Viral ou bactérien, il faut choisir !

lundi 20 janvier 2003 par Dr Philippe Carré6838 visites

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Viral ou bactérien, il faut choisir !

Viral ou bactérien, il faut choisir !

lundi 20 janvier 2003, par Dr Philippe Carré

L’étiologie des exacerbations d’asthme est souvent difficile à affirmer, en particulier chez l’enfant. L’hypothèse d’une infection virale ou apparentée est souvent évoquée, mais difficile à affirmer en pratique. Les auteurs de cette étude ont recherché la fréquence de ces infections et l’existence éventuelle de facteurs cliniques associés.

Rôle des virus et des bactéries atypiques dans les exacerbations d’asthme chez des enfants hospitalisés : étude prospective dans la région Nord - Pas de Calais : C. Thumerelle, MD 1 *, A. Deschildre, MD 1, C. Bouquillon, MD 2, C. Santos, MD 1, A. Sardet, MD 3, M. Scalbert, MD 4, L. Delbecque, MD 5, P. Debray, MD 6, A. Dewilde, MD 2, D. Turck, MD 1, F. Leclerc, MD 1
1Department of Pediatrics, CHU Lille, Lille, France
2Department of Virology, CHU Lille, Lille, France
3Department of Pediatrics, Hôpital Lens, Lens, France
4Department of Pediatrics, Hôpital St.-Antoine-Lille, Lille, France
5Department of Pediatrics, Hôpital Tourcoing, Tourcoing, France
6Department of Pediatrics, Hôpital Valenciennes, Valenciennes, France
dans Pediatric pulmonology Vol 35 issue 2 2003

 Objectif. Nous avons étudié le rôle des virus et des bactéries atypiques chez des enfants hospitalisés pour exacerbation d’asthme, par étude prospective des enfants admis avec asthme aigu au département de pédiatrie à Lille et dans 15 hôpitaux du Nord-Pas de Calais, du 1° octobre 1998 au 30 juin 1999

 Méthode.
* Ont été inclus les enfants de 2 à 16 ans avec asthme actif, défini par la survenue d’au moins 3 épisodes récurrents de sifflements réversibles.
* Ont été notés la sévérité de l’asthme et des exacerbations.
* Les techniques d’immunofluorescence (IF) sur les sécrétions nasopharyngées (NP), des tests sérologiques, ou les 2, ont été utilisés pour la détection des virus influenza, du virus respiratoire syncitial (VRS), de l’adénovirus, du virus parainfluenzae et du coronavirus.
* Pour les rhinovirus et les entérovirus ont été utilisées des techniques de PCR sur les SN.
* Des tests sérologiques ont été réalisés pour la recherche de Chlamydia Pneumoniae et de Mycoplasma Pneumoniae.
* Des recherches virales (par IF et PCR) ont été réalisées dans un groupe contrôle de patients ambulatoires asymptomatiques.

 Résultats.
* 82 enfants symptomatiques (d’âge moyen 7.9 ans) ont été retenus.
* Des virus ont été détectés chez 38 % (entérovirus 15.8% ; rhinovirus 12% ; VRS 7.3%) ;
* les tests sérologiques étaient positifs pour les bactéries atypiques chez 10% des patients (C.Pneumoniae 5% ; M.Pneumoniae 5%).
* Parmi les 27 sujets contrôle (âge moyen 7.9 ans), une PCR était positive pour un entérovirus.
* Il n’y avait pas de relation entre la sévérité de l’asthme ou des exacerbations et le diagnostic d’infection.
* Les infections à bactéries atypiques étaient corrélées avec des symptômes plus prolongés.

 Conclusion. Cette étude confirme l’incidence élevée des infections virales dans les exacerbations aiguës d’asthme, en particulier à entérovirus et rhinovirus. La persistance des symptômes cliniques était plus fréquemment associée aux infections bactériennes atypiques, suggérant que ces infections devraient être investiguées et traitées en cas de symptômes d’asthme persistant.


Chez près de la moitié des enfants hospitalisés pour asthme aigu, on retrouve des signes biologiques d’infection, virale dans 38 % des cas et bactérienne apparentée dans 10 % des cas, contrairement à un groupe contrôle d’enfants asthmatiques non symptomatiques.

Quand les symptômes d’aggravation sont prolongés, l’infection est plus souvent en rapport avec une infection bactérienne apparentée.

Ces résultats confirment la fréquence des viroses dans les exacerbations d’asthme, mais aussi des infections à chlamydia, et surtout à mycoplasme comme cela a été rapporté dans plusieurs études antérieures.

Ce qui pose bien sûr le problème du traitement de ces infections en pratique courante ; les recherches biologiques restent en effet compliquées et difficiles à réaliser en routine, et leur rapport avantage/coût n’a pas été évalué.

Si une antibiothérapie était décidée, surtout si les symptômes « traînent », elle devrait d’après cette étude couvrir au moins les chlamydia et les mycoplasmes.

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