TPODA : un étalon-or à la réputation ternie !

mercredi 18 février 2015 par Dr Alain Thillay397 visites

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TPODA : un étalon-or à la réputation ternie !

TPODA : un étalon-or à la réputation ternie !

mercredi 18 février 2015, par Dr Alain Thillay

Différences entre les observateurs dans l’interprétation du test de provocation alimentaire orale, contrôlé contre placebo, en double aveugle : un essai randomisé. : Brand PLP, Landzaat-Berghuizen MA. Differences between observers in interpreting double-blind placebo-controlled food challenges : A randomized trial.

dans Pediatr Allergy Immunol 2015 : 25 : 755–759.

 Contexte :

  • L’interprétation du test de provocation orale en double aveugle contrôlé contre placebo (TPODA) peut être difficile, en particulier du fait de l’ambiguïté des symptômes subjectifs.
  • L’ouverture anticipée des résultats du test de provocation (vrai ou placebo) peut influencer l’interprétation du TPODA par le clinicien.

 Méthodes :

  • Cinquante et un cliniciens ont examiné les résultats de 19 tests de provocation comportant des symptômes cliniques ambigus et ont été randomisés dans une stratégie communication en premier du résultat du TPODA avant d’examiner les symptômes sur les deux jours de provocation et de décider du résultat du test de provocation ou dans un stratégie de révélation en premier des symptômes (examen des symptômes puis interprétation des deux jours de test, positif ou négatif avant communication du résultat et de décider ensuite du résultat du TPODA).

 Résultats :

  • La proportion de tests de provocation considérés comme concluants était comparable entre les deux groupes de stratégie (p = 0,791).
  • Les participants du groupe « symptômes en premier » étaient plus susceptibles d’envisager un test de provocation comme étant positif (14 tests, 73,7%) que ceux du groupe « révélation du résultat en premier » (quatre tests, 21,1%).
  • Le nombre de tests positifs est plus élevé dans le groupe « symptômes en premier » (médiane 50,0%, intervalle interquartile [IQR] de 23,1 à 76,9%) que dans le groupe « révélation du résultat en premier » (44,0%, IQR de 12,0 à 68,0%, p = 0,031).
  • Ce constat était indépendant de la profession du participant (pédiatre ou autre), de l’âge, du sexe ou des années d’expérience (p> 0,3).

 Conclusions :

  • Les cliniciens diffèrent dans leur interprétation des résultats du TPODA lorsque les symptômes sont ambigus.
  • La communication de la clé d’un test de provocation avant d’examiner et d’interpréter les symptômes réduit significativement la probabilité du test de provocation comme étant interprété positif.
  • Les recommandations pour la pratique des tests de provocation orale en double aveugle contrôlés contre placebo devraient standardiser pour ce qui concerne le moment de l’ouverture de la clé du test.

L’allergologie moléculaire a révolutionné le diagnostic de l’allergie alimentaire. Pourtant, surtout dans le domaine de la recherche, le test de provocation orale en double aveugle contrôlé contre placebo reste l’étalon-or. Mais, ce fameux étalon-or est-il aussi inaltérable qu’on le dit ? Ne dépend-il pas trop de l’interprétation du clinicien ?

C’est tout l’intérêt de cette étude néerlandaise qui a sélectionné 19 TPODA dont le résultat était litigieux du fait de symptômes ambigus.

Cinquante et un praticiens ont été randomisés dans le cadre de deux stratégies.

Dans le premier groupe, le résultat définitif du test de provocation était révélé avant communication des symptômes.
Dans un second groupe, c’était l’inverse, symptômes d’abord, résultat ensuite.

Les auteurs constatent évidemment que lorsque les symptômes sont équivoques les cliniciens ne sont pas consensuels pour les résultats.

Ces cliniciens sont influençables, ainsi la communication du résultat avant celle des symptômes diminue la probabilité d’interpréter correctement un test réellement positif, ce qui n’est pas le cas à l’inverse, symptômes d’abord, clé ensuite.

On le voit bien, le TPODA n’est pas si sûr qu’on peut le croire. Certes, lorsque les symptômes sont clairs et nets différenciant bien, le jour placebo du jour avec l’aliment incriminé, pas de problème. Tout ce complique lorsque les symptômes sont ambigus.

Les auteurs de l’étude insistent donc sur l’intérêt d’être homogène dans le protocole d’interprétation et de préférer bien sûr l’analyse des symptômes avant de communiquer le jour du vrai test et le jour du placebo, ce qui améliorera la sensibilité.

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