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L’asthme allergique : podcast
jeudi 1er mai 2025, par
Aujourd’hui, nous allons parler de l’asthme allergique. L’asthme est une maladie mortelle en pleine expansion dans le monde. Elle fait peur. De nombreux patients demandent avec inquiétude lors de la consultation : « Ce n’est pas de l’asthme quand même ? » tandis que d’autres, asthmatiques depuis des dizaines d’années ne cherchent même plus à améliorer leur prise en charge, blasés.
Mais l’asthme c’est quoi ?
Cela pourrait être simple, mais c’est un peu compliqué : l’asthme est une maladie inflammatoire chronique des petites bronches avec des symptômes tels qu’une respiration sifflante, un essoufflement, une oppression thoracique et une toux, qui varient dans le temps et en intensité, ainsi qu’une limitation variable du débit d’air expiratoire.
Chez l’asthmatique il y a souvent une hyperréactivité bronchique mais celle-ci n’est ni nécessaire ni suffisante pour diagnostiquer un asthme. Il y a différents types de personnes asthmatiques que l’on appelle « les phénotypes cliniques de l’asthme ».
Voilà, en résumé, c’est de l’inflammation chronique des petites bronches, au bout de l’arbre bronchique, qui est de différente nature selon les différents mécanismes qui la génèrent et parfois elle ne s’exprime qu’à travers une sensation d’oppression respiratoire ou des épisodes sifflants.
L’asthmatique allergique a une inflammation chronique de type allergique, que l’on appelle T2 (à cause des lymphocytes T helper 2, Th2, et de son inflammation éosinophilique). C’est de cet asthme là que nous allons parler ici.
Avant d’être médecin allergologue, j’étais médecin urgentiste et une de mes premières rencontre avec un asthme sévère, c’était un jeune gars d’une vingtaine d’années décédé chez lui la ventoline à la main. J’étais sidéré.
À l’époque une polémique existait : « les gens qui meurent la ventoline à la main meurent d’avoir pris top de ventoline ». Belle stupidité quand même que cette peur là. Genre les noyés meurent d’avoir été assommés par les bouées qu’on leur jette…
Le problème ce n’est pas la prise de ventoline non, c’est le fait d’avoir besoin de cette ventoline de plus en plus fréquemment. Si vous prenez de la ventoline tous les jours, c’est que vos bronches souffrent en permanence, votre traitement doit être revu en urgence.
Actuellement, en France, la prévalence de l’asthme est de 10 à 15% chez les enfants et moitié moins chez l’adulte. Cela fait dix millions de Français asthmatiques quand même…
Toujours en France, environ 1500 personnes meurent d’asthme chaque année, la moitié a moins de 20 ans. C’était 2500 morts dans les années 2000 avec moitié moins d’asthmatiques. On pourrait se dire qu’on est meilleurs mais quand même : plus d’un millier de morts, pour la plupart évitables, ce n’est pas fameux.
Alors où pourrait-on être meilleurs ?
D’abord le diagnostic : les formes modérées et sévères d’asthme s’accompagnent de modifications du fonctionnement respiratoire. Il y a des machines pas très compliquées pour le mesurer : les pléthysmographes.
Une mesure en cabine permet de voir si de l’air reste bloqué dans votre poumon (on parle de syndrome restrictif), une autre mesure les débits de vos tuyaux bronchiques (s’ils sont diminués on parle de syndrome obstructif) et si ce débit est amélioré par la prise de ventoline ou équivalent on parle de réversibilité.
Enfin, on peut estimer l’hyper-réactivité soit avec un test à la métacholine (c’est compliqué et dangereux) soit avec des mesures de résistances des voies aériennes (c’est simple et sans danger).
Pour les claustrophobes il y a même un appareil récent qui fait ces mesures sans cabine.
Bref, il faut mesurer mesurer mesurer.
Pour ne pas passer à côté d’un « faux asthme » il est nécessaire de réaliser une radiographie pulmonaire avant de conclure à un asthme. Si votre médecin est un peu moderne, il vous fera plutôt une échographie pulmonaire : plus rapide, non irradiante et plus fiable.
Ensuite dans le phénotypage : l’asthme allergique c’est un type d’inflammation particulier, dit de type 2. Quand le patient est allergique c’est très probablement ce type d’inflammation qui est présente. Un appareil simple mais non remboursé en France, le NO exhalé, permet de mesurer l’intensité de cette inflammation. S’il était remboursé, nous serions certainement meilleurs dans la prise en charge de l’inflammation allergique.
Dans le traitement nous avons énormément progressé : les traitements en une prise par jour ont amélioré l’assiduité. Les dispositifs d’inhalation sont meilleurs, plus efficaces et les médecins les prescrivent mieux. Il manque souvent un bon apprentissage de la technique de prise mais si chaque médecin pense à chaque prescription à montrer la technique de prise ce sera mieux.
Enfin dans la prévention, si nous arrêtions de considérer que ce n’est pas grave d’avoir le nez bouché toute l’année depuis des années nous pourrions diminuer considérablement le nombre d’asthmatiques de type T2 et le nombre de morts qui leur sont liés. Ce n’est pas compliqué : direction l’allergologue pour toutes les rhinites chroniques.
Quels sont les traitements de l’asthme allergique ?
