Allergie à l’arachide : un patch et puis s’en va…

jeudi 4 novembre 2010 par Dr Geneviève DEMONET1162 visites

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Allergie à l’arachide : un patch et puis s’en va…

Allergie à l’arachide : un patch et puis s’en va…

jeudi 4 novembre 2010, par Dr Geneviève DEMONET

Immunothérapie épicutanée à l’aide d’un nouveau système de délivrance épicutanée chez la souris sensibilisée à l’arachide : Mondoulet L, Dioszeghy V, Vanoirbeek JA, Nemery B, Dupont C, Benhamou PH.

DBV Technologies, Pépinière Paris Santé Cochin, Paris, France.

dans Int Arch Allergy Immunol. 2010 Oct 20 ;154(4):299-309.

 Contexte :

  • L’allergie à l’arachide est une menace pour la vie pour laquelle on attend un traitement sûr et efficace.
  • Nous avons évalué l’immunothérapie épicutanée (ITEP) en tant que nouveau traitement alternatif de l’allergie à l’arachide chez la souris sensibilisée.

 Méthodes :

  • Soixante souris BALB/c ont été sensibilisées par gavage avec un extrait de protéine d’arachide (EPA) mélangée à de la toxine cholérique.
  • Un système de délivrance épicutanée recouvert de 100 μg d’EPA (Viaskin®, DBV Technologies, Paris, France) a été appliqué sur la peau intacte chaque semaine pendant 48 heures (ITEP ; n = 20).
  • Ce groupe a été comparé aux souris sensibilisées traitées par immunothérapie sous-cutanée (ITSC ; n= 20), aux souris sensibilisées non traitées (groupe fictif ; n = 20) et aux souris naïves (groupe naïf ; n = 20).
  • Après 8 semaines de traitement, on a pratiqué, après provocation, un test de libération d’histamine, une mesure de l’hyperréactivité respiratoire par pléthysmographie et une mesure de résistance-compliance.
  • Un dosage de cytokines et une cytologie ont été effectués sur les prélèvements sanguins et de liquide broncho-alvéolaire.

 Résultats :

  • Les IgE spécifiques (IgEs) ont augmenté après sensibilisation dans les groupes ITEP (0.26 μg/ml) et ITSC (0.21 μg/ml) et ont décru après le traitement (0.09 μg/ml,
    p < 0.001 et 0.06 μg/ml, p < 0.001, respectivement). Le rapport IgG1/IgG2a a diminué dans les groupes EPIT et ITSC par rapport au groupe fictif (3.7 ; p < 0.001 et 2.7 ; p < 0.01 et 15.1, respectivement).
  • A la concentration la plus élevée de métacholine, les valeurs d’allongement de la pause étaient plus basses dans les groupes ITEP et ITSC que dans le groupe fictif (7.29, 6.74, et 10.99, p < 0.01, respectivement), et n’étaient pas différentes de celles du groupe naïf (5.06).
  • Résistance-compliance était inversée dans les groupes traités par rapport au groupe fictif (p < 0.001). IL-4, IL-5, IL-13, éotaxine, et eosinophiles étaient abaissés dans le LBA des groupes ITEP et ITSC par rapport au groupe fictif (p < 0.001).

 Conclusion :

  • D’après les réponses biologiques et physiologiques, chez la souris sensibilisée à l’arachide, l’ITEP est aussi efficace que le traitement sous-cutané qui est la méthode de référence en immunothérapie.

L’immunothérapie épicutanée a fait l’objet de plusieurs publications. Elle a été utilisée dans des études chez l‘homme pour traiter l’allergie au lait de vache mais aussi aux pollens de graminées. La revoici, présentée par une équipe franco-belge, dans l’allergie à l’arachide chez la souris par comparaison à l’immunothérapie sous-cutanée.

Quatre groupes de 20 souris ont été constitués. Les trois premiers ont été sensibilisés à l’arachide pendant 6 semaines, le dernier servant de groupe témoin n’a reçu q’une solution tampon de phosphate salin.

Parmi les souris sensibilisées, un groupe a été traité pendant 8 semaines par immunothérapie épicutanée à l’aide du système Viaskin° appliqué une fois par semaine pendant 48 heures, un autre par immunothérapie sous-cutanée et l’autre par traitement fictif (chambre vide).

Dix jours après l’arrêt du traitement, les souris traitées ont été divisées en 2 groupes. Un test de provocation oral a été pratiqué pour la première moitié et a été suivi d’une mesure de libération de l’histamine (reflet de la dégranulation mastocytaire) puis d’une évaluation de l’hyperréactivité bronchique (pléthysmographie) après 3 jours de provocation avec un aérosol d’arachide.

L’autre moitié a eu le même test de provocation inhalé de 3 jours suivi cette fois d’une évaluation de l’hyperréactivité bronchique par la mesure de la résistance et de la compliance pulmonaire par la méthode des oscillations forcées (Flexivent°).

On a, enfin, effectué un lavage broncho-alvélolaire chez toutes les souris.

Les IgE spécifiques étaient abaissées après traitement, quelle que soit la technique utilisée, tout comme le rapport IgG1/IgG2a et les cytokines Th2 du liquide de lavage broncho-alvéolaire (IL-4, IL-5 et IL-13). Les paramètres fonctionnels respiratoires étaient meilleurs que dans le groupe non traité et équivalents à ceux des souris non sensibilisées.

Les défenseurs des animaux seront rassurés de savoir que les souris ont été acclimatées à leur labo pendant une semaine avant de subir les affres des manipulations, celles-ci étant effectuées sous anesthésie générale.

Le système Viaskin° (commercialisé par l’entreprise française DBV Technologies) est un patch constitué d’une membrane transparente de polyéthylène de 11 mm de diamètre. La poudre d’extrait sec de protéine d’arachide est maintenue par des forces électrostatiques. La chambre occlusive ainsi constituée est rapidement humidifiée sur la peau et l’allergène libéré de son support.

L’allergène est ensuite absorbé par la peau et interagit avec les cellules immunitaires épidermiques.

Il s’agit du même système que celui utilisé en diagnostic (Diallertest°).

Le traitement épicutané de l’allergie est évidemment séduisant par sa facilité d’emploi et l’absence d’effets secondaires majeurs. Ce travail expérimental concerne seulement 20 souris.... C’est un premier pas à confirmer par d’autres.

Il semble qu’une étude de phase 2 soit prévue en 2011 aux Etats-Unis chez des patients allergiques à l’arachide sur une durée de 3 ans.
Donc, wait and see…

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