Question à nos tutelles : le traitement contre le reflux, traitement de confort ou traitement efficace dans l’asthme ?

samedi 10 mai 2003 par Dr Stéphane Guez4442 visites

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Question à nos tutelles : le traitement contre le reflux, traitement de confort ou traitement efficace dans l’asthme ?

Question à nos tutelles : le traitement contre le reflux, traitement de confort ou traitement efficace dans l’asthme ?

samedi 10 mai 2003, par Dr Stéphane Guez

On parle beaucoup du reflux gastro-œsophagien comme un facteur d’aggravation de l’asthme. Mais son traitement (et quel traitement ?) est-il réellement efficace sur les symptômes d’asthme et sur la fonction respiratoire ?

Effets d’un traitement anti-reflux sur le traitement de l’hyper-réactivité bronchique et sur la fonction pulmonaire, chez des patients asthmatiques ayant un reflux gastro-œsophagien. : Jiang SP, Liang RY, Zeng ZY, Liu QL, Liang YK, Li JG. Department of respiratory Medicine, The Second Affiliated Hospital, Sun Yat-sen University, 107 Yanjiang West Road, Guangzhou 510120, Guangdong Province China. zengzhiyong99@hotmail.com dans World J Gastroenterol 2003 May ;9(5):1123-1125

 Le but de l’étude est d’étudier les effets d’un traitement anti-reflux sur l’hyper-réactivité bronchique et la fonction pulmonaire chez des patients asthmatiques ayant un reflux gastro-œsophagien (RGO).

 Méthode :
* 30 patients asthmatiques ayant un RGO ont été randomisés et partagés en 2 groupes A et B.
* Les patients du groupe A (n=15) ont reçu seulement un traitement pour l’asthme associant salbutamol 200 microg 4 fois par jour et budésonide 400 microg 2 fois par jour pendant 6 semaines.
* Les patients du groupe B (n=15) ont reçu le même traitement que le groupe A mais également un traitement anti-reflux incluant omeprazole 20 mg une fois par jour et domperidone 10 mg 3 fois par jour pendant 6 semaines.
* Les tests de fonction pulmonaire et l’épreuve d’hyper-réactivité bronchique ont été réalisés avant et après l’étude.

 Résultats :
* Il n’ y a pas de différence significative à l’état de base des résultats de l’étude de la fonction pulmonaire ni du test d’hyper-réactivité bronchique à l’histamine entre les 2 groupes.
* A la fin de l’étude, les valeurs moyennes sont significativement plus importantes dans le groupe B par rapport au groupe A en ce qui concerne le volume courant, le VEMS, l’indice de Tiffeneau, le débit de pointe ainsi que la PD20% lors du test à l’histamine.

 Conclusion : Un traitement anti-reflux peut améliorer la fonction pulmonaire et bloquer l’hyper réactivité bronchique chez des patients asthmatiques ayant un reflux gastro-oesophagien.


Dans cette étude, les auteurs démontrent que l’association d’un traitement contre le reflux améliore de façon objective la fonction pulmonaire et l’hyper-réactivité bronchique de patients asthmatiques ayant un reflux gastro-œsophagien.

Cette étude confirme plusieurs notions.

Tout d’abord que l’asthme est une maladie pluri-factorielle en raison de la situation des bronches au carrefour des voies nasales et digestives. Ainsi, il existe des communications entre ces différents appareils par le biais du système aérien mais également vasculaire, neuro-végétatif etc… Il est donc normal qu’il y ait une influence de ces appareils les uns avec les autres.

Le reflux gastro-œsophagien est souvent recherché, et il est actuellement préconisé de prescrire un traitement d’épreuve lorsqu’on le suspecte fortement à l’interrogatoire du patient. Ce travail confirme que traiter le reflux améliore la fonction respiratoire et l’asthme en diminuant l’hyrper-réactivité bronchique. Il démontre indirectement que le reflux est un facteur aggravant de l’asthme qui pérennise l’hyper réactivité bronchique.

Le traitement spécifique du reflux est plus logique que d’augmenter les traitements spécifiques de l’asthme en particulier la corticothérapie inhalée. D’autant que le reflux a ses complications propres : ulcérations œsophagiennes, pneumopathie, sténose œsophagienne etc… cette étude démontre aussi que le traitement doit être énergique avec un anti-sécrétant acide et un régulateur du sphincter supérieur de l’œsophage.

Ainsi, la prise en charge de l’asthme ne peut se concevoir que dans la globalité du patient en tenant compte de tous les facteurs aggravants possibles, allergiques, ORL digestif etc…

C’est ce qui rend cette affection si difficile à contrôler mais aussi si passionnante (pour les médecins ! !).

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