Un porc sans alphagal, c’est un peu Crisp(r)ant

mardi 28 octobre 2025 par la rédaction

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Un porc sans alphagal, c’est un peu Crisp(r)ant

Un porc sans alphagal, c’est un peu Crisp(r)ant

mardi 28 octobre 2025

L’allergie à l’alpha-gal, aussi appelée syndrome alpha-gal, est une entité aussi étrange que récente : une allergie retardée à la viande de mammifères déclenchée par la piqûre d’une tique. L’anticorps IgE impliqué cible le galactose-α -1,3-galactose, un sucre présent dans la plupart des mammifères, mais absent chez l’homme, les primates supérieurs et… les tiques. Le patient apprécie son steak, s’endort satisfait, puis se réveille trois à six heures plus tard couvert d’urticaire, parfois en choc anaphylactique.

Des scientifiques américains ont recours à la technologie d’édition génétique CRISPR-Cas9 pour éliminer les gènes responsables de la production de l’alpha-gal chez le porc domestique. Ces animaux, baptisés « GalSafe pigs », ont été développés par la société américaine Revivicor. Leur objectif premier était de générer des tissus et des organes pour des transplantations inter-espèces, tout en minimisant les risques de rejet immunitaire. Mais très vite, une autre idée a émergé : et si ces porcs sans alpha-gal pouvaient nourrir en toute sécurité les personnes allergiques à la viande de mammifères ?

L’étude présentée à la FDA s’est appuyée sur des données génétiques, immunologiques et de sécurité sanitaire pour prouver l’absence de trace de galactose-α -1,3 galactose dans les tissus de ces porcs génétiquement modifiés.

En 2020, la FDA a accordé une autorisation sans précédent pour la mise sur le marché de ces animaux génétiquement modifiés, qui sont destinés à la fois à la consommation humaine et à la production de produits médicaux. C’est une première mondiale : un porc « double usage », qui peut être utilisé aussi bien pour la transplantation que pour la table. La viande issue de ces porcs est décrite comme exempte de l’épitope alpha-gal, rendant théoriquement possible sa consommation par les personnes atteintes du syndrome alpha-gal, à condition toutefois de vérifier par des tests immunologiques individuels la tolérance effective.

Ce feu vert pour des transplantations cardiaques à partir de porcs génétiquement modifiés s’inscrit dans la continuité des recherches précédentes sur les xénogreffes cardiaques, certaines ayant déjà été menées avec des porcs porteurs de la même modification génétique.

Sur le plan scientifique, la prouesse est indéniable. Sur le plan allergologique, c’est une promesse intrigante : imaginer un futur où le bœuf serait remplacé par du « porc hypoallergénique » fait sourire… ou frémir. Cette démarche soulève des questions éthiques : est-il permis, voire souhaitable, de manipuler la vie pour contourner nos intolérances ?

Si la manipulation est effectuée pour sauver des vies lors de greffes, la motivation alimentaire est plus controversée. Créer un animal génétiquement modifié pour que nous puissions manger sans risquer une crise allergique soulève des questions sur notre relation avec la nature et sur notre sens des responsabilités.

Le syndrome alpha-gal, jadis ignoré, met en évidence une biologie révolutionnaire : une médecine où l’allergie n’est plus traitée par la tolérance, mais par la transformation de notre milieu vital. Reste à savoir si, demain, nous préférerons adapter nos gènes… ou notre éthique.


Voir en ligne : FDA : ok pour du porc sans alphagal

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