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Un nouveau test dans l’allergie médicamenteuse : ou ça passe ou ça casse ! !
mercredi 2 novembre 2005, par
L’allergie aux médicaments reste difficile et nécessite souvent des tests de réintroduction par voie orale, en particulier pour vérifier l’innocuité des molécules alternatives pouvant être utilisées par les patients pour se traiter. Mais ces tests sont longs et coûteux. Peut on tester 3 médicaments en même temps ?
Une nouvelle méthode de réalisation du test médicamenteux de provocation par voie orale pour déterminer les alternatives thérapeutiques possibles chez les patients ayant une intolérance aux AINS : le Triple Test. : Kalyoncu AF, Karakaya G, Bozkurt B, Artvinli M.
Department of Chest Diseases, Adult Allergy Unit, Hacettepe University School of Medicine, Ankara, Turkey
dans Int Arch Allergy Immunol. 2005 Oct 13 ;138(4):319-323
– Introduction :
- Bien que certains AINS puissent être supportés par des patients ayant une intolérance aux AINS, ils ne peuvent être prescrits qu’après que l’on ait confirmé leur innocuité par des tests de provocation en double aveugle contre placebo.
- De nombreux protocoles de tests ont été proposés par les différents centres d’allergologie.
– Objectif du travail :
- Le but de ce travail a été de savoir si le fait de tester 3 médicaments en une journée est une méthode sans risque et permettant d ‘épargner du temps et de faire des économies.
– Méthodologie :
- Les auteurs ont inclus 84 patients entre le premier septembre 2002 et le 31 juillet 2004.
– Résultats :
- La moyenne d’age est de 37.3 +/- 11 ans.
- 63 patients (soit 75%) sont des femmes.
- En fonction de l’interrogatoire, les AINS les plus souvent en cause sont l’aspirine (46.4%), et les réactions cliniques les plus fréquentes sont l’angioedème (60.7%).
- 87 tests ont été réalisés avec les molécules suivantes : meloxicam, rofecoxib, celecoxib, benzydamine, azapropazone, codéine et paracétamol dans des combinaisons variables de 3 molécules.
- 17 des triples tests ont été positifs et l’un d’entre eux a été spécialement positif.
- Après avoir répété ces 18 tests avec les mêmes produits administrés dans le même ordre mais sur une période de 54 jours séparés, les auteurs ont déterminé les médicaments responsables pour 14 des triples tests.
- Il n’y a pas eu de réaction lorsque 4 des triples tests ont été réalisés sur des jours séparés (2 des triples tests avaient entraîné une urticaire et les 2 autres un angioedème).
- 5 patients ont présenté des nausées et des vomissements et 2 ont eu des douleurs abdominales ainsi que d’autres manifestations dyspeptiques pendant les tests.
- Si ces tests avaient été réalisés selon les procédés habituels il aurait fallu 264 jours au lieu de 148.
– Conclusion :
- La méthode du triple test lors d’une provocation orale semble une méthode sans risque, pour déterminer les médicaments pouvant être pris par des patients intolérants aux AINS, permettant à la fois un gain de temps et d’argent.
Les auteurs ont étudié un test de provocation par voie orale vis-à-vis des AINS non un par un, mais en associant 3 molécule.
Même si ensuite des tests séparés sont réalisés pour trouver la molécule en cause lorsque le test est positif, il y a une réduction de moitié de temps nécessaire par rapport à des tests classiques.
La méthode proposée essaie de contourner le problème majeur lié aux tests de réintroduction : le temps et le coût afférent à une hospitalisation prolongée. En effet, habituellement on propose une réintroduction sur une journée et autant de jours d’hospitalisations qu’il y a de molécules à réintroduire.
Dans ce travail, les auteurs font prendre 3 molécules en même temps ce qui évidemment, en cas de test négatif, permet de répondre directement pour 3 médicaments.
Mais en cas de positivité il faut refaire les tests de façon séparée. Il y a donc on le voit une analogie avec l’exploration des RAST soit de façon groupée soit de façon unitaire.
Les auteurs démontrent un gain de temps indéniable puisque réduit d’un facteur 2.
Cependant on peut noter une tolérance moyenne à l’ingestion simultanée de 3 AINS sur le plan digestif mais aussi sur le plan rénal.
D’autre part il y a eu quelques faux positifs en tests groupés sans aucune réaction lors des tests séparés : il peut donc y avoir un effet de surdosage ou de potentialisation des molécules entre elles.
Au total, l’intérêt de ce travail est de monter que l’on peut réaliser des tests de façon simultanée.
Le clinicien choisira en fonction de son malade et du risque supposé de la réintroduction : pour innocenter des médicaments chez des patients dont on pense qu’il n’y aura aucune réaction alors il est possible de réintroduire de façon simultanée plusieurs molécules. Pour des patients dont le résultat des tests est moins certain il faut sans doute préférer la méthode classique qui permet pour un malade donné de répondre plus rapidement au problème thérapeutique posé.
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