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Dis-moi d’où tu viens, ça compte pour des cacahuètes…
vendredi 17 décembre 2010, par
Allergie à l’arachide : différences cliniques et immunologiques chez des patients de 3 régions géographiques différentes. : Andrea Vereda, Marianne van Hage, Staffan Ahlstedt, Maria Dolores Ibañez, Javier Cuesta-Herranz, Jenny van Odijk, Magnus Wickman, Hugh A. Sampson
dans The Journal of Allergy and Clinical Immunology - 19 November 2010 (10.1016/j.jaci.2010.09.010)
– Contexte :
- L’allergie à l’arachide touche des personnes de diverses régions géographiques où les populations ont des habitudes alimentaires différentes et sont exposées à divers pollens de l’environnement.
– Objectifs :
- Nous avons cherché à décrire les caractéristiques cliniques et immunologiques de patients allergiques à l’arachide de 3 pays (Espagne, États-Unis et Suède) au moyen d’un diagnostic moléculaire.
– Méthodes :
- Des patients allergiques à l’arachide de Madrid (Espagne, n = 50), New York (États-Unis, n = 30), Göteborg et Stockholm (Suède, n = 35) ont été sélectionnés. -*Les données cliniques ont été obtenues soit à partir d’un questionnaire spécifique soit à partir des examens des dossiers.
- On a testé les anticorps IgE pour l’extrait d’arachide, les allergènes d’arachide rAra h 1, 2, 3, 8 et 9, ainsi que les allergènes croisants de bouleau (rBet v 1) et de pollen de Graminées (rPhl p 1, 5, 7 et 12).
– Résultats :
- Les patients américains avaient souvent des anticorps IgE pour rAra h 1 à 3 (56,7% à 90,0%) et ont souvent présenté des symptômes sévères.
- Les patients espagnols ont reconnu moins fréquemment ces 3 allergènes recombinants d’arachide (16,0% à 42,0%), étaient plus souvent sensibilisés à rAra h 9, la LTP (60,0%), et étaient généralement allergiques à l’arachide après être devenus allergiques à d’autres aliments d’origine végétale.
- Les patients suédois étaient plus fréquemment positifs pour rAra h 1 à 3 que les patients espagnols (37,1% à 74,3%) et ont enregistré le taux le plus élevé de sensibilisation à rAra h 8, une Bet v 1-like (65,7%), ainsi qu’à rBet v 1 (82,9% ).
- Les patients espagnols et suédois sont devenus allergiques à l’arachide à 2 ans ou plus tard, alors que les enfants américains sont devenus allergiques à environ 1 an.
– Conclusion :
- L’allergie à l’arachide a des profils cliniques et immunologiques différents dans différentes régions du monde.
- Le diagnostic moléculaire pourrait nous aider à mieux comprendre cette entité complexe.
L’allergie à l’arachide a des profils cliniques et immunologiques différents en Espagne, aux États-Unis et en Suède.
Le diagnostic moléculaire, via les tests recombinants permet de préciser le ou les IgE-réactivités au niveau des allergènes de l’arachide, ce qui permet une meilleure compréhension d’une part du mécanisme probable d’installation de cette allergie et, d’autre part, une meilleure appréciation du risque important ou non de réactions sévères.
Si l’arachide, au même titre que la pomme pour le pollen de bouleau, la banane pour le latex, ou encore les melons pour le pollen de Graminées, peut relever d’une réactivité croisée, notamment avec le pollen de bouleau, elle est surtout caractérisée par l’induction directe d’une IgE-réactivité voire d’une allergie, potentiellement sévère.
Deuxième cause d’allergie alimentaire chez l’enfant en France, l’arachide occupe toute notre attention d’allergologue par la sévérité des réactions observées comme en témoignent les nombreuses déclarations au réseau d’allergovigilance qui placent l’arachide au premier rang des déclarations.
L’influence des facteurs géographiques, incluant notamment les habitudes alimentaires et des expositions polliniques différentes, est au cœur de l’étude du jour.
En Suède, au cœur de la « zone bouleau », on observe effectivement une IgE-réactivité particulière pour Ara h 8, et pour Bet v 1, à côté de la réactivité « classique » pour Ara h 1 à 3, légèrement moins fréquente qu’aux USA.
Quels sont les facteurs de survenue d’une allergie à l’arachide secondaire à une pollinose au bouleau ? quelle est la différence entre un pollinique au bouleau tolérant l’arachide et ceux qui ne la tolèrent pas ?
Les Espagnols sont (avant tout ?) soumis au syndrome LTP et, (est-ce de ce fait ?), réagissent moins à Ara h 1 à 3.
La survenue de l’allergie à l’arachide tant en Suède qu’en Espagne est plus tardive, en général après deux ans, ce que l’on comprend pour la Suède où l’on sait déjà que l’histoire naturelle de l’allergie comporte une survenue plus tardive des allergies alimentaires inféodées aux pollens, mais qui mérite d’être précisé pour l’Espagne :
- Pourquoi l’allergie aux LTP alimentaires serait-elle plus tardive que d’autres allergies alimentaires ?
- En quoi la présence d’une allergie alimentaire aux LTP réduirait en fréquence la survenue d’une allergie à Ara h 1 à 3 ?
Pour les USA, l’allergie à l’arachide, en rapport avec une réactivité aux allergènes Ara h 1 à 3, est précoce, le plus souvent avant l’âge de un an, et fréquemment sévère.
Là aussi les questions ne manquent pas…
Quels sont les facteurs régissant la mise en place d’une allergie à l’arachide via ces protéines de stockage ? Pourquoi survient-elle si tôt dans la vie, à un âge où l’on peut difficilement incriminer la consommation de cet aliment ? D’où viennent les différences observées entre une mono réactivité à Ara h 2 et une polyréactivité à Ara h 1 à 3 ?
Reprenant une remarque des auteurs insistant sur l’apport de l’allergologie moléculaire en termes de compréhension des mécanismes en cause, il est clair que progresser dans la compréhension intime de l’allergie à l’arachide a un corollaire évident : susciter un nombre de plus en plus important de questions !...
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