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Le bio c’est bon pour les enfants de bobos, et alors ?
lundi 10 février 2025, par
Selon l’OMS, les maladies respiratoires chroniques sont la troisième cause de mortalité au monde, après les maladies cardiovasculaires et le cancer (OMS, 2022). Les allergies englobent un éventail de maladies complexes, telles que l’asthme, la rhinite allergique, la dermatite atopique ou encore les réactions aux aliments, qui dépendent de facteurs environnementaux et comportementaux. Des études ont suggéré un lien entre le régime alimentaire et les allergies, comme le rôle protecteur de l’allaitement et du régime méditerranéen. L’alimentation biologique ("bio"), actuellement en vogue, est souvent perçue comme plus saine, mais les preuves de son impact sur la santé respiratoire et les allergies restent limitées.
Méthodologie
- Cette étude s’appuie sur l’échantillon de naissances PARIS (2003-2006), composé de 3840 enfants, dont 1391 ont participé à l’étude à l’âge de 8 ans.
- Les données recueillies comprennent : un questionnaire de fréquence alimentaire prenant en compte des aliments biologiques et conventionnels.
- Détermination des allergies à l’aide de questionnaires normalisés et de tests d’IgE spécifiques (pas de tests cutanés).
- Analyse des régimes alimentaires par méthode de clustering ("k-means").
- Des ajustements statistiques sont apportés pour tenir compte de nombreux facteurs confondants (par exemple, le statut socio-économique de la famille, l’allaitement, le tabagisme).
Résultats
Participants :
- Les enfants participants provenaient de familles à revenu plus élevé et étaient moins exposés au tabagisme maternel.
Allergies :
- La prévalence des réactions allergiques est de 37 %, dont 32 % sont causées par des allergènes inhalés et 17 % par des allergènes alimentaires.
- Prévalence des maladies allergiques : asthme (8 %), eczéma (12 %), rhinite allergique (7 %).
Régimes alimentaires :
- Trois profils ont été identifiés :
- G0 (faible consommation de produits biologiques), G1 (modérée) et G2 (forte).
- Le groupe G2 présentait un taux d’adhésion accru au régime méditerranéen et mangeait plus fréquemment des fruits, des légumes et des noix.
Il existe un lien possible entre la consommation de produits biologiques et les allergies :
- G2 : Les individus qui consomment régulièrement des aliments issus de l’agriculture biologique semblent présenter moins de risques d’allergies, particulièrement respiratoires, avec un ratio OR ajusté de 0,64 et une valeur p significative de 0,04.
- Les produits laitiers biologiques et le lait ont été associés à une diminution du risque de rhinite allergique.
Discussion
Points forts :
- Étude sur une cohorte bien caractérisée avec des données standardisées et ajustées.
- Approche innovante d’identification des régimes alimentaires basée sur des données réelles.
Limites : - Conception transversale, absence d’information sur les portions et l’alimentation maternelle.
- Attrition de l’échantillon avec sous-représentation des familles à faible statut socio-économique.
Analyse :
- Il est possible que la diminution des réactions allergiques soit attribuable à des facteurs nutritionnels, tels que les acides gras et le microbiote intestinal, ou à une exposition moindre aux pesticides dans les aliments biologiques.
Conclusion
- Cette étude suggère qu’une alimentation riche en produits "bio" pourrait réduire la sensibilité allergique chez les enfants d’âge scolaire, en particulier à l’égard des allergènes respiratoires.
- Les résultats préliminaires suggèrent un possible avantage des régimes riches en aliments "bio" pour prévenir les allergies, mais ils doivent encore être confirmés.
Une alimentation "bio" de nos enfants permet-elle de prévenir la survenue des allergies ? Nous aimerions tant que ce soit vrai… d’abord parce que la culture "bio" est moins impactante pour la planète et ensuite parce que c’est un vrai effort financier que de se nourrir en "bio". Cette étude française explore intelligemment avec l’aide, entre autre, de la direction de l’action sociale, de l’enfance et de la santé (DASES) de la Ville de Paris, le devenir des petits Parisiens nourris au bio.
Bonne nouvelle, le groupe nourri au bio a statistiquement moins de risque d’allergies respiratoires, moins bonne nouvelle : l’échantillon sur représente les populations aisées. Cela induit un biais certain car ces populations sont probablement les plus à même de s’informer des mesures de prévention des différentes maladies et d’associer un ensemble de mesure, dont l’alimentation bio, malgré le surcoût engendré.
J’émettrai un petit regret sur la méthodologie : des dosages d’IgE sanguines en lieu et place de prick-test, c’est dommage.
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