GERDA 2006 - Toulouse - Progrès en dermato-allergologie - dernier jour.

mardi 26 septembre 2006 par Dr Geneviève DEMONET3723 visites

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GERDA 2006 - Toulouse - Progrès en dermato-allergologie - dernier jour.

GERDA 2006 - Toulouse - Progrès en dermato-allergologie - dernier jour.

mardi 26 septembre 2006, par Dr Geneviève DEMONET

Une matinée consacrée à l’actualité, à travers les publications marquantes des 2 dernières années. Cela fait un peu catalogue, mais c’est la loi du genre...

Que retenir de l’année 2005-2006 ?

En allergologie ?

A. Didier (Toulouse)

Sur le plan de la physiopathologie, le concept Th1/Th2 a du plomb dans l’aile...
 Il ne permet pas en effet d’expliquer de façon satisfaisante l’augmentation des maladies allergiques (Th2) mais aussi parallèlement des maladies auto-immunes comme le diabète, la sclérose en plaques (typiquement Th1).
 Certaines maladies atopiques comme l’asthme (et particulièrement lors des exacerbations) comportent également une composante Th1 indéniable.
 Un nouveau concept arrive à la rescousse : l’atopique aurait un déficit, au moins partiel, en lymphocytes Treg (caractérisés par des marqueurs de surface CD4+ CD25+ et producteurs d’Il-10 et/ou de TGF-bêta) favorisant le développement d’une réaction immunitaire vis-à-vis des allergènes de l’environnement par l’activation de la voie Th2 (Rev Mal Respir 2005 ; 22 : 305-311).

Les études épidémiologiques notables ont concerné les facteurs de risque de l’allergie.
 A. Didier a particulièrement retenu l’étude Parsifal sur les enfants des écoles Steiner qui a mis en évidence 3 facteurs de risque : l’utilisation d’antibiotiques pendant la première année de vie, l’utilisation d’anti-pyrétiques et la vaccination ROR (JACI 2006 ; 117 : 59-66).
 Un participant a justement remarqué que l’absence de traitement pouvait être du à l’absence de maladie et pouvait constituer un biais en sélectionnant un groupe particulier d’enfants...
 La relation cancer-atopie, qui a déjà fait couler beaucoup d’encre a été le sujet d’une vaste étude suédoise (Allergy 2005 ; 60 : 116-120). Aucun lien significatif n’a pu être établi entre cancer et atopie. L’allergie ne protège donc pas du cancer mais elle ne le favorise pas non plus...
 De façon plus anecdotique, une relation a été établie entre la consommation de hamburgers et l’atopie (sans intervention de l’obésité) (Allergy 2005 ; 60 : 1537-1541).

Sur le plan diagnostique et thérapeutique,
 il faut souligner l’importance des allergènes recombinants avec la première publication d’un essai de désensibilisation par voie sous-cutanée à l’aide de 5 allergènes recombinants de phléole avec une amélioration significative dès la première saison pollinique (JACI 2005 ; 116 : 608-613).
 En ce qui concerne la désensibilisation, une revue générale portant sur 22 études répondant aux critères de qualité de la base de données Cochrane a été publiée dans la rhinite allergique sur la voie sublinguale, confirmant efficacité et absence d’effets secondaires graves (Allergy 2005 ; 60 (1) : 4-12).
 Une tentative de désensibilisation à la noisette mérite également d’être rapportée (JACI 2005 ; 116 (5) : 1073-1079).
 Pour finir, l’arrivée des anti-IgE doit être soulignée dans le traitement de l’asthme sévère cortico-dépendant (Xolair°).

En dermato-allergologie outre-atlantique ?

D. Sasseville (Montréal)

D. Sasseville fait partie du NACDRG (North American Contact Dermatitis Research Group) qui comporte 13 membres dont 2 canadiens.

Les dernières statistiques du groupe ont été publiées en décembre 2004 et concernent 4913 patients testés de janvier 2001 à décembre 2002 (Dermatitis 2004 ; 15 : 176-183).
 Les 10 allergènes les plus fréquents furent : nickel, néomycine, baume du Pérou, fragance mix, thimérosal, or, quaternium-15, formaldéhyde, bacitracine et cobalt.
 La pertinence des réactions positives au thimérosal et à l’or ayant été jugée très faible, le thimérosal et l’or ont été retirés de la batterie standard par les membres du NACDRG en 2003.
 Ils ont également ajouté à leur batterie standard le budésonide à 0.01% en 2003 (en plus du 0.1%).

En ce qui concerne l’étude du potentiel allergisant d’une substance particulière, le test sur les ganglions lymphatiques locaux (mis au point depuis une quinzaine d’années) mérite d’être souligné car, s’il s’agit toujours d’expérimentation animale, il nécessite néanmoins un moins grand nombre d’animaux que le test de maximalisation chez le cobaye.
 L’allergène étudié est appliqué sur l’oreille des souris durant 3 jours consécutifs.
 5 jours plus tard, on injecte aux souris de la thymidine tritiée et les animaux sont sacrifiés 5 heures plus tard pour prélever les ganglions rétro-auriculaires et en mesurer la radioactivité.
 Le potentiel sensibilisant est déterminé par la concentration de la substance qui provoque une stimulation ganglionnaire 3 fois supérieure à celle induite par l’excipient seul (EC3).
 Une compilation de 211 produits chimiques soumis à ces tests vient d’être publiée. Elle les classe en sensibilisants puissants, modérés, faibles ou non allergisants.
 On peut cependant émettre quelques doutes sur certaines molécules comme la benzocaïne et les parabènes qui ont été classées comme non allergisantes alors qu’elles sont des allergènes notoires (Dermatitis 2005 ; 16 : 157-202).

