Soyez zen pendant votre grossesse ou comment culpabiliser des futures mères…

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Soyez zen pendant votre grossesse ou comment culpabiliser des futures mères…

Soyez zen pendant votre grossesse ou comment culpabiliser des futures mères…

mercredi 29 janvier 2014, par Dr Cécilia Nocent

Détresse psychologique des parents pendant la grossesse et sifflements chez les enfants en âge pré-scolaire : L’étude Génération R :Mònica Guxens, Agnes M.M. Sonnenschein–van der Voort, Henning Tiemeier, Albert Hofman, Jordi Sunyer, Johan C. de Jongste, Vincent W.V. Jaddoe, Liesbeth Duijts

dans The Journal of Allergy and Clinical Immunology - January 2014 (Vol. 133, Issue 1, Pages 59-67.e12, DOI : 10.1016/j.jaci.2013.04.04

 Contexte :

  • La détresse psychologique des mères pendant la grossesse pourrait affecter le développement pulmonaire et ainsi prédisposer les enfants à un asthme de l’enfance.

 Objectif :

  • Les auteurs ont cherché à évaluer l’association entre une détresse psychologique maternelle pendant la grossesse avec des sifflements précoces chez l’enfant.

 Méthodes :

  • Les auteurs ont constitué une cohorte prospective de 4848 enfants.
  • Ils ont évalué la détresse psychologique des mères et des pères au deuxième trimestre de gestation et trois ans après l’accouchement et la détresse psychologique des mères à 2 et 6 mois après l’accouchement en utilisant un questionnaire bref d’inventaire de symptômes.
  • Les sifflements chez les enfants étaient recherchés chaque année par questionnaire de 1 à 4 ans.
  • Le diagnostic d’asthme porté par un médecin était fait à 6 ans.

 Résultats :

  • Les mères ayant présenté une détresse psychologique pendant la grossesse avaient une augmentation du risque de sifflements chez leurs enfants entre 1 et 4 ans (toute détresse : OR : 1.6 (95%CI : 1.32-1.93) ; dépression : OR : 1.46 (95%CI : 1.2-1.77) ; anxiété : OR : 1.39 (95% CI : 1.15-1.67).
  • Les auteurs ont observé la même association positive avec le nombre d’épisodes de sifflements et le nombre d’asthme diagnostiqué à l’âge de 6 ans.
  • La détresse paternelle pendant la grossesse et la détresse du père et de la mère après l’accouchement n’affecte pas ces résultats et ne sont pas associés au sifflement des enfants.

 Conclusion :

  • La détresse psychologique des mères pendant la grossesse est associée à une augmentation du risque de sifflement de leur enfant pendant les 6 premières années de vie indépendamment de la détresse psychologique des pères pendant la grossesse et des mères et des pères après l’accouchement.
  • Ces résultats suggèrent la possibilité d’un effet programmé intra-utérin de la détresse psychologique maternelle sur la morbidité respiratoire.

Il s’agit d’une étude néerlandaise parue dans le JACI en 2013 qui s’intéresse à la relation possible entre une détresse psychologique pendant la grossesse et l’apparition de sifflements chez l’enfant.

Il s’agit d’une étude prospective sur presque 5000 enfants. L’évaluation de la détresse psychologique des parents était faite grâce à un questionnaire bref d’inventaire de symptômes. Il s’agit d’un questionnaire comprenant 53 items et correspondant à une version abrégée du SCL-90R. Ce questionnaire s’intéresse à 9 entités : la somatisation, l’obsession-compulsion, la sensibilité interpersonnelle, la dépression, l’anxiété, l’aliénation sociale, l’anxiété phobique, l’idéation paranoïde et l’hostilité.

L’évaluation de la détresse psychologique se faisait à plusieurs temps de la grossesse ou du post-partum chez la mère et chez le père. En parallèle, on recherchait chaque année si l’enfant avait présenté des sifflements et à 6 ans, on demandait un diagnostic d’asthme porté par un médecin.

Cette étude montre que les enfants dont la mère présentait une détresse psychologique pendant le deuxième trimestre de grossesse avaient plus de sifflements que les autres et plus d’asthme à l’âge de 6 ans. La détresse psychologique des pères n’avait pas d’influence sur les symptômes de l’enfant ; la détresse des parents après l’accouchement n’avait pas non plus d’influence sur la santé respiratoire de l’enfant.

Cette étude est très intéressante car elle montre que l’état psychologique d’une femme enceinte peut avoir un lien avec les futurs symptômes de l’enfant. Cela sous-entend qu’il faut donc rechercher ce qui est sécrété lors d’une détresse psychologique, qui passerait le placenta et qui pourrait influencer le développement des poumons ou d’une hyper-réactivité bronchique.

Cette association état psychologique pendant la grossesse – survenue de symptômes chez l’enfant pourrait par contre avoir un effet négatif sur l’acceptation de l’asthme de l’enfant par les parents et en particulier par la mère. Il est déjà fréquent que les parents nous demandent pendant la consultation s’ils sont responsables de la maladie de leur enfant. Si ce lien se confirme, les mères vont culpabiliser encore plus. En parallèle, faut-il envisager une meilleure prise en charge psychologique pendant la grossesse afin de limiter le nombre d’enfants siffleurs pendant les premières années de vie ? Le débat reste entier et les résultats de cette étude doivent être suivis avec attention.

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