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Paradigme TH1/TH2 : béatitude ou pas ?
mercredi 29 janvier 2003, par
La notion de paradigme TH1/TH2 est maintenant bien connue. Le profil TH1 correspondrait aux maladies auto-immunes, le profil TH2 aux maladies de l’atopie. Il s’agit du support principal de l’hypothèse hygiéniste. Cette étude épidémiologique reprenant les données de 20 050 patients tente de vérifier cette hypothèse.
Il n’y a pas de relation inverse évidente entre l’atopie médiée par les TH2 et les maladies auto-immunes médiées par les TH1 : un manque de corrélation en faveur de l’hypothèse hygiéniste. : Sheikh A, Smeeth L, Hubbard R. Department of Public Health Sciences, St George’s Hospital Medical School, London ;the Department of Epidemiology, London School of Hygiene and Tropical Medicine ; and the Department of Epidemiology, University of Nottingham. dans J Allergy Clin Immunol 2003 Jan ;111(1):131-5
– INTRODUCTION. La découverte d’une relation inverse entre TH1 et TH2 responsable d’affections diverses a permis de fournir un support empirique important à l’hypothèse hygiéniste.
– OBJECTIF. Nous avons recherché la relation entre les TH2, médiateurs de l’atopie et les TH1, médiateurs des manifestations auto-immunes dans une population nationale représentative.
– METHODES.
* A l’aide de la régression logistique nous avons analysé les données concernant des adultes de la troisième étude nationale santé et nutrition (Third National Health and Nutrition Examination Survey).
* Les données concernant les antécédents de maladies allergiques ou auto-immunes étaient disponibles pour 20 050 sujets, et les données disponibles concernant l’atopie représentant un sous-ensemble de 7304 sujets.
* L’atopie était définie par un ou plusieurs tests cutanés positifs (papules >/= 3mm) d’un testing comptant 10 aérollergènes courants.
* Les affections allergiques étaient définies par le rapport du patient lorsqu’il s’agissait d’un diagnostic posé par un médecin : asthme, rhume des foins ou les deux.
* Les maladies auto-immunes médiées par les TH1 étaient définies de la même manière : diabète de type I, désordres thyroïdiens et/ou polyarthrite rhumatoïde.
– RESULTATS.
* Ajustées en fonction de l’âge et du sexe, les données recueillies ne permettaient pas de trouver une relation entre atopie et antécédents de manifestations auto-immunes.
* A l’opposé, il existe une augmentation significative d’association entre les manifestations allergiques et les manifestations auto-immunes.
– CONCLUSIONS.
* Nous ne mettons pas en évidence de relation inverse entre atopie et des patients adultes américains qui rapportent la notion de désordres auto-immuns diagnostiqués par un médecin.
* Contrairement à notre hypothèse initiale, les rapports des patients de diagnostics d’allergie posés par un médecin sont associés positivement aux rapports des patients de diagnostic de manifestations auto-immunes, mais, avec le risque de biais.
* Ces données suggèrent que le paradigme TH1/TH2 ne puisse être qu’une simplification exagérée.
Cette étude épidémiologique de grande envergure reprend les données concernant 20 050 patients (National Health and Nutrition Examination Survey) qui rapportent eux-mêmes leurs données médicales.
Non seulement, cette étude ne retrouve pas de relation inverse entre manifestations d’atopie et manifestations auto-immunes mais elle montre une association entre ces deux types de pathologie.
Certes, comme indiqué, il risque d’y avoir des biais. Le principal est que les données sont rapportées par les patients eux-mêmes. Il s’agit plus exactement, de diagnostics posés par le médecin et rapportés par le patient. D’où, un gros risque de données erronées en trop ou en moins.
Toutefois, au minimum, cela remet en cause l’hypothèse hygiéniste qui restera donc qu’une hypothèse. Mais attendons-nous à voir fleurir d’autres études, dans lesquelles les auteurs prendront plus de précautions (vérifications cliniques et biologiques), pour alimenter la discussion.
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