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Relation entre composés organiques volatils et asthme du nourrisson : de l’art de tirer la COV à soi...
lundi 22 décembre 2003, par
La pollution intérieure est un sujet à fort potentiel de publications à juste titre. De nombreux sons de cloche ou chapelles s’affrontent au risque de démotiver les responsables de la santé respiratoire tout comme les citoyens et médecins intéressés par la cause de l’environnement. Cette étude relance le débat largement ouvert sur notre site…
Les conséquences des composés organiques volatils, de l’humidité et autres polluants domestiques sur les sibilants observés chez l’enfant : A J Venn1, M Cooper2, M Antoniak2, C Laughlin2, J Britton1 and S A Lewis2
1 Division of Epidemiology and Public Health, University of Nottingham, Nottingham, UK
2 Division of Respiratory Medicine, University of Nottingham
dans Thorax 2003 ;58:955-960
– Contexte : les conséquences d’une exposition à l’intérieur de l’habitat aux composés organiques volatils (COVs), dont le formaldéhyde, sur la santé respiratoire ne sont pas clairement comprises.
– Le but de cette étude a été de déterminer les effets relatifs aux COVs et autres polluants courants environnementaux domestiques sur le risque et la sévérité de sifflements persistants chez l’enfant.
– Méthodes : un ensemble de composés organiques volatils, le formaldéhyde, le dioxyde d’azote, le taux d’humidité (exprimé sur la base d’une échelle à 4 niveaux d’hygrométrie analysée sur bois), le tabagisme passif (à partir de la cotinine salivaire) furent mesurés avec objectivité au domicile de 193 enfants porteurs de sifflements persistants et 223 sujets contrôles âgés de 9 à 11 ans à Nottingham, UK
– Résultats :
* le risque de sibilance était significativement augmenté uniquement en relation avec le taux d’humidité (odds ratio (OR) par niveau d’exposition croissant =1.32 (intervalle de confiance à 95% (CI), 1.00 à 1.75) et était sans rapport avec les autres agents mesurés.
* Dans certains cas, l’exposition au formaldéhyde et à un excès d’humidité était associée à des symptômes nocturnes plus fréquents (OR par quartile croissant et catégorie, respectivement de 1.45 (1.06 à 1.98) et 1.97 (1.10 à 3.53)), de façon plus significative chez les sujets atopiques, mais il n’y avait aucun effet relatif à l’ensemble des composés organiques volatils étudiés, le dioxyde d’azote, ou la cotinine.
– Conclusion : les composés organiques volatils domestiques ne sont pas un déterminant majeur pour le risque ou la sévérité des sifflements chez l’enfant, quoique le formaldéhyde puisse augmenter la sévérité symptomatique. Un taux d’humidité intérieure excessif augmente le risque et la sévérité de maladie asthmatique dans l’enfance.
Cette étude négative, quant à la place des COVs, s’inscrit dans un contexte d’intenses débats quant au rôle de la pollution intérieure y compris sur le site www.allergique.org au cours de ces derniers mois.
Les auteurs de Nottingham dénient toute importance aux COVs en tant que facteur de risque et de sévérité pour les sifflements persistants du nourrisson, alors que sont confirmés :
* 1° : le rôle des alhédydes : comme montré dans les articles publiés sous la plume des Dr Jean charles Bonneau « Formaldéhyde : formallergique » et Stéphane Guez du « Alerte à la pollution intérieure : gare aux aldéhydes »
* 2° : le facteur humidité, sans préciser s’il s’agit d’une conséquence intrinsèque ou par l’intermédiaire du développement de moisissures
* 3° : la plus grande vulnérabilité des enfants atopiques pour les 2 facteurs incriminés, et l’on retrouve la notion de pollupènes soulevée habilement par Jean Charles Bonneau.
De même le tabagisme passif, dont la mesure de la cotinine salivaire est le reflet, ainsi que les composés NOX, sont innocentés par les auteurs anglais ! Il est toutefois légitime de s’interroger sur certains aspects méthodologiques de leur étude :
* 1° : tant en matière de mesure des COVs, la méthode n’étant pas précisée dans l’abstract (chimiluminescence ou autre) et surtout quels COVs ont été ciblés ?
* 2° : qu’à propos de la mise en place de la cohorte de bébés siffleurs dont l’origine est d’emblée multifactorielle et non pas, comme dans d’autres études, un groupe d’enfants sains éligibles dès la naissance, randomisés et suivis sur plusieurs mois voire années afin de déterminer incidence, risque et sévérité des sifflements en fonction de l’environnement
* 3° : ou encore à propos de l’exploitation statistique des résultats qui ne semble pas être du type modèle de régression logistique, indispensable dans un tel contexte d’explosion de variables dont le tabagisme passif, les Nox, les COVs, les aldéhydes ! … sans aborder la température de la pièce, le degré hygrométrique, la saison (hiver vs. été), la vitesse de l’air au contact de la surface émissive…dont sont dépendants la mesure des COVs !
A contrario l’équipe de Centre de Recherche Environnementale de l’Université de Leipzig a publié 2 études qui plaident en faveur d’une augmentation du risque lié aux COVs après rénovation de l’habitat, dont Allergique.org s’est faite l’écho :
* 1° : à propos de l’étude LISA (Life Style Immune System Allergy) à lire dans le compte rendu de l’EAACI 2003 : le congrès du Dr Dominique Marchand « Conséquences de la rénovation de l’habitat et de l’exposition aux composés organiques volatils COVs dans la première année de vie » par U. Diez et al.
* 2° : à propos de l’étude LARS (Leipzig Allergy Risk Study), relatée dans l’excellente analyse du Dr Stéphane Guez « Bébé n’aime pas le bricolage ? Reste à savoir si c’est du LARS ou du cochon ! » à propos de l’article « La rénovation des appartements entraîne une obstruction bronchique chez les enfants à risque atopique ; résultats de l’étude LARS » par U. Diez et al.
En résumé, bonnes lectures quant à cette COV ’story et à votre sens critique…
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