Le sport de compétition serait-il délétère pour les bronches ?

jeudi 6 février 2003 par Dr Philippe Carré2975 visites

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Le sport de compétition serait-il délétère pour les bronches ?

Le sport de compétition serait-il délétère pour les bronches ?

jeudi 6 février 2003, par Dr Philippe Carré

Au cours de l’asthme à l’effort, il existe classiquement une période réfractaire induite après un premier exercice. Chez certains athlètes, une bronchoconstriction peut apparaître au cours d’un exercice prolongé. Existe-t-il aussi chez eux une période réfractaire qui pourrait les protéger lors d’un effort prolongé ?

Bronchoconstriction pendant le ski de fond : y a t-il réellement un période réfractaire ? : Rundell KW, Spiering BA, Judelson DA, Wilson MH.
Marywood University, Scranton, PA 18509-4742, USA. rundell@es.marywood.edu
dans Med Sci Sports Exerc 2003 Jan ;35(1):18-26

 Problèmatique.
* Les voies aériennes répondent à l’exercice par une bronchodilatation (BD) pendant l’exercice et une bronchoconstriction (BC) après.
* Une période réfractaire induite par un exercice initial, assurant une protection contre une BC secondaire à un nouvel exercice, a aussi été décrite.
* Mais aucune étude n’a été réalisée chez des athlètes concernant la réponse pendant l’exercice ou la période réfractaire au cours d’un exercice prolongé.

 Objectif. Cette étude a évalué la réponse des voies aériennes et la période réfractaire au cours d’un exercice de ski de fond d’environ 42 mn, précédé par une période d’échauffement intense de 6 à 9 mn.

 Méthode.
* 18 athlètes de haut niveau ont effectué 7 boucles successives de ski de fond de 2.5 kms.
* Une spiromètrie a été réalisée avant et 5, 10 et 15 mn après la première boucle ; les boucles 2 à 7 ont été effectuées en course, avec contrôle 20 secondes après les boucles 2 à 6, et de façon séquentielle pendant 15 mn après la 7° boucle.

 Résultats.
* 9 des 18 sujets ont eu une chute d’au moins 10 % du VEMS : 5 après la première boucle et 4 pendant ou après les boucles 2 à 7 ;
* leur VEMS n’était pas différent pendant la course de celui mesuré après la 1° boucle ;
* un seul a eu une période réfractaire significative, et 4 ont eu moins de 10 % de baisse du VEMS après le test initial de 2.5 km, mais ont développé une BC d’au moins 10 % pendant les 6 boucles suivantes.

 Conclusion. Une BC survient chez des athlètes au cours d’un exercice prolongé, et peut retentir sur leur performance. La variabilité du début de l’hyperréactivité bronchique et l’absence de période réfractaire significative dans la cohorte témoigne d’une dysfonction bronchique à l’exercice qui est différente de celle de l’asthme habituel, et qui doit encore être précisée.


Plusieurs publications récentes ont montré que le sport de haut niveau était inducteur d’hyper-réactivité bronchique et de manifestations d’asthme. Il a été montré ainsi que le pourcentage d’asthmatiques était anormalement élevé dans les équipes américaines participant aux JO d’été ou d’hiver.

La cause tiendrait aux conditions extrêmes d’entraînement de ces athlètes, induisant des modifications de surface de l’épithélium bronchique en rapport avec une hyperventilation extrême. Certains sports sont d’ailleurs plus asthmogènes chez ces athlètes, comme le ski de fond, pratiqué dans des conditions de froid intense entraînant un refroidissement excessif des bronches.

Cette étude apporte des précisions nouvelles, en montrant que l’hyperréactivité bronchique qui survient chez la moitié de la cohorte est en fait différente de celle qui survient chez des asthmatiques avérés avec asthme induit à l’exercice (on imagine que les athlètes inclus dans cette étude n’étaient pas des asthmatiques connus). Ce qui pourrait enrichir la compréhension des mécanismes de la variabilité du tonus bronchique à l’exercice.

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