifiques (solvants, agents de nettoyage) ou spécifiques (ciments, produits de coiffure)
 facteurs inidviduels (émotions, stress, compulsion, névroses)

Les activités les plus à risque sont, par ordre décroissant, la coiffure, les soins médicaux, les travaux de nettoyage, les métiers du BTP, la manipulation des aliments, les travaux mécaniques, les travaux agricoles et forestiers.

La législation Française permet le changement de poste mais aussi la formation professionnelle pour un changement d’activité.

L’eczéma atopique, un eczéma de contact pas comme les autres

JL Bourrain

La notion de dermatite atopique remonte au début du XXe siècle avec une publication dans le Year Book of Dermatology and Syphilology en 1933. L’atteinte cutanée observée dans la maladie atopique a eu de nombreux noms : prurigo du nourrisson, dermite atopique, eczéma atopique, eczéma du nourrisson, syndrome dermo-respiratoire etc. ce qui montre bien la difficulté à cerner cette maladie polyfactorielle.

Lorsqu’il y a une dizaine d’année les dermatologues pensent avoir établi que le défaut de la cuirasse vient d’une mutation génétique sur une protéine fondamentale de l’intégrité cutanée, la filaggrine, les statistiques ne retrouvent elles cette anomalie que dans un tiers des cas étudiés. Cette anomalie est donc une des clé mais seulement une d’entre elles.

Les caractéristiques de cette dermatite sont proches également des dermites irritatives simples avec activation de l’immunité innée.

Les causes alimentaires sont évoquées et le fait est qu’un enfant allergique au nickel qui avale, par mégarde, une pièce en nickel voit son eczéma s’accentuer alors même que la pièce sera quasiment intacte au bout du compte.

L’eczéma de contact avec les haptènes est également un mécanisme observé chez l’atopique.

La sensibilisation aux aéroallergènes par voie cutanée en est une autre voie avec des réactions parfois uniquement retardées, parfois immédiates et retardées, parfois seulement immédiates.

En conclusion, la dermatite atopique devrait être envisagée comme une dermatite de contact multiple aux protéines qu’elles soient d’origine exogène ou non.

Le Monde des disidroses

D Tennstedt

La dysidrose ou disidrose ou dishydrose est a orthographe multiple et est appelée pompholyx (bulle) par les anglosaxons. C’est une maladie complexe, fréquente, peu explorée et bien déroutante. Ses facteurs étiologiques sont bien loin d’être tous connus.

Avant de porter son diagnostic, il faut éliminer de nombreuses autres pathologies :
 Eczéma de contact
 Gale sarcoptique
 Herpès ou zona
 Dermatophytie des mains ou des pieds
 Psoriasis palmo-plantaire
 Pustulose palmo-plantaire
 Pemphigus et pemphigoïde
 Acro-vésicuo-pustulose infantile
 Dermatose à IgA linéaire
 Acro-Kératodermie synringuéle acrale (test de 2 à 15’ dans l’eau faisant apparaître les bulles caractéristiques).

La disidrose frappe plutôt les femmes et plus fréquemment les allergiques au nickel (peut-être cobalt et chrome), ou aux épices : girofle, muscade, curry, gingembre, cannelle, paprika ou laurier (avec en marqueur le baume du pérou, souvent). Ces liens restent toutefois sujet de controverse et de discussions passionnées.

La consommation de tabac est un facteur aggravant important. L’alcool et le café aussi, dans une moindre mesure.

L’atopie souvent évoquée comme terrain favorable, ne semble en rien être un facteur de risque.

L’association à des mycoses semble elle aussi être fortuite et simplement liées au fait que ces lésions sont créées elles aussi par l’hyperhidrose.

Certains traitements (immunoglobulines) en déclenchent en effet secondaire et seront peut-être des moyens de mieux en comprendre les mécanismes. (NDR : Docteur House, hommage à toi !).

Le traitement visera a éliminer les irritants et limiter le travail en milieu humide. Tabac, alcool, café doivent être arrêtés autant que possible. Le traitement corticoïde local est symptomatique et se complètera par une vidange des plus grosses bulles et une antisepsie (Chlorhexidine, eau de dalibour, permanganate de potassium). L’hyperhidrose locale sera prise en compte par agent antisudoral local (hexachlorure d’aluminium en particulier).

Patch-Test d’atopie et eczéma des paupières

M Castelain

Les paupières sont une zone particulièrement exposée aux aéro-allergènes et, chez l’atopique, proche d’une zone de souffrance allergique : la conjonctive.

Les patchs test d’atopie (PTA) sont réalisés avec des produits dilués dans la vaseline à 200IR. Le dos est la zone a privilégier pour la pose de ces tests si la zone cutanée est saine.

39% des dermatites atopiques testées ont un patch test positif au Der. Pteronyssinus alors que 31% ont un prick test positif à ce même allergène. L’allergie retardée existe bien, parfois, de manière isolée.

Sur Marseille, l’analyse de 785 patients vus pour eczéma des paupières entre 2004 et 2013, retrouve les étiologies suivantes :
 Textile, bijoux, chaussures et gants : 22%
 Cosmétique : 20%
 Aéro-allergène : 14%
 Iatrogénie : 12%
 Professionnel : 3,6%
 Travail ménager : 1,3%

Les allergènes en cause étant par ordre de fréquence :
 Nickel : 17,71%
 Der. Pteronyssinus (acarien) : 6,5%
 Baume du pérou : 5,61%
 Fragrance-mix : 5,35%
 Chlorure de cobalt : 5,35%
 Bichromate de Potassium : 4,46%
 Der. Farinae (acarien) : 4,20%
 Fragrance-mix 2 : 3,06%
 etc.

