Accoutumance rapide aux antibiotiques : la clé est dans la souris !!

vendredi 15 septembre 2006 par Dr Stéphane Guez1486 visites

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Accoutumance rapide aux antibiotiques : la clé est dans la souris !!

Accoutumance rapide aux antibiotiques : la clé est dans la souris !!

vendredi 15 septembre 2006, par Dr Stéphane Guez

L’utilisation des protocoles d’induction de tolérance rapide par voie orale est largement validée en pratique clinique. Paradoxalement, le mécanisme de cette accoutumance est énigmatique. Un modèle murin développé par une équipe de recherche permet enfin d’y voir un peu plus clair.

Mécanisme de la désensibilisation rapide par voie orale aux antibiotiques : H.-Y. Woo1,2, Y.-S. Kim1,2, N.-I. Kang1,2, W.-C. Chung1, C.-H. Song2, I.-W. Choi3, I.-H. Choi3, H.-K. Lee1,2

1Department of Immunology ; 2Research Center for Allergic Immune Diseases, Chonbuk National University Medical School, Chonju ; 3Department of Microbiology, Inje University College of Medicine, Busan, Korea

dans Allergy 61 (8), 954-958

 Introduction :

  • Malgré l’utilisation courante des protocoles de désensibilisation par voire orale chez les patients allergiques à de nombreuses molécules antibiotiques, le mécanisme d’action précis de ce traitement reste très mal connu.

 Objectif de l’étude :

  • Les auteurs ont étudié le mécanisme qui sous-tend la désensibilisation rapide par voie orale aux antibiotiques.

 Méthodologie :

  • Les auteurs ont étudié un modèle murin d’anaphylaxie active systémique aux pénicillines V (péniV), les souris ayant été initialement sensibilisées aux péniV puis désensibilisées par voie orale à ces péniV.
  • La dose a été doublée toutes les 15 minutes et 5 prises orales ont été effectuées.
  • L’efficacité de la désensibilisation rapide par voir orale a été évaluée par un test de provocation d’anaphylaxie systémique et cutanée et par la mesure de taux plasmatiques de PAF et d’histamine.
  • Les taux d’IgE spécifiques aux Ag ont été déterminés par anaphylaxie cutanée passive.

 Résultats :

  • Les souris ayant absorbé plus de 3 mg de dose cumulée de péniV sont totalement protégées d’une réaction anaphylactique fatale et la protection cesse après 1h environ.
  • Une désensibilisation spécifique des antigènes au niveau des mastocytes a été constatée durant la désensibilisation rapide par voie orale, mais il n’y a pas d’inhibition hapténique, ni consommation d’IgE-abs ou de diminution des médiateurs mastocytaires.

 Conclusion :

  • Une désensibilisation rapide par voie orale aux péniV est possible chez la souris et une désensibilisation spécifique des antigènes au niveau mastocytaire est associée au mécanisme qui intervient lors de cette désensibilisation par voie orale.

Les auteurs ont essayé de comprendre les mécanismes de la désensibilisation rapide par voie orale aux antibiotiques.

Ils ont validé un modèle murin, les souris ayant été initialement sensibilisées aux péniV. Il semble que l’efficacité de ce traitement soit liée à une action spécifique au niveau des mastocytes.

Il règne une certaine confusion dans les termes employés et cette étude n’y déroge pas. Il est plus vrai de parler d’accoutumance rapide aux antibiotiques que de désensibilisation car d’une part la plupart du temps il n’y pas de preuve absolue que l’accident médicamenteux initial soit réellement IgE dépendant, et d’autre part l’effet de ce traitement est transitoire et en aucun cas curatif. Il ne s’agit donc pas d’un désensibilisation ou immunothérapie spécifique.

Sinon, il est évident qu’il nous manque cruellement des explications claires pour comprendre le mécanisme de ces protocoles rapide d’induction de tolérance par voie orale qui ont cependant fait largement la preuve de leur efficacité en pratique clinique.

Comment un patient ayant fait initialement une réaction anaphylactique ou anaphylactoïde peut-il supporter le même traitement simplement parce qu’il a été administré en prises successives progressivement croissantes ?

Les auteurs ont mis au point un modèle murin qui permet enfin de faire une étude expérimentale des mécanismes qui sous-tendent cette accoutumance.

Malheureusement on reste un peu « sur sa faim » à la lecture de ce travail : tout semble se passer au niveau mastocytaire mais l’explication n’est pas suffisante pour permettre par exemple de modifier et d’améliorer ces protocoles d’accoutumance.

Il reste donc du travail à faire en perspective pour enfin comprendre ce mécanisme d’accoutumance aux médicaments...

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