DA et allergie aux acariens : voie injectable ou sublinguale ?

jeudi 26 juin 2008 par Dr Alain Thillay1406 visites

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DA et allergie aux acariens : voie injectable ou sublinguale ?

DA et allergie aux acariens : voie injectable ou sublinguale ?

jeudi 26 juin 2008, par Dr Alain Thillay

De plus en plus d’études accumulent des résultats positifs très encourageants concernant l’immunothérapie spécifique par voie injectable chez des sujets avec dermatite atopique et sensibilisation aux acariens domestiques. Ce travail pilote cherche à montrer que la voie sublinguale est tout aussi efficace dans cette même indication.

L’immunothérapie spécifique sublinguale est efficace chez des patients atteints de dermatite atopique et présentant une sensibilisation aux acariens domestiques : une étude prospective pilote. : Cadario G, Galluccio AG, Pezza M, Appino A, Milani M, Pecora S, Mastrandrea F.

S. Giovanni Battista Hospital, Allergy Clinical Immunology, Turin, Italy.

dans Curr Med Res Opin. 2007 Oct ;23(10):2503-6

 Historique :

  • Il a été démontré que l’immunothérapie spécifique sous-cutanée aux acariens domestiques améliore l’état cutané des patients atteints de dermatite atopique (DA).
  • Jusqu’à présent, il existe moins de données concernant l’efficacité et l’innocuité de l’immunothérapie spécifique sublinguale (ITSL) chez les patients souffrant de DA.

 Objectif :

  • Evaluer, dans un essai pilote ouvert, non contrôlé, non randomisé, l’effet d’une ITSL acariens domestiques (SLITone, ALK Abellò Italie) sur le SCORAD de patients adultes ayant une DA légère à modérée.

 Patients et méthodes :

  • 86 sujets (53 femmes et 33 hommes) âgés de 3 à 60 ans atteints de DA et ayant une IgE réactivité spécifique des acariens domestiques au niveau sérique (classe>2) ont été enrôlés après consentement éclairé dans l’essai.
  • Les critères d’exclusion étaient l’asthme sévère et les traitements corticostéroïdes topiques puissants ou avec des agents immunosuppresseurs.
  • Les patients ont reçu une ITSL (extrait de Dermatophagoides pteronyssinus et Dermatophagoides farinae : SLITone, ALK-Abellò) pendant au moins 12 mois.
  • Le SCORAD a été évalué au départ et après 12 mois de traitement.

 Résultats :

  • Les valeurs moyennes basales du SCORAD étaient, (valeur moyenne + / - DS), 43,3 + / - 13,7 (fourchette 15-84).
  • Après 1 an d’ITSL, les valeurs moyennes du SCORAD + / -DS, étaient ramenées à 23,7 + / - 13,3 (fourchette : 0-65) (p = 0,0001 ; test t de comparaison vs valeurs basales).
  • Il a été noté une réduction de 46% du SCORAD par rapport à la valeur de base.
  • Une amélioration significative, définie comme une réduction du SCORAD de 30%, a été observée chez 51 des 86 patients (59%).
    -*Chez 5 patients (5,8%), la valeur du SCORAD n’a pas changé à la fin de la période d’observation.
  • Chez 30 patients (35%) la réduction du SCORAD après ITSL est <ou = 30% par rapport aux valeurs basales.
  • Les IgE totales et spécifiques sériques ont été réduites de façon significative (p = 0,001) réduit après ITSL.
  • Aucun événement indésirable grave n’a été observé pendant l’étude.

 Conclusion :

  • Dans cet essai non contrôlé en ouvert d’ITSL aux acariens domestiques chez des patients présentant une DA légère à modérée, ce traitement s’est montré efficace pour réduire le SCORAD après 1 an.
  • En outre, le traitement a été très bien toléré.
  • Cette ITSL a permis de plus une réduction concomitante et progressive des thérapies topiques corticostéroïdes ou immunosuppressives.
  • Présenter des résultats probants requièrent des essais contrôlés de grande envergure afin de confirmer le bénéfice clinique potentiel de l’ITSL dans cette expression clinique de l’atopie.

Les auteurs turinois de cette étude prospective pilote non contrôlée en ouvert ont cherché à savoir si l’ITSL acariens domestiques montrait une efficacité sur la diminution du SCORAD chez des patients atteints de DA légère à modérée et ayant une IgE réactivité aux acariens domestiques.

Effectivement, en arguant du fait que de plus en plus d’études mettent en évidence un effet positif de l’immunothérapie spécifique injectable dans les mêmes conditions cliniques, il était logique de chercher à faire la démonstration pour l’ITSL.

Compte tenu des critères retenus pour ce travail, les résultats apparaissent intéressant, la valeur moyenne du SCORAD passe de 43,3 à 23,7, ce qui correspond à une réduction de 46%. Bien sûr, corrélativement, la diminution de l’utilisation des médications topiques est au rendez-vous.

Ainsi, cette étude pilote plaide pour une efficacité de l’ITSL acariens domestiques dans le traitement de la DA légère à modérée comme l’immunothérapie spécifique par voie injectable. Il faudra aller plus loin à l’aide d’études de plus grande envergure, randomisées, en double-aveugle avec deux bras, l’un contre placebo, l’autre contre l’injectable.

Cette efficacité de l’immunothérapie spécifique dans la DA interpelle sur le mécanisme d’action. Existe-t-il, dans ce cas, une véritable IgE réactivité cutanée expliquant l’eczéma et l’efficacité de l’immunothérapie spécifique ou bien s’agit-il d’une simple sensibilisation par voie percutanée ne s’exprimant pas encore sur le plan respiratoire, alors l’action de ce traitement se ferait plus probablement par une modulation de la balance TH1/TH2 par l’intermédiaire de TH3 régulateur via les TLR ?

En tous cas, cette étude donne raison aux allergologues qui depuis longtemps posent l’indication de l’immunothérapie spécifique dans la DA avec IgE réactivité aux acariens domestiques. Quelques arguments de plus pour nourrir la controverse avec ceux qui ne jurent que par les dermocorticoïdes.

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