Attention à la pré-éclampsie, votre enfant risque d’avoir de l’asthme…

lundi 27 avril 2015 par Dr Cécilia Nocent782 visites

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Attention à la pré-éclampsie, votre enfant risque d’avoir de l’asthme…

Attention à la pré-éclampsie, votre enfant risque d’avoir de l’asthme…

lundi 27 avril 2015, par Dr Cécilia Nocent

Pré-éclampsie maternelle et asthme chez l’enfant : Liu X, Olsen J, Agerbo E, Yuan W, Wu CS, Li J.

Maternal preeclampsia and childhood asthma in the offspring.

dans Pediatr Allergy Immunol 2015 : 26 : 181–185.

 Contexte :

  • La pré-éclampsie est un facteur de risque possible d’asthme chez l’enfant.
  • Le but des auteurs est de trouver si la pré-éclampsie est associée à une augmentation de l’asthme des enfants.
  • Les auteurs ont donc étudié si on pouvait retrouver des facteurs explicatifs dans les fratries.

 Méthodes :

  • Tous les enfants nés au Danemark entre 1993 et 2007 ont été identifiés (n=923 533) et il a été recherché pour chacun si une pré-éclampsie s’était produite pendant la grossesse.
  • Les enfants ont été suivis de leur troisième anniversaire jusqu’à une première hospitalisation, une consultation externe ou une prescription pour asthme, une émigration, un décès, jusqu’à leur dix-huitième anniversaire ou jusqu’à la fin de l’étude en 2010.
  • Les auteurs ont comparé ces résultats à un échantillon contrôle et à des cas dans les fratries afin d’estimer un ratio de taux d’incidence (IRR) d’asthme en fonction de la pré-éclampsie maternelle par une régression logistique conditionnelle.

 Résultats :

  • Un total de 115 522 asthmatiques a été identifié entre 1996 et 2010.
  • En faisant une analyse cas-contrôle, le ratio de taux d’incidence d’asthme lors d’une pré-éclampsie maternelle est de 1.19 (95%CI : 1.15-1.24).
  • L’IRR pour un asthme en fonction d’une pré-éclampsie précoce ou tardive est de 1.88 (95%CI : 1.67-2.11) et 1.14 (95% CI : 1.10-1.19).
  • Dans l’analyse des fratries, l’IRR correspondant était de 1.06 (95%CI : 0.98-1.14), 1.15 (95%CI : 1.02-1.29) et 1.02 (95%CI : 0.93-1.11) respectivement.

 Conclusions :

  • La pré-éclampsie précoce est associée à une augmentation du risque d’asthme chez l’enfant mais une partie de cette association peut être due à des facteurs confondants partagés dans les fratries.

Il s’agit d’une étude épidémiologique pure réalisée par une équipe chinoise et danoise et publiée dans Pediatric Allergy and Immunology.

Cette étude est réalisée par des statisticiens qui émettent une hypothèse et qui essayent de la démontrer en se basant sur un registre national (comme cela existe au Danemark).

Les auteurs ont donc cherché s’il existait une relation entre pré-éclampsie pendant la grossesse et risque d’asthme chez l’enfant issu de cette grossesse. Ils ont donc étudié l’ensemble des nouveau-nés danois entre 1993 et 2007 (soit presque 1 million de nouveau-nés) et ont recherché si la mère avait présenté une pré-éclampsie pendant sa grossesse et à quel moment et si l’enfant présentait au décours de l’asthme à partir de ses 3 ans. Ils ne se sont pas intéressés à l’asthme du nourrisson.

Les auteurs ont retrouvé un risque d’asthme plus important dans le groupe des enfants qui étaient nés après une pré-éclampsie (que celle-ci soit précoce ou tardive). Par contre lorsqu’ils se sont intéressés aux fratries, les résultats n’étaient plus significatifs (le 0 était au milieu de l’intervalle de confiance).

Les auteurs concluent donc que la pré-éclampsie est un facteur de risque de développer un asthme dans l’enfance mais qu’il existe des facteurs confondants familiaux.

A mon avis, cette étude n’a pas beaucoup de poids car effectivement, beaucoup d’autres facteurs en particulier liés à l’environnement peuvent intervenir. Les facteurs de risque de pré-éclampsie n’ont pas été évoqués mais peut-être que les conditions de vie défavorisées, le tabagisme sont des facteurs de risque de pré-éclampsie mais aussi d’asthme de l’enfant et que cette association n’est que fortuite et découverte car recherchée par une équipe de statisticiens.

Il faut à mon avis se méfier de tels résultats car il est facile de trouver des associations statistiquement significatives par des équipes de statisticiens entraînés mais ayant peu de pertinence clinique ou trop de biais méthodologiques. Gardons cette étude en mémoire mais n’alertons pas les mamans qui terminent leur grossesse par une pré-éclampsie…

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