JAK a dit : pas le poumon atopique

lundi 14 avril 2025 par Dr Philippe Auriol170 visites

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JAK a dit : pas le poumon atopique

JAK a dit : pas le poumon atopique

lundi 14 avril 2025, par Dr Philippe Auriol

Les anti-JAK sont des biothérapies de plus en plus utilisées sur nombre de maladies atopiques. L’auteur s’intéresse aux mécanismes physiologique du poumon et de la peau pour apprécier la transversalité éventuelle de cette thérapeutique. L’article intitulé « Tamari M, and al. Sensory neurons promote immune homeostasis in the lung. Cell. 2024 Jan 4 ;187(1):44-61.e17. doi : 10.1016/j.cell.2023.11.027. Epub 2023 Dec 21. PMID : 38134932 ; PMCID : PMC10811756. » examine le rôle des neurones sensoriels, en particulier ceux du nerf vague, dans la régulation de l’inflammation pulmonaire allergique.

Problématique

Analyser le rôle de l’activation de la kinase Janus 1 (JAK1) dans les neurones sensoriels dans le contrôle de l’inflammation allergique dans les poumons et la peau, et identifier les mécanismes sous-jacents à ce phénomène.

  • Génération de souris exprimant une variante humaine de JAK1 à gain de fonction (JAK1^GOF) pour évaluer l’impact sur l’inflammation cutanée et pulmonaire.
  • Recours à des méthodes de dénervation chimique et à des manipulations génétiques afin d’explorer le rôle des neurones sensoriels dans la régulation de l’inflammation pulmonaire.
  • Évaluation de l’expression des neuropeptides, notamment du peptide lié au gène de la calcitonine β (CGRPβ), dans les ganglions vagaux, et de son impact sur les cellules lymphoïdes innées de type 2 (ILC2).

Résultats

  • Les souris JAK1^GOF développent une dermatite atopique spontanée, mais résistent à l’inflammation pulmonaire allergique lorsque l’expression de JAK1^GOF est limitée aux cellules stromales.
  • La dénervation des neurones sensoriels, en particulier ceux du nerf vague, exacerbe l’inflammation pulmonaire allergique, indiquant un rôle suppressif de ces neurones.
  • L’expression de Calcb/CGRPβ dans les neurones sensoriels vagaux dépend de JAK1. De plus, CGRPβ supprime l’activité des ILC2, réduisant ainsi l’inflammation pulmonaire allergique.

Discussion

  • JAK1 joue des fonctions spécifiques en fonction du tissu, favorisant l’inflammation cutanée et anti-inflammatoire dans les poumons via les neurones sensoriels.
  • Les neurones sensoriels vagaux, en libérant du CGRPβ, régulent négativement les réponses des cellules ILC2, suggérant un mécanisme neuro-immunitaire pour réguler l’homéostasie pulmonaire.
  • Ces découvertes pourraient expliquer pourquoi les inhibiteurs sélectifs de JAK1 sont efficaces dans le traitement de la dermatite atopique, mais moins dans l’asthme. Elles mettent en évidence l’importance de prendre en compte les effets spécifiques aux tissus lors du développement de thérapies ciblées.

Conclusion

L’activation de JAK1 dans les neurones sensoriels vagaux favorise l’homéostasie immunitaire dans les poumons en régulant l’expression de CGRPβ. Cela entraine, à son tour, la suppression des réponses inflammatoires médiées par les ILC2. Cette étude met en évidence l’importance des interactions neuro-immunes dans la modulation de l’inflammation allergique pulmonaire. Elle suggère que les thérapies ciblant ces voies pourraient être optimisées pour une efficacité spécifique aux tissus.


Les biothérapies changent clairement la vie des allergiques les plus sévères pour lesquels nous n’avions pas vraiment de thérapeutiques efficaces. Les anti-IgE, anti-IL5, IL13, IL-4 sont maintenant légion et en dermatologie ce sont inhibiteurs de JAK qui arrivent en force.

C’est le moment de revenir à la physiologie : les inhibiteurs de JAK ne fonctionnent pas pour les mécanismes T2 pulmonaires. Ce ne sont pas les mêmes voies neurones qui sont impliquées et ce qui est bon pour la dermatite atopique ne l’est clairement pas pour les asthme de type T2.

Merci pour cette belle démonstration.

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