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Tu es poussière, tu retourneras poussière et entre les deux, tu seras asthmatique !
vendredi 16 décembre 2005, par
Un des aspects essentiels de l’hypothèse hygiéniste, toujours discutée, est l’induction d’une protection antiallergique par exposition aux endotoxines mais peu de travaux se sont intéressés aux conséquence de ces endotoxines, agents pro-inflammatoires de l’environnement, sur la pathologie asthmatique.
L’exposition aux endotoxines est un facteur de risque de l’asthme.
Enquête nationale sur les endotoxines des logements aux États-Unis. : Yi-Giien Tsai1, Jien-Wen Chien1, Woan-Ling Chen2, Jeng-Jer Shieh2 and Ching-Yuang Lin1
1Department of Pediatrics, Children’s Hospital, Changhua Christian Hospital, Institute of Medical Research, Chang Jung Christian University, Changhua, Taiwan, 2Department of Medical Research, Children’s Hospital, Changhua Christian Hospital, Institute of Medical Research, Chang Jung Christian University, Changhua, Taiwan
dans Pediatric Allergy and Immunology
Volume 16 Issue 7 Page 602 - November 2005
– Contexte :
- Bien que la recherche ait montré que l’exposition dans les premières années de vie aux endotoxines domestiques protège contre le développement des maladies allergiques, les études sont moins claires sur la relation entre l’exposition aux endotoxines domestiques et la prévalence de sibilants et d’asthme.
- Nous avons étudié 2552 échantillons de poussière de maison dans un échantillon représentatif au niveau national pour explorer les relations entre l’exposition aux endotoxines et les facteurs de risque d’asthme, de symptômes d’asthme et de consommation médicamenteuse.
– Méthodes :
- La poussière de maison a été échantillonnée à partir d’aspiration dans 5 endroits du domicile et son contenu en endotoxine mesuré.
- Des paramètres démographiques, de santé, et de logement ont été établis par questionnaire et par évaluation sur site de 2456 habitants de 831 logements sélectionnés pour représenter la démographie des États-Unis.
– Résultats :
- Les concentrations en endotoxines (EU/mg) étaient étroitement corrélées aux charges en endotoxines ( EU/m²) (r=0.73-0.79).
- Les moyennes géométriques des concentrations en endotoxines s’établissaient comme suit (en EU/mg) : plancher de la chambre, 35.3 ( 5%-95%, 5-260), literie, 18.7 (2-142), plancher du salon, 63.9 (11.5-331), canapés, 44.8 (6.4-240) et sols de la cuisine, 80.5 (9.8-512).
- Une analyse en multivariant a démontré des relations significatives entre des niveaux élevés d’endotoxines et des diagnostics d’asthme, des symptômes d’asthme au cours de l’année écoulée, le recours fréquent à des médications antiasthmatiques et à la présence de sibilants parmi les habitants des logements.
- Ces relations étaient plus fortes pour la poussière du plancher de la chambre et de la literie et n’ont été observées que chez les adultes.
- La modélisation de l’effet conjugué des endotoxines de la literie et du plancher de la chambre sur des symptômes d’asthme récent a conduit à un odd ratio ajusté de 2.83 (IC de 95%, 1.01-7.87).
- Une fois stratifiés selon le statut allergique, les sujets allergiques soumis à des niveaux élevés d’endotoxines n’avaient pas plus tendance à présenter un asthme diagnostiqué ou des symptômes asthmatiques que des sujets non allergiques.
– Conclusion :
- Cette étude démontre que l’exposition aux endotoxines domestiques est un facteur de risque significatif pour l’augmentation de la prévalence de l’asthme.
L’exposition aux endotoxines domestiques (les résultats auraient-ils été différents avec des endotoxines liées aux animaux de ferme ?) est associée de façon significative avec l’asthme et les symptômes d’asthme.
La théorie hygiéniste évoque une protection contre les maladies allergiques, mais ne dit rien de très clair sur les conséquences d’une exposition aux endotoxines sur la maladie asthmatique.
Rappelons que la réponse à l’exposition aux endotoxines n’est pas univoque et dépend de plusieurs facteurs : nous pouvons citer (entre autre)
- Des facteurs génétiques conditionnant les récepteurs à ces endotoxines, notamment les toll-récepteurs
- Le moment de cette stimulation
- L’existence d’une pathologie sous-jacente.
Plusieurs études ont semblé indiquer que l’effet protecteur des endotoxines lors de la sensibilisation allergénique est lié à leur capacité à réorienter la réponse immunitaire à l’allergène vers un profil Th1 défavorable à l’allergie.
Ce que cette étude nous rappelle (en accord avec les quelques publications sur le sujet) c’est que loin d’être une future thérapeutique préventive des maladies allergiques, les endotoxines sont des cofacteurs environnementaux importants dans l’installation et la sévérité de la maladie asthmatique.
Les perspectives d’utilisation thérapeutiques de ces endotoxines, un peu rapidement évoquées, sont remises à plus tard !...
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