Allergie noisette et arachide, ça croise ou ça croise pas ?

vendredi 27 mars 2015 par Dr Alain Thillay7112 visites

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Allergie noisette et arachide, ça croise ou ça croise pas ?

Allergie noisette et arachide, ça croise ou ça croise pas ?

vendredi 27 mars 2015, par Dr Alain Thillay

L’allergie à l’arachide est fréquente chez les sujets sensibilisés à la noisette mais n’est pas principalement le résultat d’une IgE réactivité croisée. : Masthoff LJ, van Hoffen E, Mattsson L, Lidholm J, Andersson K, Zuidmeer-Jongejan L, Versteeg SA, Bruijnzeel-Koomen CA, Knulst AC, Pasmans SG, van Ree R.

Peanut allergy is common among hazelnut-sensitized subjects but is not primarily the result of IgE cross-reactivity.

dans Allergy 2015 ; 70 : 265–274.

 Contexte :

  • Noisette et arachide sont des aliments indépendants sur le plan botanique, pourtant, les patients sont souvent sensibilisés et allergiques aux deux à la fois pour des raisons qui ne sont pas bien comprises.

 Objectif :

  • Etudier la co-sensibilisation et la réactivité croisée, au plan moléculaire, à l’arachide chez des sujets sensibilisées à la noisette.

 Méthodes :

  • Nous avons sélectionnés rétrospectivement des patients sensibilisés à la noisette, enfants (n = 81) et adultes (n = 80).
  • Les IgE spécifiques du produit noisette, de Cor a 1, 8, 9 et 14, du produit arachide, de Ara h 1, 2, 3, 8 et 9 et de Bet v 1 ont été déterminées par ImmunoCAP.
  • L’allergie à la noisette et à l’arachide a été établie par test de provocation orale en double aveugle contre placebo et/ou par l’histoire clinique détaillée.
  • Les patients étaient ou bien tolérants, ou bien affichaient des symptômes subjectifs ou objectifs aux aliments.
  • L’IgE réactivité croisée entre les protéines de stockage de la noisette et de l’arachide a été évaluée par inhibition réciproque de l’ImmunoCAP.

 Résultats :

  • Parmi les 161 sujets sensibilisés à la noisette, 109 (68%) étaient également sensibilisés à l’arachide, et, 73 (45%) présentaient l’expression clinique de l’allergie à l’arachide sans association à la présence de l’allergie à la noisette ou de signes de sévérité.
  • Au lieu de cela, il existait une association à une IgE réactivité aux protéines de stockage de l’arachide, en particulier Ara h 2.
  • Aucune réactivité croisée n’a pu être détectée entre Ara h 2 et Cor a 14, et, chez deux des 13 sujets qui affichaient une réactivité croisée étendue aux 11S globulines, l’IgE réactivité à l’encontre d’Ara h 3 était presque complètement inhibée par la liaison des IgE à Cor a 9.

 Conclusions :

  • L’allergie à l’arachide n’est pas le résultat principalement de l’IgE-réactivité croisée avec les protéines de stockage de la noisette.
  • Les IgE spécifiques de Cor a 14 et Ara h 2 pourraient servir de marqueur de sensibilisation primaire à la noisette et à l’arachide, respectivement.

La noisette est l’exemple type de réactivités croisées multiples, elle comprend celle due à PR-10, celle due au syndrome LTP et celles dues aux protéines de stockage. Il est souvent constaté chez les patients IgE réactifs à la noisette une IgE réactivité à l’arachide. Comme toujours dans ce type de double réactivité, la question est la même : « S’agit-il de deux réactivités distinctes ou d’une réactivité croisée ? » et la question qui en découle : « Quelles sont les molécules qui croisent ? ».

C’est exactement le sujet que ces chercheurs néerlandais tentent d’éclaircir concernant des patients IgE réactifs à la noisette et leur éventuelle réactivité à l’encontre de l’arachide.

Il faut retenir quelques données importantes des résultats de cette étude.

Parmi les 161 sujets IgE réactifs à l’encontre de la noisette, 109 (68%) l’étaient aussi vis-à-vis de l’arachide dont 73 (45%) étaient cliniquement réactifs à l’arachide c’est-à-dire IgE réactifs non symptomatiques à la noisette et pourtant IgE réactifs symptomatiques à l’arachide.

Ces sujets étaient positifs à Ara h 2 (2S albumine), mais, il n’existait pas de réactivité croisée avec Cor a 14 la 2S albumine de noisette.

Ainsi, donc ces patients étaient en fait allergiques à l’arachide, leur réactivité non symptomatique à la noisette n’était qu’accessoire.

Par contre, chez les 13 sujets présentant en plus une IgE réactivité pour les 11S globulines (Ara h 3 et Cor a 9), deux patients montraient une inhibition totale réciproque de ces deux 11S globulines.

On peut conclure avec ces auteurs que la plupart des patients sensibilisés à la noisette et allergiques à l’arachide, ne le sont pas dans le cadre d’une réaction croisée.

Une véritable allergie croisée serait due aux 11S globulines, alors que les 2S albumines seraient des marqueurs indépendants d’une allergie à la noisette ou à l’arachide.

A ma connaissance, ces nouvelles données confirment celles déjà plus anciennes publiées sur www.allerdata.com.

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