Hypothèse hygiéniste et immunologie fondamentale : à vous dégoûter du savon ! !

samedi 9 avril 2005 par Dr Stéphane Guez2345 visites

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Hypothèse hygiéniste et immunologie fondamentale : à vous dégoûter du savon ! !

Hypothèse hygiéniste et immunologie fondamentale : à vous dégoûter du savon ! !

samedi 9 avril 2005, par Dr Stéphane Guez

L’hypothèse hygiéniste est très en vogue dans le milieu immunologique et allergologique pour expliquer le développement des maladies allergiques. Cependant, le mécanisme d’action de cette exposition bactérienne précoce sur un développement favorable du système immunologique reste mal connu.

Les cellules T régulatrices sont diminuées dans le sang du cordon de nouveaux nés ayant un risque allergique d’origine héréditaire. : Unni Haddeland1, Anne B. Karstensen2, Lorant Farkas1, Knut Olav Bø3, Jouko Pirhonen4, Malin Karlsson1, Wenche Kvåvik5, Per Brandtzaeg1 and Britt Nakstad2

1Laboratory for Immunohistochemistry and Immunopathology (LIIPAT), Institute of Pathology, University of Oslo, Rikshospitalet University Hospital, Oslo, Norway, 2Department of Pediatrics, Akershus University Hospital, Oslo, Norway, Departments of 3Pediatrics and 4Obstetrics and Gynecology, Ullevål University Hospital, Oslo, Norway, 5Norwegian Reference Center for Sterilization, Department of Infection Prevention, Rikshospitalet University Hospital, Oslo, Norway

dans Pediatric Allergy and Immunology 16 (2), 104-112.

 Introduction :

  • L’hypothèse hygiéniste suppose que l’augmentation de prévalence des allergies dans les pays dits de « l’Ouest » s’explique par une diminution de l’exposition aux bactéries dans les premières années de la vie, mais avec un mécanisme sous jacent qui reste méconnu.

 Objectif de l’étude :

  • Les auteurs ont voulu étudier les effets des lipopolysaccharides de bactéries (LPS) sur la génération des cellules lymphocytaires T régulatrices (LTR) chez les nouveaux nés et analyser les différences entre :
    • les nouveaux nés à risque allergique en raison d’antécédents familiaux d’allergies (F+)
    • et des nouveaux nés témoins sans antécédents héréditaires atopiques (F-).

 Méthodologie :

  • Les cellules mononucléées du sang de cordon des nouveaux nés ont été stimulées par de la bêta lactoglobuline, en présence de LPS.
  • Le phénotype lymphocytaire T évocateur d’une différenciation en LTR (CD25+ et CD25++ et intégrine alpha E+ (CD103+), ainsi que la prolifération intracellulaire de l’antigène Ki-67 ont été mesurés par cytométrie de flux.
  • La libération de la cytokine immunosuppressive TGF béta1 à partir de son complexe inactif a été évaluée par un test ELISA.

 Résultats :

  • L’analyse a révélé la génération de cellules ayant un phénotype de type LTR incluant un sous type CD25++ qui a été inversement lié à la prolifération cellulaire T (r=-0.54, p<0.05) et à la libération de TGF béta1 activé (r=-0.80, p<0 .001).
  • La sous population lymphocytaire CD25 élevé semble être altérée dans le groupe FH+ (%de cellules T CD3+ : FH+ = 5.1% versus FH- 12.6%) et notamment, le groupe FH+ montre une réduction significative de la capacité à générer à la fois des cellules T CD25+ (FH+, 16.2% versus. FH , 34.9% ; p < 0.01) et des cellules T alpha E+ (FH+, 2.1% versus. FH , 3.9% ; p < 0.05).

 Conclusion :

  • Ces données suggèrent que l’exposition dans les premières années de la vie à une alimentation riche en antigènes en présence de LPS pourrait conduire à une immunomodulation du système immunologique par le biais d’une génération de LTR.
  • Cette capacité est diminuée chez les nouveaux nés ayant un terrain allergique d’origine héréditaire, mais un suivi clinique est nécessaire pour déterminer les effets possibles de ces résultats sur l’apparition d’un train allergique.

Dans ce travail fondamental, les auteurs démontrent que dans le sang de nouveaux nés ayant des facteurs de risque allergiques, il existe des anomalies de différenciation lymphocytaire. En particulier, il y a, après stimulation antigénique en présence de LPS, une diminution des lymphocytes T régulateurs.

Ce travail a porté sur la recherche de la caractérisation immunologique de l’hypothèse hygiéniste.

Les auteurs se sont penchés sur une catégorie particulière de lymphocytes dits régulateurs. Il s’agit d’une sous population différente des CD4+, qui exprime à la fois le CD25 et l’intégrine CD103. Ces lymphocytes contrôlent le développement de la réponse immune et sont particulièrement impliqués dans l’élimination des clones de reconnaissance des antigènes du soi. Un déficit de cette sous-population de LT régulateurs peut donc favoriser des maladies auto immunes.

Ici, les auteurs pensent que ces cellules sont impliquées dans le développement de la réaction allergique, avec un défaut de cette sous population chez les enfants à risque allergique. Mais si on stimule le système immunitaire avec du LPS, chez des enfants non allergiques, il y a augmentation de cette sous population.

Le problème de cette étude est l’absence totale de corrélation avec des manifestations allergiques puisqu’il s’agit de sang de nouveaux nés. D’autre part, le phénotype allergique repose uniquement sur les antécédents familiaux.

Il n’est donc pas possible de tirer de conclusion pratique de ce travail pour l’instant.

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