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Faut-il vraiment chercher à diminuer l’humidité dans les maisons ?
lundi 18 mars 2013, par
Relations entre l’humidité et les moisissures et les symptômes respiratoires et allergiques chez les enfants : résultats de la Deuxième phase de l’Etude Internationnale sur les allergies dans l’enfance (ISAAC phase 2). : G Weinmayr1,*, U Gehring2, J Genuneit1, G Büchele1, A Kleiner1, R Siebers3, K Wickens3, J Crane3, B Brunekreef2,4, DP Strachan5, The ISAAC Phase Two Study Group†
dans Clinical & Experimental Allergy
– Contexte :
- Plusieurs études rapportent que les conditions d’humidité dans l’habitat sont associés à des symptômes respiratoires.
- On connaît moins les mécanismes et les effets possibles des modifications.
- Les études sur les relations entre l’humidité et la sensibilisation allergique et l’eczéma sont rares.
– Objectifs :
- Nous avons étudié l’influence des conditions d’humidité dans l’habitat tout autour du monde sur les symptômes et les événements objectifs.
– Méthodes :
- Les études transversales des enfants de 8 à 12 ans dans 20 pays ont utilisé une méthodologie standardisée de la Phase 2 de l’étude ISAAC ( International Study of Asthma and Allergies in Childhood ).
- Les symptômes d’asthme, de rhinite et d’eczéma, ainsi que l’exposition domestique à l’humidité et aux moisissures, ont été recueillies par un questionnaire aux parents (N=46051).
- Les examens de la peau, les prick-tests cutanés (N=26967) et les tests de provocation au sérum salé hypertonique (N=5713) ont été réalisés.
- Dans un sous-échantillon caractérisé par les sifflements respiratoires (N=1175), de la poussière a été recueillie et analysée au point de vue de la présence d’allergènes d’acariens domestiques et d’endotoxines fongiques.
– Résultats :
- L’exposition courante à l’humidité était plus fréquente chez les enfants siffleurs (odds radio 1,58, IC 95% 1,4-1,79) et elle était associé à une plus grande sévérité des symptômes de sifflements, indépendamment de l’atopie.
- L’humidité favorisait également de façon significative (p<0,01) la toux et l’asthénie, la rhinite et l’eczéma rapporté par les patients mais pas l’eczéma objectivé par un examen clinique, et pas l’hyperréactivité bronchique.
- La sensibilisation aux acariens domestiques était plus fréquente dans les maisons humides (OE 1,16, 1,03-1,32).
- Les taux d’allergènes d’acariens étaient supérieurs dans les habitats humides et étaient associés positivement avec la sensibilisation aux acariens, mais pas aux sifflements.
– Conclusion :
- Une association significative de l’humidité avec les symptômes respiratoires et autres a été mise en évidence dans les pays développés comme dans les pays en développement, à la fois chez les enfants atopiques et non atopiques.
- L’exposition aux acariens et la sensibilisation pourraient contribuer à cette association, mais le lien semble reposer essentiellement sur des mécanismes non atopiques.
La deuxième phase de l’étude ISAAC analyse depuis plus de dix ans les caractéristiques des pathologies de type atopique respiratoires et cutanées, en rapport avec les facteurs environnementaux et génétiques.
Les résultats exploités dans cet articles concernent l’influence de l’humidité de l’habitat et de la présence de moisissures sur l’apparition de phénomènes respiratoires.
Tout l’intérêt de ce travail repose sur la puissance statistique de l’étude, qui concerne plus de 45000 sujets répartis sur 20 pays de statuts socio-économiques variés.
Après analyse de questionnaires remplis par les familles d’enfants de 8 à 12 ans, ainsi que des résultats de prick-tests et de tests d’hyperréactvité bronchique, les auteurs ont mis en évidence un lien statistique entre l’exposition à l’humidité domestique et l’incidence et la sévérité des symptômes respiratoires.
La poussière de plus de 1000 logements a été aussi analysée en terme de présence d’allergènes d’acariens et de mycotoxines.
Cette augmentation des signes respiratoires en cas d’humidité serait essentiellement liée à l’augmentation de la prévalence de la sensibilisation aux acariens domestiques, mais aussi avec la présence de toxines fongiques qui peuvent être agressives pour les voies respiratoires.
Ces données confirment l’importance de l’environnement sur le développement de pathologies atopiques. Il n’est pas toujours simple de connaître le taux d’humidité de son logement. Cet article pourrait ainsi être considéré comme un argument de poids pour le développement des Conseillers en Environnement Intérieur. Ceux-ci peuvent en effet effectuer des mesures et des prélèvements directement au domicile des patients, afin de les guider dans leurs mesures d’éviction.
L’environnement est finalement le seul facteur causal sur lequel on puisse jouer en terme de prévention des allergies. Le terrain génétique est malheureusement immuable... Il est donc de première importance d’identifier objectivement les facteurs de risque, et de mettre toutes les chances du côté de nos jeunes patients en les aidant à les combattre.
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