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Efficacité des antihistaminiques : ça prouve rien !
dimanche 1er août 2004, par
La prise efficace d’un médicament spécifique fait-il la preuve de la réalité d’une maladie ? En allergologie, prendre un anti-histaminique fait-il la preuve de la réalité sous-jacente d’une maladie authentiquement allergique ? Oui ? Non ? Réponse dans ce travail qui a porté sur plus de 1000 patients...
Identification de maladies allergiques parmi les consommateurs d’antihistaminiques. : Szeinbach SL, Williams B, Muntendam P, O’Connor RD.
Department of Pharmacy Practice and Administration, College of Pharmacy, Ohio State University, Columbus, OH 43210-1291, USA. szeinbach.1@osu.edu
dans J Manag Care Pharm. 2004 May-Jun ;10(3):234-8
– Introduction :
- Les patients rapportent souvent à de l’allergie des symptômes qui pourraient être d’une toute autre nature.
- Dans ce travail, les auteurs ont recherché s’il y avait néanmoins une corrélation entre l’utilisation fréquente (3 mois ou plus) d’antihistaminiques et le résultat d’un test de dépistage IgE multi spécifique.
– Méthodologie :
- Il s’agit d’une étude rétrospective sur les prescriptions pendant 1 an (de janvier 2000 au 31 décembre 2000) de 4643 patients, inclus au titre d’une organisation de prise en charge des soins de santé de 115000 membres, et qui ont bénéficié d’une ou plusieurs prescriptions pour un antihistaminique (loratadine, fexofenadine ou cetirizine) par voie orale.
– Résultats :
- Un total de 1343 patients enrôlés qui ont reçu un antihistaminique est toujours inclus pendant l’année 2000, avec un diagnostic de rhinite allergique.
- Parmi ces patients, 246 (16%) ont accepté un dosage multi allergénique : 159 (64.6%) ont un test négatif.
- Un total de 163 patients a été classé comme des utilisateurs fréquents des antihistaminiques (3 prescriptions ou plus), et 101 (62%) de ces patients ont un test négatif.
- Cette étude démontre qu’il n’y a pas de relation entre la prescription d’un antihistaminique et le statut allergique de patient.
– Conclusions :
- Seulement 35.4% des patients qui utilisent un antihistaminique par voie orale ont un test multiallergénique positif et seulement 38% des patients qui utilisent fréquemment des antihistaminiques ont été positifs au test de dépistage IgE.
- Apparemment, il y a donc des patients qui prennent des thérapeutiques antiallergiques pour une rhinite allergique et qui en réalité, sont non allergiques, ce qui est gênant aussi bien sur le plan économique que sur le plan médical.
- Une évaluation complémentaire doit être faite pour ces patients qui se présentent comme des allergiques et qui utilisent des antihistaminiques de façon fréquente.
Dans ce travail, les auteurs démontrent qu’il n’y a pas de lien entre la prise d’antihistaminique par le patient et la réalité d’une maladie allergique sous-jacente. La prise d’antihistaminique avec ou sans amélioration du patient ne constitue pas un argument positif en faveur d’une maladie allergique réelle.
Ce travail est très intéressant pour plusieurs raisons.
D’abord il prouve qu’il y a un grand nombre d’affections qui sont considérées comme de nature allergique par le patient mais également par le médecin traitant alors qu’il n’en n’est rien. Il est donc indispensable d’avoir un diagnostic positif pour parler d’allergie et prescrire des traitements longs et coûteux et parfois non dénués d’effets indésirables pour le patient.
Sur le plan épidémiologique, les conclusions de ce travail montrent qu’il faut être très prudent dans les questionnaires utilisés pour évaluer par exemple la prévalence des maladies allergiques.
Un patient peut se dire comme ayant une rhinite allergique, avec une consommation d’antihistaminique qui tendrait à confirmer ce diagnostic, alors que ce travail montre qu’il n’en est rien.
Enfin, cela prouve, à contrario, que de nombreuses affections sont mal diagnostiquées, et que le terme d’allergie est porté à tort, peut-être pour des sinusites chroniques infectieuses, une symptomatologie de reflux gastro-oesophagien etc..
Il faut donc impérativement rappeler qu’un diagnostic allergique repose sur l’association d’un interrogatoire spécifique avec la réalisation de tests cutanés et éventuellement un dosage d’IgE spécifiques, et que ce n’est comme terme de ce bilan, aidé parfois par un test de provocation, que l’on pourra affirmer la nature allergique d’une affection.
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