Les agents de contraste ne sont pas réservés aux scanners iodés ou aux IRM gadolinées. En échographie aussi, on injecte parfois un produit pour mieux voir le cœur ou les vaisseaux. Pour les allergologues, cela ajoute une brique de plus au puzzle des « réactions sous imagerie » à investiguer : il faut désormais penser à Sonovue quand on reprend une anaphylaxie survenue pendant une échographie dite « avec contraste ».

Sonovue, des microbulles… et du PEG

Sonovue est un produit de contraste ultrasonore à base de microbulles de gaz (soufre hexafluorure) stabilisées par une enveloppe contenant notamment du macrogol (polyéthylène glycol, PEG). Il est utilisé pour les échocardiographies, les doppler des gros et microvaisseaux, les échographie des voies excrétrices urinaires, lorsque l’examen sans contraste ne suffit pas.

L’ANSM rappelle que Sonovue ne doit être prescrit que si l’examen standard est insuffisant et que le bénéfice attendu justifie le recours au produit.

Des réactions rares, brutales, parfois dramatiques

Les données de pharmacovigilance montrent des réactions d’hypersensibilité rares (1 à 10 cas pour 10 000 patients exposés), mais pouvant être extrêmement graves :

• érythème, prurit, dyspnée, malaise ;
• anaphylaxie avec choc, bradycardie, hypotension, voire arrêt cardio-respiratoire. 

Ces réactions :

• sont imprévisibles ;
• peuvent survenir dès la première exposition (puisque le macrogol peut avoir été en contact dans d’autres sources) ou lors d’injections ultérieures ;
• s’intègrent dans le spectre plus large des hypersensibilités immédiates aux produits de contraste, qui peuvent être allergiques IgE médiées ou non IgE médiées.

Les formes sévères sont plus fréquentes chez :

• les patients avec cardiopathie instable, antécédent récent d’infarctus, insuffisance cardiaque aiguë ;
• les patients atteints de pathologie pulmonaire ou en détresse respiratoire, surtout en échographie de stress ;
• les patients traités par bêtabloquants, où le choc est plus difficile à prendre en charge.

Un point important pour l’allergologue : Sonovue est contre-indiqué en cas d’antécédent de réaction au produit lui-même ou à l’un de ses composants, en particulier le PEG (macrogol), déjà bien connu dans d’autres contextes d’anaphylaxie.

Ce que l’allergologue peut apporter

Pour l’allergologue, ces alertes se traduisent en pratique par :

• intégrer la notion de produit de contraste ultrasonore dans l’interrogatoire devant toute anaphylaxie durant un examen d’échographie
• déclarer les cas au réseau de pharmacovigilance et du RAV
• organiser si besoin un bilan allergologique spécialisé (discussion d’un testing cutané très prudent, en milieu hospitalier, avec dilutions progressives et en tenant compte du PEG et des autres produits de contraste déjà reçus) ;
• rédiger des recommandations personnalisées pour les examens ultérieurs : éviction de Sonovue, alternatives possibles (?)