Métaux, parfums et aéro-allergènes sont les principales causes d’eczéma des paupières sur la population étudiée.

Hypersensibilité allergique retardée aux corticoïdes

M. Baeck

Comme toute substance, les corticoïdes peuvent également être responsables d’hypersensibilités. La fréquence de ces hypersensibilités est même assez importante estimée entre 0,2 et 5% de la population.

Il existe différentes familles de molécules ayant des effets corticoïdes si bien qu’il est possible de trouver une molécule alternative en cas d’allergie.

La classification traditionnelle se fait depuis 1989 (Coopman) en ABCD modifiée en D1/D2 en 1995 par Lepoittevin. L’auteur propose une simplification de cette classification en trois groupes :
 Groupe 1 (A, D2 et Budesonide) : molécules sans substitution méthyle en C16, le plus souvent non halogénés. Principales sources d’allergie.
 Groupe 2 (B) : molécules halogénés avec structure cis Kétal ou diol en C16/17.
 Groupe 3 (C, D1) : molécules halogénés avec substitution méthyle en C16, exceptionnellement à l’origine d’allergie.

Exemples :
 Groupe 1 : Budesonide, Cloprednol, Fludrocortisone, Hydrocortisone, Méthylprednisolone, Tixocortol, Triamcinolone etc.
 Groupe 2 : Flunisolide, Budesonide R-isomer, Triamcinolone diacetate ou hexacetonide etc.
 Groupe 3 : Beclomethasone, Betamethasone, Mométasone, Fluticasone proprionate etc.

(NDR : Cette simplification de classification devrait permettre, selon l’auteur, de rendre les choses plus faciles : nous vous en laissons juge. L’an dernier, au Gerda, une autre classification encore plus compliquée a été proposée par l’équipe d’Annick Barbaub à Nancy).

Quoi de neuf en Dermatochimie ?

JP Lepoittevin

 Les préhaptènes : les mécanismes de réaction avec les protéines de type classique nucléophiles-électrophile ne sont pas applicables à tous les allergènes. Certaines substances (les terpènes par exemple) nécessitent une oxydation pour devenir réactive : ce sont des pré haptènes.
 Les prohaptènes : La peau est dotée d’une activité métabolique variée qui vise, entre autre, à éliminer les xenobiotiques. Parfois, ce mécanisme de protection peut induire la production d’intermédiaires chimiquement actifs qui pourront alors se fixer sur les protéines épidermiques et conduire ainsi à des allergies de contact. (exemple du creosol, dérivé aromatique présent dans le goudron de bois et utilisé en parfumerie).

Quoi de neuf en Cosmétovigilance ?

M Vigan

C’est un concept récent dans lequel le Revidal-Gerda puis l’Afssaps et aujourd’hui l’ANSM ont été pionniers.
Le futur réglement européen sera effectif en 2013 et ses articles 22 et 23 obligeront les Etats membres à donner des moyens à leurs autorités de vigilance. L’autorité en question devra alors informer le responsable du produit cosmétique et l’autorité compétente de l’état membre. Les déclarations d’effet indésirable (qui survient dans des conditions normales d’usage) pourront être faites par le consommateur, le professionnel de santé, l’importateur ou le responsable du produit.

Nouveaux allergènes de contact

D Sasseville

 Methylisothiazolinone : Les isothiazolinones sont d’excellents biocides mais également des allergènes notoires. Depuis 30 ans leur usage est fréquent dans cosmétiques, peintures, huiles de coupe et adhésifs. Le test actuel de la batterie EECDRG ne détecte pas toutes les réactivités et il serait enisageable d’en augmenter la teneur de 200ppm à 2000ppm.
 Octocrylène : Photoallergène notoire qui croise avec le Ketoprofene, ce filtre solaire reste utile et important. Il est conseillé, en cas d’allergie, de se tourner vers les écrans minéraux.
 Palladium : faisant partie de la batterie métaux, il est peu testé. Toutefois, très utilisé en dentisterie, bijouterie et éléctronique, il doit être envisagé et testé dans ces circonstances.
 Glucosides : utilisés en tensio actifs non ioniques, on le retrouve également dans un filtre solaire :le Tinosorb M. Le lauryl glucoside est un bon marqueur de réactivité aux glucosides.
 Huile de Neem : extraite à froid des graines du margousier (Melia azadirachta), cette huile compose plus de 140 composants chimiques avec des activités insecticides, antiseptique, antifongique etc. Elle est incorporée dans nombre de shampoings, filtres solaires et dentifrices et a des usages en médecine traditionnelle Indienne (vermifuge, astringent, laxatif, acné, eczéma etc.). La crème Psorigon® en contient et plusieurs cas de dermatite de contact ont déjà été rapportés.
 Bisabolol : alcool sesquiterpénique qui est l’ingrédient principal de l’huile essentielle de la camomille. La pommade Emoliente Aquaphor® en contenait, 4 cas pédiatriques ont été réactifs, ils étaient également sensibles aux lactones sesquiterpéniques-mix. Ce produit est a déconseiller aux personnes allergiques aux astéracées (topiques, pas polliniques).

Rendez-vous en 2014 pour une prochaine édition du GERDA à La Baule

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