Il n’y a pas de fumée sans tabac !

mercredi 4 février 2004 par Dr Alain Thillay7906 visites

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Il n’y a pas de fumée sans tabac !

Il n’y a pas de fumée sans tabac !

mercredi 4 février 2004, par Dr Alain Thillay

Le tabagisme passif du fœtus et du nourrisson est dû au tabagisme parental. Ce tabagisme passif chez des enfants à haut risque allergique est un facteur d’augmentation de ce risque. Mais comment évaluer avec certitude le statut tabagique des parents ? Cette étude prospective apporte une réponse convaincante.

Vérification répétée du tabagisme rapporté par les parents durant la grossesse et la petite enfance : une étude prospective de cohorte de nourrissons à haut risque de développement allergique. : Christensen AE, Tobiassen M, Jensen TK, Wielandt H, Bakketeig L, Host A.

Department of Pediatrics, Odense University Hospital, Odense, Institute of Public Health, University of Southern Denmark, and Department of Gynaecology and Obstetrics, Odense University Hospital, Odense, Denmark.

dans Paediatr Perinat Epidemiol. 2004 Jan ;18(1):73-9

 CONTEXTE.

  • L’exposition au tabagisme passif durant la vie fœtale et la petite enfance est reliée étroitement au tabagisme parental.
  • Estimer l’exposition au tabagisme passif requière des informations détaillées et validées sur les changements du tabagisme dus aux cigarettes au long cours.

 OBJECTIF.
L’objectif était de tester la validité du tabagisme « auto-rapporté » parmi des parents durant la grossesse et la petite enfance dans une cohorte d’enfants à haut risque de développement allergique par la mesure du mono-oxyde de carbone (CO) expiré.

 METHODE.

  • La cohorte comprenait 117 familles enrôlées à partir de la population générale de femmes gestantes vues en consultation prénatale.
  • Les données concernant le tabagisme parental étaient obtenues par interrogatoire et mesure du CO expiré chez les deux parents durant la grossesse et lorsque l’enfant était âgé de 6 mois et de 18 mois.

 RESULTATS.

  • La médiane des quantités de CO expiré était de 3 (0-10) parties par million (ppm) chez les non-fumeurs et de 15 (1-39) ppm chez les fumeurs (P<0,0005).
  • L’analyse par la méthode « Receiver Operating charasteristic » (ROC) a été pratiquée pour chaque examen.
  • L’aire sous la courbe (ROC) était importante à la fois chez les mères (entre 0,88 et 0,99) et les pères (entre 0,87 et 0,89), indiquant que le CO expiré était un bon outil diagnostic afin de déterminer le statut tabagique.
  • La comparaison de l’aire sous la courbe (ROC) obtenue chez les mères en fin de grossesse, dans les premiers mois de vie du nourrisson et chez les mères en début de grossesse ne montrait pas de différences statistiques (P=0,21, 0,43 et 0,44 respectivement), il en est de même pour les pères durant la petite enfance (P=0,81).
  • La dose de 8 ppm était la valeur limite entre les fumeurs et les non-fumeurs, basée sur les données d’une étude pilote.
  • Le recours au CO comme outil diagnostic du tabagisme montrait une très haute spécificité (entre 97 et 100%), indiquant que vraiment très peu de personnes se réclamant du non-tabagisme avaient des taux supérieurs à 8 ppm.

 CONCLUSION.

  • La validité de l’évaluation du tabagisme « auto-rapporté » par interrogatoire chez les parents durant la grossesse et la petite enfance est grande.
  • Les interrogatoires et les mesures du CO répétés dans une étude prospective ne modifiaient pas la validité, impliquant un faible risque de biais d’information.
  • Un interrogatoire structuré combiné à la mesure du CO expiré est une méthode valable et fiable pour estimer l’exposition au tabagisme passif du fœtus et du nourrisson.

D’abord un rappel, la méthode ROC est un moyen d’évaluer spécificité et sensibilité d’un test diagnostic, universellement utilisée dans les études scientifiques.

Nous n’aurons pas de critique pour cette belle et solide étude prospective danoise.

Que nous apprend-elle ? Tout simplement, elle valide le fait que le recours à un interrogatoire structuré des parents concernant leur tabagisme allié à la mesure du CO expiré permet d’évaluer avec une haute spécificité (peu de faux positifs) le statut tabagique des parents.

On perçoit tout l’intérêt de cette validation pour mesurer le retentissement du tabagisme parental sur le devenir allergique du fœtus et du nourrisson à haut risque allergique.

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