Une nouvelle méthode de désensibilisation : les allergènes micro-encapsulés.

vendredi 13 février 2004 par Dr Isabelle Bossé3201 visites

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Une nouvelle méthode de désensibilisation : les allergènes micro-encapsulés.

Une nouvelle méthode de désensibilisation : les allergènes micro-encapsulés.

vendredi 13 février 2004, par Dr Isabelle Bossé

Alors que l’on continue de faire des études sur l’immunothérapie sublinguale en liquide, que l’on commence tout juste à faire des études validant les comprimés sublinguaux d’immunothérapie, voici une petite révolution californienne : les allergènes "enrobés" qui seraient efficaces par voie digestive et non plus seulement par voie sublinguale. Quid de ces OVNI d’un genre nouveau ?

Efficacité clinique d’un extrait de pollen de phléole micro encapsulé chez des individus allergiques aux graminées. : TePas EC, Hoyte EG, McIntire JJ, Umetsu DT.

Division of Immunology and Allergy, Department of Pediatrics, Stanford University, Stanford, California, USA. etepas@partners.org

dans Ann Allergy Asthma Immunol. 2004 Jan ;92(1):25-31

 Objet :

  • l’immunothérapie conventionnelle est cliniquement efficace dans la réduction des symptômes de la rhinite allergique et de l’asthme.
  • Elle diffère des autres thérapeutiques pharmacologiques par le fait qu’elle peut induire une rémission clinique au long cours de ces maladies.
  • Cependant cela nécessite des années de traitement et elle est associée à des réactions allergiques sérieuses.

 Objectifs  : évaluer la sécurité, l’efficacité clinique, et les mécanismes immunologiques de l’immunothérapie par un traitement oral avec un pollen de phléole micro encapsulé.

 Méthodes :

  • étude en double aveugle, contrôlée versus placebo, comprenant 24 patients âgés de 19 à 55 ans allergiques aux pollens de graminées qui ont été randomisés et ont reçu soit un extrait de pollen de phléole micro encapsulé, soit un placebo une fois par jour pendant 10 semaines.
  • La dose du traitement actif était doublée chaque semaine.
  • La sécurité a été évaluée par des visites hebdomadaires, un recueil des symptômes journaliers et des examens de laboratoire de routine.
  • L’efficacité a été évaluée en comparant l’utilisation médicamenteuse et les scores symptomatiques pendant les pics de pollinisation des graminées, avant et après traitement.
  • La réponse allergénique spécifique des cellules T , la production de cytokines, les Ig G , les Ig E et la réactivité cutanée ont été mesurées pour évaluer les mécanismes immunologiques.

 Résultats  :

  • 11 des 12 patients dans le groupe de traitement actif ont une diminution associée des traitements médicamenteux et des scores symptomatiques, mais seulement 4 des 10 dans le groupe placebo ont une diminution des scores.
  • La réponse proliférative au pollen de phléole était diminuée chez au moins 9 des 12 patients traités au pollen, mais seulement 3 sur 11 placebo avaient une diminution de la réponse proliférative.
  • Le RNA messager qui induit la réponse Interleukine 5 au pollen de phléole était diminué dans le groupe actif.
  • Il n’y avait pas de différences significatives dans les deux groupes concernant les Ig G, les Ig E, et la réactivité cutanée.

 Conclusions  : l’immunothérapie orale avec des allergènes micro encapsulés induit une forme de tolérance immunologique aux allergènes et c’ est une technique d’immunothérapie allergénique sûre, efficace, et utile.


Jusqu’à présent l’efficacité des immunothérapies sublinguales est bien documentée, et la pénétration des allergènes par voie sublinguale était la base de cette voie thérapeutique. Cela est d’ailleurs la même chose pour les futurs comprimés qui restent à pénétration sublinguale.

Donc révolution : cette fois on avale les allergènes protégés par un enrobage et on obtient des résultats cliniques très satisfaisants et des preuves que cela marche par différentes études de la fonction immunitaire.

Cette protection contre la digestion rapide des allergènes contribuerait à permettre leur absorption dans le tube digestif et non plus par les veines sublinguales.

Cette idée est intéressante car, autant on peut être sûr qu’un comprimé est avalé, autant on peut parfois douter qu’une enfant ait bien gardé sa désensibilisation sous la langue pendant le temps requis.

Cette étude, outre son côté novateur, contribue à confirmer l’efficacité de l’immunothérapie.

Un petit bémol, sur les « réactions sérieuses » aux allergènes injectables, elles ne sont pas si nombreuses, ni si graves, et cette thérapeutique a encore ses indications et de beaux jours devant elle.

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