Une bonne nouvelle pour la conservation des allergènes : certains peuvent se conserver très longtemps !
 C’est le cas de la PPD qui défie le temps avec un pouvoir allergénique conservé au bout de quarante ans ! (Dermatitis 2005 ; 16 : 92)
 Par contre, d’autres allergènes comme le diiosocyanate de diaminodiphénylméthane pourraient se dégrader très rapidement avant même la date de péremption présumée...

Des allergènes communs au baume du Pérou et à la tomate ont été trouvés (alcool cinnnamique et alcool coniférylique) justifiant l’éviction des tomates chez les patients fortement allergiques au baume du Pérou (Dermatitis 2005 ; 16 : 93).

La carboxyméthylcellulose (CMC) est un allergène connu responsable de réactions générales d’hypersensibilité immédiate (corticostéroïde intra-articulaire, sulfate de baryum en radio digestive...)
 L’urticaire de contact est plus rare et n’avait été décrite jusqu’ici qu’avec un pansement hydrocolloïde.
 Un nouveau cas a été publié avec la craie pour tableau noir contenant du CMC (Dermatitis 2006 ; 17 : 29-31). La même patiente a présenté par la suite un œdème buccal après application d’une pâte abrasive en contenant lors de soins dentaires.

Une étude intéressante rapporte le cas de 5 enfants présentant une dermatite des couches rebelle au traitement (Pediatrics 2005 ; 116 (3) : e450-452).
 Les couches portaient des motifs imprimés en bleu, rose et vert.
 Une allergie aux colorants textiles de type disperse (Red 17, Blue 106, Red 1, Blue 124, orange 3) a pu être mise en évidence chez les 2 enfants testés.
 Les lésions ont disparu avec le changement de couches.

Pour finir, le cas de l’érythème réticulé télangiectasique a retenu l’attention.
 Il s’agit d’une éruption érythémateuse, localisée au voisinage du site d’implantation d’un pacemaker ou d’un défibrillateur, et suivie de l’apparition de télangiectasies (Arch Dermatol 2001 ; 137 : 1259-1261).
 Il n’y a pas de fièvre, pas de douleur ni de prurit.
 L’éruption est souvent traitée, à tort, comme une infection.
 La physiopathologie en est mal connue et on avançait jusqu’ici l’hypothèse d’une distension tissulaire ou de l’action des champs électro-magnétiques.
 Or la même éruption a été décrite avec des pompes à infusion (Arch Dermatol 2005 ; 141 : 106-107) mais aussi avec une prothèse humérale métallique. Cette dernière ne générait aucun champ électro-magnétique et ne causait pas de distension tissulaire. Affaire à suivre...

En dermato-allergologie en Europe ?

J-M Lachapelle (Bruxelles)

Encore et toujours les tatouages aux henné contenant de la PPD...
 Il faut souligner l’existence de réactions anaphylactiques sévères dans les heures suivant le tatouage (Ann Dermatol Venerol 2005 ; 132 : 9S71-9S72), ainsi que des eczémas de contact de type bulleux et des dépigmentations persistantes après tatouage temporaire.
 L’allergie à la PPD est, par ailleurs, responsable d’allergie à des colorants vestimentaires.
 Si ces réactions sont bien connues, il faut néanmoins penser à les déclarer au Revidal et à l’Afssaps pour espérer avoir un impact sur les pouvoirs publics et l’organisation de campagnes de prévention !

Le décylglucoside est l’allergène vedette de 2006 !
 Il s’agit d’un surfactant se trouvant dans divers cosmétiques (produits solaires, shampooings, colorants capillaires, savons, laits, lotions, gels antiseptiques...).
 Il fait partie de la famille des alkylglucosides.
 Des sensibilisations concomitantes entre différents glucosides pourraient être observées (cétéarylglucoside, cocoglucoside, laurylglucoside).

Deux cas de granulomatoses cutanées inédites ont été rapportées :
 la première au cérium (Ann Dermatol Venerol 2006, 133 : 50-52) chez une patiente gravement brûlée traitée par Flammacérium (qui contient du cérium).
 La seconde est survenue à la suite d’une injection d’acide hylaruronique (Restylane°) réputée biodégradable (Brit J Dermatol 2006 ; 154 : 755-758). Les nodules ont disparu sans laisser de traces en 3 mois.
 Ces produits (Restylane°, Hylaform°) sont considérés jusqu’ici comme bien tolérés hormis quelques réactions érythémateuses fugaces.
 Les produits non-biodégradables (Newfill°, Dermalive°) sont responsables, par contre, de granulomes à corps étrangers stables et très inesthétiques.

L’arrivée du Fragance mix ll est à souligner.
 Une importante étude portant sur 1701 patients a testé ce nouveau mélange de lyral° (5%), citral (2%), farnesol (5%), coumarine (5%), citronellol (1%) et α-hexylcinnamicaldéhyde (10%) (Contact Dermatitis 2005 ; 52 : 207-215).
 Il ne dispense cependant pas de tester le parfum du patient...

Pour finir, le ROAT (test d’application ouverte répétée) qui est revenu tout au long de ce cours du GERDA...
 Ce test s’inscrit dans le prolongement direct du test épicutané.
 Il apparaît plus proche de la réalité des faits, reproduisant d’une manière plus réelle l’eczéma de contact allergique vécu par le patient.
 L’application sur le bras revêt souvent l’aspect d’un eczéma à petits éléments papuleux folliculaires tandis qu’au visage apparaissent plutôt de larges placard érythémateux (Contact dermatitis 2006 ; 54 : 21-24).
 Tous à vos ROAT....

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