D’abord c’est de traiter sa rhinite allergique. S’il n’y a pas d’inflammation du nez vous pourrez respirer par votre nez et les sinus joueront pleinement leur rôle de filtre à poussière et de conditionneur d’air (qui devient plus chaud et humide).
Ensuite c’est de prendre le traitement adapté à votre niveau d’asthme : votre médecin allergologue l’évaluera et vous prescrira selon vos symptômes :
- Un lavage de nez au sérum physiologique pour diminuer le contact avec l’allergène
- Des anti-histaminiques dans le nez ou par la bouche qui empêchent l’allergie de créer de l’inflammation T2
- Des spray anti-inflammatoires pour le nez qui soignent l’inflammation qui est en place malgré vos efforts
- Un anti-leucotriène, qui diminue l’inflammation de type T2
- Des anti-inflammatoires inhalés pour soigner l’inflammation des bronches présente malgré vous
- Des bronchodilatateurs de courte durée d’action (type ventoline) pour stopper la crise d’asthme ou de longue durée d’action pour maintenir les bronches ouvertes si la spasme est durable.
- Enfin, des biothérapies si ces traitements sont insuffisants (anti-IgE, anti-IL5 etc.)
Bref, aujourd’hui un asthme on sait le traiter : plus de mille morts par an, ce n’est pas possible.
Avec quoi je ne traite pas mon asthme ?
- Les oeufs de caille… Oui cela n’a aucun intérêt, vous vous en doutiez hein ?
- Les techniques de gourou : vous en trouverez plein en médecine parallèle qui vont (je suis sérieux) de l’imposition des mains sur la maman pour guérir le bébé, à l’hypnose en passant par la manipulation du crâne. Depuis quand soignez vous l’inflammation des bronches comme ça ? Soyons sérieux.
- Les inhalations exotiques :
- des huiles essentielles qui sont de puissants allergènes et irritants qui ne vont certainement pas vous aider
- des préparations d’herbes à inhaler, riches en dérivés terpéniques, qui sont également de puissants allergènes et irritants…
Non mais de toute façon l’asthme c’est psychologique : ma fille en fait chaque fois qu’elle fait du sport ou quand elle est contrariée.
Hum, là vous êtes complètement à côté de la plaque désolé.
L’asthme frappe davantage les filles que les garçons à partir de l’adolescence : le rôle des hormones est net, ce n’est pas psychologique. Respirer par la bouche évite la respiration nasale qui conditionne votre air. En respirant par la bouche l’air qui arrive sur les bronches est non réchauffé, non humidifié, non filtré : il est irritant. Quand vous faites du sport, quand vous pleurez, quand vous riez : vous respirez par la bouche. Ce n’est pas psychologique mais physiologique.
Comment devient-on asthmatique ?
D’abord il y a une prédisposition génétique : les familles d’asthmatiques existent, sans nécessairement avoir d’allergie préalable.
Ensuite il y a les inflammations virales de la petite enfance : bronchiolites, pneumopathies qui peuvent laisser un terrain d’asthme.
Bien sûr, il y a les irritants des habitats : huiles essentiels, encens, bougies parfumés, spray de parfum, déodorants, insecticides, produits ménagers, tabac et vapotage… Chacun amène sa part dans l’inflammation chronique des voies respiratoires.
Enfin, il y a l’allergie : la crise ponctuelle d’éternuements devient un nez bouché permanent qui, vous faisant respirer bouche ouverte, permet aux irritants et aux allergènes de rentrer directement dans vos bronches et votre asthme s’installe, tranquillement, petit à petit.
Mais alors ça veut dire qu’on peut guérir de son asthme ?
Bien sûr, puisqu’il y a tous les types d’asthme.
Certains d’entre eux, légers, modérés et liés à des causes bien identifiées comme les allergies ont toutes les chances de guérir si le diagnostic est précoce et bien porté, les traitements prescrits bien pris et l’environnement amélioré.
Il restera malheureusement les asthmes sévères, anciens ou génétiques, séquellaires d’infection pulmonaire ou mixte avec le rôle des irritants qui vont léser durablement vos bronches.
Quand la maladie est chronique, les nombreuses écoles de l’asthme sont là pour vous aider à mieux comprendre votre maladie et à mieux vivre avec.
Les mille morts ne sont en rien une fatalité, ensemble nous devrions être bien meilleurs.
En résumé,
- L’asthme est une maladie d’inflammation chronique des petites bronches
- Avec dix millions d’asthmatiques en france, nous avons plus d’un millier de morts chaque année dont la moitié à moins de vingt ans.
- L’asthme allergique est lié à un type précis d’inflammation qu’on appelle T2
- L’asthme se diagnostique par des mesures de fonction respiratoire simples et non agressives
- L’asthme n’est pas psychologique
- Les techniques parallèles qui prétendent soigner l’asthme sont inutiles et dangereuses
- Les traitements médicamenteux aujourd’hui disponibles sont très efficaces
- Un asthme allergique pris en charge quand il est léger ou modéré à toutes les chances de guérir.
Dans le prochain épisode nous parlerons de l’environnement intérieur.
Merci à vous les amis, prenez soin de vous.
Le podcast de ce mois aborde l’asthme allergique. Il y a différents types d’asthme et les allergologues prennent en charge l’asthme allergique. Il est étroitement lié au rhinites allergiques et nécessite une prise en charge globale avec des traitements adaptés. Je vous propose d’écouter tout cela en une dizaine de minutes.
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