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Allergie persistante à l’œuf ou quand l’œuf dure…
lundi 28 septembre 2009, par
L’œuf fait partie des cinq aliments (œuf, arachide, lait de vache, moutarde, poisson) qui, en France, sont responsables de 75% des allergies alimentaires chez l’enfant. Dans la plupart des cas, cette allergie évolue favorablement. Cette étude a recherché (et trouvé !) des éléments de prédiction de la persistance de cette allergie.
Utilité des tests diagnostiques dans le suivi des enfants allergiques aux œufs. : Ma C. Diéguez * , I. Cerecedo * , A. Muriel † , J. Zamora † , V. Abraira † , E. Camacho * , M. Antón * and B. de la Hoz *
* Servicio de Alergología, Hospital Universitario Ramón y Cajal, Madrid, Spain , † Unidad de Bioestadística Clínica, Hospital Universitario Ramón y Cajal, CIBER Epidemiología y Salud Pública (CIBERESP), Madrid, Spain
dans Clinical & Experimental Allergy Volume 39 Issue 10, Pages 1575 - 1584
– Contexte :
- Une meilleure connaissance de la précision des prick tests cutanés (SPT) et des IgE spécifiques (IgE) à l’œuf permettrait d’identifier les enfants avec une allergie persistante à l’œuf, en évitant les risques des tests de provocations non indispensables.
- Cette étude visait à évaluer la précision des SPT et des niveaux des IgE aux allergènes d’œufs, afin de déterminer les allergies persistantes à l’œuf chez les enfants avec allergies IgE médiées après un régime d’éviction de l’œuf.
– Méthodes :
- Des enfants de moins de 16 ans ont été recrutés de façon prospective et consécutivement.
- Les critères d’inclusion étaient les suivants :
- allergie aux protéines de l’œuf (enfants avec une histoire clinique positive d’allergie IgE médiée aux œufs et un test cutané positif aux allergènes d’œuf et/ou des niveaux positifs de sIgE),
- et un régime strict d’éviction des œufs suivis pendant au moins 6 mois.
- Les antécédents cliniques ont été enregistrés et tous les patients ont subi des tests cutanés, des tests IgE aux allergènes d’œuf et l’étalon or : un test de provocation à l’œuf en double aveugle contre placebo (DBPCFG).
- Le DBPCFG a été interprété, sans connaissance des résultats des autres essais et vice-versa.
- Des analyses des courbes ROC pour les SPT et les niveaux des tests IgE ont été effectuées pour comparer les performances diagnostiques des tests différents.
– Résultats :
- Finalement, 157 enfants ont été inclus dans l’étude.
- Une centaine de ces 157 enfants (63,7%) avaient un test de provocation par voie orale positif.
- Quatre-vingt-six étaient de sexe masculin (61%), et l’âge médian était de 2,5 ans.
- Cent trois (66,9%) avaient une dermatite atopique.
- Un prick test de 7 mm au blanc d’œuf avait un rapport de vraisemblance positif (+ LR) de 6,7 et un niveau de 1,3 KU / L en test IgE au blanc d’oeuf a eu un RV + de 5,1.
- Un SPT de 7 mm au blanc d’œuf avait une valeur prédictive positive de 92,3% (95% CI 85.1-99.5), et pour un SPT de 9 mm au blanc d’œuf, cette valeur était de 95,6% (IC à 95% 87.3-100.0).
- Pour les IgE au blanc d’œuf, 1,5 KU/L avait une valeur prédictive positive de 90,4% (95% CI 82.4-98.4) et pour 25 KU / L, la VPP était de 100% (IC 95% : 100,0-100,0).
- Les tests cutanés à l’ovotransferrine et au lysozyme ont montré la plus faible précision, suivis par le jaune et l’ovalbumine.
– Conclusion :
- Cette étude est la première à évaluer à la fois les deux tests (SPT et les niveaux de sIgE) et tous les allergènes de l’œuf pour déterminer la persistance de l’allergie à l’œuf chez les enfants présentant une allergie IgE médiée.
- Les mesures des SPT et des niveaux de sIgE sont utiles pour prédire la persistance de l’allergie chez ces enfants, en particulier avec l’extrait complet de blanc d’œuf.
- Une provocation par voie orale ne devrait pas être effectuée chez des enfants allergiques à l’œuf présentant soit un test cutané au blanc d’œuf supérieur à 7 mm ou un test IgE au blanc d’oeuf supérieur à 1,3 KU/L, parce que, dans ce cas, il ya une probabilité de 90% de persistance de l’allergie.
Un SPT au blanc d’œuf supérieur ou égal à 7 mm et des IgE au blanc d’œuf supérieures ou égales à 1.3 kU/l correspondent à un risque de persistance de l’allergie à l’œuf de 90%.
Dans ce cas, un test de provocation orale ne devrait pas être proposé.
Les résultats obtenus par cette étude Madrilène sont intéressants, mais comme nous le rappelons quelquefois, ils ne sont valables QUE pour le groupe de patients étudié (cf les « seuils de Sampson »…)
Toute extrapolation de ces résultats ne serait …qu’une extrapolation !
En effet, tout particulièrement dans le domaine de l’allergie alimentaire, les interactions entre l’environnement (au sens large, incluant les régimes alimentaires), la génétique et les allergènes font preuve d’une variabilité rendant toute prédiction hasardeuse…
Bien heureusement, l’allergie à l’œuf évolue le plus souvent favorablement puisqu’en tête (en fréquence) des allergies alimentaires du jeune enfant, elle passe rapidement au 7e rang après 15 ans.
Les allergènes de l’œuf sont nombreux, pas encore tous caractérisés, et surtout présents dans le blanc d’œuf.
- Gal d 1, l’ovomucoïde est un inhibiteur de sérine protéase de type Kazal.
- Gal d 2, l’ovalbumine, est une Serpine (inhibiteur de sérine protéase)
- Gal d 3, l’ovotransferrine, est une transferrine…
Gal d 1, Gal d 2 et Gal d 3 sont en général tous les trois positifs chez la majorité des patients allergiques à l’œuf.
- Gal d 4, le lysosyme, fréquemment utilisé dans l’industrie pharmaceutique et agro-alimentaire.
- Citons également Clustérine, Cystatine, ovomucine et bien d’autres puisqu’on en compte au total environ une vingtaine (à propos desquels vous saurez presque tout) sur Allerdata !…
- Gal d 5 est le principal allergène du jaune d’œuf : c’est l’alpha-livétine (qui est une albumine).
Les livétines sont équivalentes à l’albumine (pour Gal d 5), à l’alpha-2 macroglobuline (pour la béta livétine) et aux γ globulines (pour les gamma livétines) trouvées dans le sérum des oiseaux et sont en cause dans le syndrome œuf-oiseaux.
La cuisson permet à une proportion non négligeable d’enfants de tolérer l’œuf.
L’ovalbumine est très sensible à la cuisson tandis que l’ovomucoïde paraît plus stable, même si son IgE-réactivité semble diminuer après cuisson.
Au total, l’œuf est loin d’avoir délivré tous ses secrets : parmi ses nombreux allergènes, les principaux sont testables sous forme recombinantes mais l’utilité de ces tests parcellaires n’est pas encore bien claire pour le moment.
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