Faut-il donner à nos bambins de la cortisone, à l’insu de leur plein gré, en cas d’infection à rhinovirus ?

mercredi 27 février 2013 par Dr Philippe Carré877 visites

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Faut-il donner à nos bambins de la cortisone, à l’insu de leur plein gré, en cas d’infection à rhinovirus ?

Faut-il donner à nos bambins de la cortisone, à l’insu de leur plein gré, en cas d’infection à rhinovirus ?

mercredi 27 février 2013, par Dr Philippe Carré

La prednisolone diminue les récidives de sifflements après un premier épisode de sifflements lié à une infection à rhinovirus : suivi à 7 ans de distance. :
Lukkarinen M, Lukkarinen H, Lehtinen P, Vuorinen T, Ruuskanen O, Jartti T.
Source

Department of Paediatrics, Turku University Hospital, Turku, Finland.

dans Pediatr Allergy Immunol. 2013 Feb 3. doi : 10.1111/pai.12046.

 Contexte :

  • Pour mieux comprendre le rôle des sifflements associés à une infection à rhinovirus humain comme facteur de risque de récidive de sifflements pendant l’enfance, une cohorte de jeunes enfants présentant leur premier épisode de sifflements a été suivie jusqu’à l’âge scolaire.

 Méthodes :

  • Les 111 enfants hospitalisés pour sifflements (âge moyen, 12 mois) ont participé initialement à un essai parallèle randomisé, en double-aveugle et contrôlé contre placebo, sur l’efficacité de la prednisolone orale
  • Dans cette étude de suivi sur 7 ans, les facteurs de risque de sifflements récidivants ont été analysés, puis l’efficacité de la prednisolone a été évaluée de façon globale et de façon post-hoc dans des sous-groupes pré-déterminés
  • L’objectif principal était le délai jusqu’à la récidive des sifflements.

 Résultats :

  • Le facteur de risque indépendant le plus fort pour la récidive des sifflements était la détection de rhinovirus (ratio de hasard RH 3.54 ; IC à 95 % : 1.51-8.30), suivi par la sensibilisation (RH 3.47 ; 1.55-8.30, respectivement), l’âge inférieur à 1 an (2.45 ; 1.29-4.65) et l’eczéma (2.33 ; 1.11-4.90)
  • De façon globale, la prednisolone ne prévenait pas la récidive des sifflements
  • Dans l’analyse des sous-groupes, la prednisolone était associé à moins de récidive de sifflements chez les enfants atteints par le rhinovirus (0.32 ; 0.12-0.90, après ajustement sur la sensibilisation, le jeune âge, l’étiologie virale et l’asthme parental) et/ou l’eczéma (0.27 ; 0.08-0.87, après ajustement respectif).

 Conclusions :

  • Ces résultats soulignent le rôle des sifflements associés au rhinovirus comme facteur de risque important de récidive de sifflements et d’asthme chez les jeunes enfants après leur premier épisode de sifflements
  • Des essais prospectifs randomisés sur l’efficacité des corticoïdes dans les sifflements précoces associés à rhinovirus sont nécessaires.

L’identification précoce des enfants à haut risque d’asthme est souvent basée sur les caractéristiques atopiques, notamment la sensibilisation aux aéro-allergènes, qui est cependant rarement décelable dans la petite enfance.

Les sifflements associés à l’infection à rhinovirus humain a été suggérée comme un facteur de risque important de récidive de sifflements ou d’asthme, mais aucune étude n’avait été faite au-delà d’un an de suivi.

Cette étude finlandaise est la première à étudier le pronostic à long terme (7 ans) du premier épisode de sifflements, conjointement aux caractéristiques virales et atopiques. Dans une étude précédente, les mêmes auteurs avaient montré qu’un traitement par prednisolone orale du premier épisode de sifflements d’origine virale réduisait le risque de récidive de sifflements et/ou d’eczéma à 1 an de distance.

Ces enfants de 12 mois d’âge moyen avaient été randomisés entre septembre 2000 et mai 2002, au moment de leur premier épisode de sifflements, pour recevoir soit un placebo (n=56) soit de la prednisolone (n=55) à la dose de 2 mg/kg la première fois, puis 2 mg/kg/j en 3 doses séparées pendant 3 jours (dose maximale 60 mg/j). Ils ont donc été réévalués après une période de 7 ans de suivi, dans une étude post-hoc.

Les auteurs montrent que :

  • la sensibilisation aux aéro-allergènes et l’infection à rhinovirus humain sont des facteurs prédictifs importants de récidive des sifflements
  • le traitement par prednisolone oral diminue le risque de récidive des sifflements chez les enfants ayant une infection à rhinovirus et/ou un eczéma, et que cet effet persiste après une période de surveillance de 7 ans.

Bien que les corticoïdes préservent la barrière épithéliale et pourraient protéger contre les infections virales, les auteurs pensent que le mécanisme le plus important peut être leur habilité à réprimer les gènes inflammatoires et/ou leurs facteurs de transcription, et induire l’expression de gènes anti-inflammatoires ; de plus ils inhibent le récepteur du rhinovirus humain sur la muqueuse respiratoire ; leur administration précoce peut donc être un facteur important de leur efficacité clinique prolongée.

Cette étude permet de conclure :

  • qu’il existe un lien entre atopie et rhinovirus humain
  • que le rhinovirus a un rôle en tant que facteur de risque de récidive des sifflements
  • que l’effet négatif de la prednisolone sur la récidive des sifflements chez les enfants ayant une infection à rhinovirus et/ou de l’eczéma suggère que l’inflammation pré-existante des voies aériennes, liée à l’atopie, augmente la susceptibilité aux sifflements lors d’infections à rhinovirus
  • que des essais randomisés prospectifs sont nécessaires pour savoir si un traitement anti-inflammatoire précoce peut réduire les sifflements chez les enfants à haut risque d’asthme.

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