L’asthme gravidique est-il grave pour le terme ?

lundi 19 janvier 2004 par Dr Alain Thillay1553 visites

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L’asthme gravidique est-il grave pour le terme ?

L’asthme gravidique est-il grave pour le terme ?

lundi 19 janvier 2004, par Dr Alain Thillay

De nombreuses études ont suggéré que l’asthme durant la grossesse, modéré et sévère, augmente l’incidence des accouchements avant terme. Dans cette étude de niveau de preuve II-2, les auteurs ont cherché à confirmer si la gravité de l’asthme gravidique augmentait effectivement les accouchements avant 32 semaines de gestation.

Asthme gravidique. : Dombrowski MP, Schatz M, Wise R, Momirova V, Landon M, Mabie W, Newman RB, McNellis D, Hauth JC, Lindheimer M, Caritis SN, Leveno KJ, Meis P, Miodovnik M, Wapner RJ, Paul RH, Varner MW, O’Sullivan MJ, Thurnau GR, Conway DL ; National Institute of Child Health and Human Development Maternal-Fetal Medicine Units Network and the National Heart, Lung, and Blood Institute.

Departments of Obstetrics and Gynecology at Wayne State University, Detroit, Michigan 48236, USA. Mitchell.Dombrowski@stjohn.org

dans Obstet Gynecol. 2004 Jan ; 103(1) : 5-12

 OBJECTIF.

  • Déterminer les évènements maternels et néonataux en fonction de la gravité de l’asthme gravidique à l’aide du « 1993 National Asthma Education Program Working Group on Asthma and Pregnancy definitions of asthma severity ».
  • L’hypothèse initiale était que les asthmatiques sévères ou modérées auraient une augmentation de l’incidence d’accouchement avant 32 semaines de gestation comparativement aux cas contrôle non asthmatiques.

 METHODES

  • Il s’agissait d’une étude d’observation de cohorte, multicentrique, prospective conduite sur 4 ans dans 16 centres hospitalo-universitaires.
  • La sévérité de l’asthme était établi en accord avec la classification du « National Asthma Education Program Working Group on Asthma and Pregnancy » modifiée afin d’inclure le recours aux médicaments.
  • Cette étude avait la capacité de détecter 80% de l’augmentation de 2 à 3 fois des accouchements précoces à moins de 32 semaines de gestation parmi la cohorte ayant un asthme modéré à sévère comparativement aux contrôles.
  • Le résultat des mesures incluait secondairement les données néonatales et obstétricales.

 RESULTATS.

  • L’analyse finale incluait 881 cas-contrôles non asthmatiques, 873 cas d’asthme léger, 814 cas d’asthme modéré et 52 cas d’asthme sévère.
  • Il n’y avait pas de différences significatives du taux d’accouchement avant terme inférieur à 32 semaines (asthme modéré à sévère 3,0%, léger 3,4%, contrôles 3,3% ; P= 0,873) ou inférieur à 37 semaines de gestation.
  • Il n’y avait pas de différences significatives concernant les résultats néonataux exception faite du diagnostic de sortie de sepsis néonatal parmi le groupe asthme léger comparé au groupe contrôle, odds ratio ajusté de 2,9, intervalle de confiance de 95%, 1,2 à 6,8.
  • Il n’y avait pas de différences significatives pour ce qui concerne les complications maternelles exceptées pour l’augmentation du taux de césariennes global parmi les groupes asthme modéré et asthme sévère comparativement au groupe contrôle (OR ajusté 1,4, IC = 95%, 1,1 à 1,8).

 CONCLUSION.

  • L’asthme n’est pas associé à une augmentation significative des accouchements avant terme ou d’autres évènements périnataux hormis le diagnostic de sortie de sepsis néonatal.
  • Le taux de césariennes était augmenté parmi les asthmatiques modérées et sévères.
  • NIVEAU DE PREUVE. II-2

Dans le cadre de la « Médecine basée sur des preuves », une étude ayant un niveau de preuve II-2, selon la classification du Guide Canadien de Médecine Clinique Préventive, est une étude de cohortes ou cas/témoins bien conçue, réalisée de préférence dans plus d’un centre.

Autant dire qu’il s’agit d’une étude prospective d’excellente qualité.

Elle remet en cause nombres d’études rétrospectives sur ce sujet qui suggéraient fortement un lien entre asthme gravidique et accouchement avant terme.

Elle montre exactement le contraire des études rétrospectives.

Le seul élément trouvant un lien est le sepsis néonatal qui ne trouve pas d’ailleurs d’explication aisée.

Les résultats de cette étude ne constitue pas pour autant une raison pour négliger l’asthme des femmes durant la grossesse, bien au contraire.

Les contre-indications relatives des médicaments de l’asthme durant la grossesse seront à mettre en balance en fonction du rapport risque/bénéfice.

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